Coronavirus: "tous vulnérables, tous responsables" rappelle Jean Matos
Quelque chose de traumatisant pour les soignants
Les soignants de France sont applaudis tous les soirs pour leur combat contre l'épidémie de Covid-19. Des héros également en position de très grande faiblesse. "Autant ils sont devenus visibles dans la société, autant ils sont exposés à des situations sur le plan émotionnel ou éthique, extrêmes. Il y a quelque chose qui peut être traumatisant pour chacun" explique Jean Matos, formateur et consultant en éthique du soin, doctorant à l'espace éthique d'Île de France.
Un travail difficile mais également fatiguant. Une surcharge de travail qui n'est pas nouvelle pour Jean Matos. "Ils y étaient déjà confrontés avec l'éclatement de cette crise. Mais aujourd'hui, cela devient encore plus flagrant. Le manque de moyens, les décisions prises par les différents gouvernement qui ont désinvesti complètement le monde de l'hôpital public notamment, et qui placent les soignants dans des situations dans lesquelles, personnellement, je n'aimerai pas me retrouver" dénonce-t-il.
Des cellules de soutien éthique pour les professionnels de santé
La France est face à un virus, mais le vocabulaire est martial. Un vocabulaire qui peut susciter la peur et l'angoisse. "L'objectif des pouvoirs publics n'est pourtant pas de diffuser la peur, mais de nous rendre conscients de la responsabilité que nous avons tous. Nous sommes tous vulnérables et tous responsables, chacun où l'on est. Et je me réjouis de voir des initiatives qui se multiplient en France et à l'étranger" précise ce doctorant à l'espace éthique d'Île de France.
Face à cette crise, les médecins doivent prendre des décisions peu évidentes sur le plan moral ou éthique. "En France, ont été mis en place des cellules de soutien éthique. Sous l'égide des espaces éthiques régionaux, des groupes d'experts sur le plan médical, éthique, vont pouvoir aider les médecins et les professionnels de santé dans leur prise de décision. Il ne s'agit pas de remplacer la responsabilité des médecins, de leur dire ce qu'il faut faire, mais aider, être en soutien d'une prise de décision en conscience, au sens moral de chaque médecin, dans l'intérêt du patient" explique Jean Matos.
Beaucoup de personnes meurent seules dans les Ehpad ou dans les hôpitaux, du fait de l'absence de famille, ou d'aumôniers. Jean Matos accompagne Mgr Pierre d'Ornellas, archevêque de Rennes, sur les questions éthiques. "Cela dépend des endroits. Sur des départements bretons, la présence des aumôniers est prévue et permise dans le respect des consignes sanitaires. La situation est très contrastée dans le pays. Cela va dépendre des situations dans chaque établissement. Mais cela est prévu par le gouvernement" conclut-il.
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