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Emilie Schumacher (Clémensat) : "Maire, il faut vouloir le faire avec le coeur"

Emilie Schumacher (Clémensat) : "Maire, il faut vouloir le faire avec le coeur"

Un article rédigé par Stéphane Marcelot - RCF Puy de Dôme, le 19 novembre 2025 - Modifié le 19 novembre 2025
Le rendez-vous des mairesEmilie Schumacher : "Maire, il faut vouloir le faire avec le coeur"

Alors que le Salon des maires se tient cette semaine porte de Versailles à Paris, entretien avec une jeune élue (41 ans), maire du village de Clémensat, à vingt minutes d'Issoire.

Inauguration des travaux de centre-bourg à Clémensat, le 27 septembre 2025 © Mairie de ClémensatInauguration des travaux de centre-bourg à Clémensat, le 27 septembre 2025 © Mairie de Clémensat

Pouvez-vous nous présenter votre commune ?

Clémensat, c’est environ 150 habitants, avec de nouvelles constructions qui vont voir le jour courant 2026. En 2020, nous étions à 120 habitants. Des terrains constructibles, il n’y en a d’ailleurs pratiquement plus.  Il doit en rester un ou deux. Et ensuite, tout ce qui est maisons de bourg à restaurer, là il y en a deux et théoriquement elles sont vendues. 
C’est une petite commune qui se situe à proximité de Champeix, Montaigut-le-Blanc, Chidrac. Nous avons tout à proximité. Nous avons le transport scolaire pour les collèges et les lycées. Et tous les enfants scolarisés vont théoriquement à l’école de Champeix. 
Une partie de nos administrés travaille sur le bassin d’Issoire, mais certains effectuent aussi les trajets quotidiens vers Cournon ou Clermont.

Il reste encore beaucoup à faire en matière de rénovation dans le centre-bourg ?

Oui. Nous avons trois logements sociaux et, chaque année, nous en restaurons un entièrement. On change des fenêtres, on met une VMX double flux, on essaye de tout mettre aux normes… Récemment, nous avons acquis deux bâtiments par le biais d'une procédure de bien sans maître, qui est très longue. Tout ça, ce sera à restaurer…Mais pas sur ce mandat !

Récemment, d’importants travaux ont été engagés, pour plus de 300000 euros. Des travaux d’aménagement, de mise en valeur du patrimoine ?

Oui, tout est parti de mon prédécesseur. Il avait demandé une étude par rapport au réseau souterrain qui était devenu vétuste. Les réseaux s'affaissaient, notamment d'assainissement. Nous avons monté les dossiers. Et puis, au final, au bout de deux ans, nous avons lancé les travaux. L’assainissement, les canalisations d’eau potable, tout a été refait. Nous avons passé les réseaux aériens en souterrain. Nous sommes passés à un éclairage LED, beaucoup moins énergivore. Ensuite, nous avons aménagé le petit patrimoine, c'est-à-dire autour de l'église, la fontaine, les lavoirs. Nous avons fermé une portion de voie communale pour végétaliser, face au défi du changement climatique. Et puis, nous avons restauré des croix qui étaient très anciennes au niveau de l'église et de la place.
C’est quelque chose de très important, ça embellit le village et ça amène du cachet aux maisons de bourg. Et ce n’est pas tous les jours que nous pouvons célébrer des inaugurations comme nous l’avons fait, dans un petit village.

Quelles sont vos autres axes prioritaires ?

Le lien social est important. Je me concentre sur le repas des aînés, qui me tient à cœur, qui aura lieu le 7 décembre. Ensuite, je me concentre également sur la jeunesse, c'est-à-dire que je fais pas mal de bénévolat sur mes heures de temps libre. Elles sont rares, quand on est maire de petite commune. Les jeudis, quand je suis en permanence en mairie, ils viennent faire les devoirs, discuter. Nous avons soulevé plusieurs problèmes de harcèlement, de problèmes à la maison. Donc il y a aussi cette notion d'écoute. Et nous allons fêter Noël avec eux, tous ensemble, au mois de décembre. 

Je constate énormément de détresse, de mal-être psychologique 

Quand on vous écoute, on peut lire, une nouvelle fois, qu’être élu local d’un petit village, c’est être au four et au moulin. Il faut être à la fois psychologue, gestionnaire de travaux…

Pour ma part, j’ai appris à faire du béton ! (rires). Après, on ne va pas se mentir, avec la crise politique actuelle, si on est maire, on ne peut pas le faire pour les indemnités. Moi, les indemnités de maire, ce n'est pas un SMIC, je travaille à côté. Il faut vouloir le faire avec le cœur.

Qu'est-ce qui vous a plu à travers ce mandat ? 

J’ai appris pas mal de choses, notamment sur des lois d'urbanisme, par quel biais il faut passer pour avoir un document de permis de construire, etc. Après, ce mandat m’a aussi appris à me forger au niveau du caractère, parce que les gens ne sont pas toujours corrects. C'est toujours le maire qui prend, notamment en étant une femme. Je n’ai que 41 ans, je suis maman de deux petites filles, et je reste active, parce que 900 euros d'indemnité de maire, ça ne couvre pas mon crédit immobilier. Et ce que je regrette, c’est qu’il y a de moins en moins de maires qui sont actifs ou qui sont multi-mandats, et du coup, ils ne sont pas au plus proche de ce que peut vivre la population. Sur ce point, il y a, je trouve, énormément de détresse et de mal-être psychologique. Sur 5 ans, j’ai constaté une forte dégradation. En conséquence, nous essayons de trouver des solutions, comme des commandes groupées de granulés de bois. Il faut qu'on maintienne ce lien d'entraide et qu'on enseigne ces valeurs-là à nos futurs citoyens, aux jeunes.

 

 

Bellerive
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Le rendez-vous des maires
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