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Ehpads : 71 % d’établissements déficitaires selon le Département d’Ille-et-Vilaine, une situation “alarmante”

Ehpads : 71 % d’établissements déficitaires selon le Département d’Ille-et-Vilaine, une situation “alarmante”

Un article rédigé par Cécile Pollart - RCF Rennes, le 2 octobre 2025 - Modifié le 3 octobre 2025

En Ille-et-Vilaine, le rapport d’une mission d’information et d’évaluation du Conseil départemental épingle le modèle économique des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), jugé gravement inadéquat. 71 % des 141 structures du département étaient déficitaires en 2023, un chiffre qui augmente du fait de l'inflation, des difficultés de ressources humaines et de l'incertitude des financements.

© Annabel Podevyn sur Unsplash CC© Annabel Podevyn sur Unsplash CC

Il y a un an, le Conseil départemental d’Ille-et-Vilaine créait une mission d’information et d’évaluation portant sur la situation économique et financière des 141 établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) du territoire. Les résultats de ses travaux ont été réunis dans un rapport présenté lors de la dernière session du Département, le 26 septembre dernier. 

Et ses résultats sont alarmants. En 2023 en Ille-et-Vilaine, 71 % des Ehpad étaient déficitaires, contre 58 % en 2022, soit une hausse de 22 % en un an. La part d'établissements déficitaires monte à 92 % pour les Ehpad publics, 100 % pour les Ehpad de la fonction publique hospitalière, et 81 % des Ehpad privés associatifs et de santé. Tous statuts confondus, sans certains crédits non reconductibles accordés l’an dernier à titre exceptionnel par les autorités de tarification, 87 % des Ehpad auraient été déficitaires. “Aujourd’hui, on n’a aucun établissement qui a fermé en Ille-et-Vilaine, nuance Schirel Lemonne, conseillère départementale déléguée à l'action sociale de proximité et rapporteuse de la mission d’évaluation sur les Ehpad. On a un maillage territorial très important, précieux pour les résidents pour être proche de sa famille, de ses amis, de là où on a habité, et c’est quelque chose que l’on souhaite conserver.

Un financement à revoir

Après audition d’acteurs du secteur, et une visite de l'Ehpad Notre-Dame-de-Lourdes à Domalain, les onze conseillers départementaux désignés pour participer aux travaux de cette instance concluent que “les modalités de financement ne sont plus en adéquation avec les objectifs de prise en charge des résidents et doivent évoluer afin d'inciter les établissements à une démarche qualité”, alertant sur les risques : “la dégradation de l’accompagnement des résidents, la suppression de certains postes, un accroissement du déficit ainsi qu’une remise en cause des projets de restructuration.”

Parmi les préconisations des rapporteurs : encourager les rapprochements entre gestionnaires du territoire, inciter à recourir à des centrales d’achat (pour favoriser les circuits courts, lutter contre le gaspillage alimentaire, privilégier l’utilisation de denrées bio), ou encore poursuivre l’accompagnement financier des établissements pour la mise aux normes de sécurité des bâtiments. 

Mais de nombreux leviers d’actions sont en réalité entre les mains de l’Etat. Qu’il s’agisse de résoudre les problématiques liées aux différences de rémunérations entre les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes publics et privés ou de favoriser le renouvellement des titres de séjour pour les aides-soignants.es et agents de service, comme le proposent les rapporteurs. Autant de compétences régaliennes qui passeraient par une nouvelle loi Grand Âge que les élus bretilliens souhaiteraient “ambitieuse”.

Un métier en manque d'attractivité

Autre problématique majeure, celle des ressources humaines. “Il y a certains lits qui pourraient être occupés par les résidents mais les places ne sont pas pourvues, faute de personnel en place pour s’occuper des personnes, constate Schirel Lemonne. Un levier rapide qui a été identifié par la mission, ce sont les ressources humaines, poursuit-elle. Travailler sur l’attractivité des métiers : valoriser le lien avec les personnes âgées, offrir aux personnes de meilleures conditions de travail.”

La dynamique démographique ne prévoit pas de répit, puisque d'ici 2030, le nombre de Français de plus de 75 ans va augmenter de 50 %. “Les hypothèses de vieillissement sont plus importantes dans notre département qu’à l’échelle régionale ou nationale. La mécanique du vieillissement est clairement lancée en Ille-et-Vilaine, avec des personnes qui arrivent plus dépendantes qu’auparavant dans les Ehpad, et qui nécessitent plus de personnels.”

Avec le risque de la cessation de paiement ou d’insuffisance de trésorerie dans certains établissements. La collectivité, elle-même confrontée à de lourdes difficultés financières, prévient : “le budget départemental est dans l’incapacité de dégager de nouveau des crédits exceptionnels”. Une situation “sans précédent” et “alarmante”, conclut le rapport.

 

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