Pour François-Xavier Albouy, économiste, directeur de Recherche à la Chaire Transitions démographiques, transitions économiques, invité de La Matinale RCF, "Les catastrophes n'ont pas toute la même valeur. Celle du coronavirus en ce moment, est surtout une catastrophe économique" Il nuance cette dernière avec une autre crise, dont personne ne parle. "Il y a en même temps depuis le début d'année en Afrique, une autre crise, annoncée depuis fin décembre: les criquets pèlerins en Afrique, qui menacent de faire 25 millions de morts avec la famine".
"On a une passion pour les catastrophes, et l'incertitude. Ce qui nous panique dans le coronavirus, c'est qu'on ne connaît pas. C'est une catastrophe qui déchaine une sorte de passion, et par rapport à laquelle nos réactions sont parfois illégitimes, et irrationnelles. On ne sait pas comment elle va évoluer" ajoute l'économiste.
Pourtant, rappelle-t-il, "on sait gérer les catastrophes depuis longtemps. Il y a des plans de prévention. Ce qui frappe, c'est qu'ils n'ont pas été respectés ici". "La bonne nouvelle, serait de sortir de cette catastrophe si on avait cette compréhension que l'économie ne peut se développer si les travailleurs sont en bonne santé dans le monde. Ce serait la véritable leçon de cette catastrophe" précise François-Xavier Albouy.
Pour l'économiste, "il devrait y avoir un prix minimum de la vie humaine. On sait que les prix varient en fonction des situations économiques. La vie humaine, on l'évalue depuis la nuit des temps : comme dans la Bible. Ce prix existe. Il est implicite dans beaucoup de marchés. Le problème, c'est qu'il n'y ait pas tant de prix à la vie humaine, mais ce sont les inégalités qui sont considérables. Ce qui a manqué dans la mondialisation, c'est un système de protection sociale mondial".
"On savait que ce type d'épidémies pouvait arriver. Les pays ont réagi différemment, à mesure de leur système de santé, et en fonction de la rigueur avec laquelle ils ont respecté les plans de prévention. Il y a des gens qui pensent que la croissance va repartir très vite. D'autres qui sont plus sceptiques. Ils ont en commun cette idée de sortie de crise par le haut. Il est peut-être temps d'envisager un système de santé universel, qui est une urgence absolue" conclut François-Xavier Albouy.
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