12 jours avant l'élection du nouveau président des Républicains, l'analyste Frédéric Saint Clair estime que la recomposition de la droite est stimulée par le gouvernement Macron.
Dans 12 jours le parti Les Républicains (LR) élit son prochain président. En meeting à Marseille lundi soir, le candidat Laurent Wauquiez a déclaré que les conflits internes à la droite n’avaient plus lieu d’être car, a-t-il dit, "le temps est à rebâtir". C’est ce qu’estime lui aussi l’analyste politique Frédéric Saint Clair: "Il faut une refondation idéologique de la droite."
Pour Frédéric Saint Clair, le vieux clivage gauche/droite a réellement été brouillé par l’élection d’un "libéral centriste" à la tête de l’État. Ainsi estime-t-il que "la droite aujourd’hui voit partir ses électeurs car sur le plan de l’économie, le gouvernement semble faire le job". Le parti traditionnellement libéral doit donc mettre en place des stratégies économiques et autres pour conquérir un nouveau public.
A l’inverse, la reconversion de la gauche semble être plus complexe. "Elle a du mal à dépasser la politique d’Emmanuel Macron qui répond précisément aux impasses de la veille gauche", analyse Frédéric Saint Clair.
Reste donc à toucher une droite qui ne se reconnaît pas dans la politique gouvernementale, "et qui constitue encore le cœur de la droite", souligne Frédéric Saint Clair. Cet ancien conseiller de Dominique de Villepin perçoit que, "comme beaucoup d’autres, la stratégie de Laurent Wauquiez lui est dictée par les événements."
Frédéric Saint Clair observe que Laurent Wauquiez enlève toute dimension libérale de son discours et le "recentre sur des questions régaliennes, de sécurité, de lutte contre le chômage, et sur les valeurs de la droite, même si on en sait pas ce qui s’y cache."
Pour lui, le défi du candidat à la présidence des LR est de proposer l’image d’une droite unie malgré l’émergence d’une "droite modérée" voulue par les élus de Constructifs, qui ont lancé "Agir", leur propre parti politique dimanche dernier.
L’enjeu des élections du 10 décembre semble donc être de taille pour tester l’unité de la droite. Frédéric Saint Clair tempère les attentes: "Il y a une frustration car on sait que cette échéance ne va rien changer, tout commence après. Idéologiquement, on sent bien que le socle de la droite a été profondément ébranlée et est en refondation."
Cette recomposition doit passer, d’après l’analyste politique, par "une refondation idéologique": "Aujourd’hui l’émulsion de la droite se situe dans la classe intellectuelle. Je pense à François-Xavier Bellamy, Alain Finkielkraut, Laetitia Strauch-Bonart ou Mathieu Bock-Côté. Il y a un certains nombres d’intellectuels à droite qui cherchent à bousculer cette droite politique gestionnaire qui s’enfonce depuis Chirac dans un NoMan’s Land dont elle n’arrive pas à sortir."
Frédéric Saint Clair voit dans le conservatisme des XIXè et XXè siècles l'avenir de la droite. Ce conservatisme jusqu'ici inédit, il a pu en observer un aspect chez François Fillon, bien que celui-ci s'en soit défendu, puisqu'il "a essayé de le faire émerger mais sur des questions uniquement sociétales". Au-delà de ces problématiques, l'analyste pense qu'il faut élargir cette idéologie: "On a besoin d’un conservatisme en dialogue avec question de la nation".
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