Pour empêcher la tenue de nouvelles élections législatives, les troisièmes en 10 mois, le Parti socialiste ouvrier espagnol, le PSOE, a décidé dimanche 23 octobre de laisser gouverner la Parti populaire (PP). Les socialistes s'abstiendront lors de l'investiture du leader du PP Mariano Rajoy. L'ancien premier ministre conservateur reviendra donc à la tête du pays, mais avec un gouvernement minoritaire.
Si la situation ne s'était pas décantée avant le 31 octobre, les électeurs espagnols auraient été appelés aux urnes pour la troisième fois en 10 mois. Le Parti socialiste, arrivé deuxième lors du dernier scrutin, aurait alors fait face à la menace de perdre encore du terrain dans les urnes contre son grand rival le Parti populaire, mais aussi de devenir la troisième force politique du pays, si la formation Podemos le doublait. Face à ce risque, le comité fédéral socialiste a voté dimanche 23 octobre, à 139 voix contre 96, l'abstention face à l'investiture du Parti populaire au gouvernement. Une décision qui devrait permettre au leader du PP Mariano Rajoy de retrouver son fauteuil de premier ministre.
Outre la sanction potentielle des urnes, le parti socialiste subit également une division profonde en son sein. Il y a quelques semaines encore, le secrétaire général du parti Pedro Sanchez excluait fermement l'abstention. Mais un mouvement interne a critiqué cette prise de position, poussant Pedro Sanchez à la démission le 1er octobre. Les partisans de ce changement d'avis prônent la responsabilité politique et indiquent que des troisièmes élections de suite seraient néfastes à la santé de la démocratie. L'universitaire Benoît Pellistrandi détaille les rouages de ce revirement socialiste.
Le Parti populaire dirigé par l'ex premier ministre Mariano Rajoy a obtenu 33% des voix lors des dernières élections, le 26 juin, ce qui représente 137 députés sur 350 sièges. Mardi 25 octobre, le chef du parti conservateur va rencontrer le Roi pour lui proposer de se soumettre à une session d'investiture. Après l'accord du Roi et la consultation des différents partis, l'investiture pourrait intervenir en fin de semaine. Deux votes sont au programme en 48 heures. Les socialistes ont déjà prévenus qu'ils voteraient contre l'investiture de Mariano Rajoy lors du premier, pour montrer leur profond désaccord avec sa politique. Ils s'abstiendront en revanche lors du second, ouvrant ainsi la voix à un nouveau gouvernement. Benoît Pellistrandi dresse les contours de ce à quoi pourrait ressembler ce futur gouvernement espagnol.
Du coté des nouveaux partis, les centristes de Ciudadanos soutiennent donc le gouvernement conservateur du Parti populaire. De son coté, Podemos veut se poser en principale force d'opposition. L'abstention des socialistes est vue comme une forme de coalition avec le Parti populaire. La formation de gauche radicale emmenée par Pablo Iglesias se voit désormais comme la seule alternative aux partis traditionnels.
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