Coronavirus et écologie: on ne peut plus se payer le luxe du déni
L'épidémie de coronavirus nous force à rester confinés: nous voilà face à la dureté du réel, on ne peut plus se payer le luxe du déni. Et s'il en était de même avec la crise écologique?
Comment parler d’écologie ou faire de l’écologie en période d’épidémie ? C’est compliqué. Je ne peux même plus vous conseiller de sortir dans la nature pour suivre
l’avancée du printemps, sauf si vous disposez d’un jardin. Dans ce cas, il est encore temps de construire des gîtes à insectes, voire de creuser une petite mare.
Néanmoins gardons à l’esprit que la crise écologique demeure, même si nos pollutions se mettent en pause quelques semaines, donc faute de mieux, nous pouvons profiter de ce temps pour apprendre et nous former. Qu’il s’agisse d’identifier plantes et animaux, de comprendre le réchauffement climatique ou de relire l’encyclique Laudato Si’.
Mais la première leçon vient du virus, malheureusement elle nous coûte cher. Il y aura sûrement beaucoup de leçons à retenir, de quoi parlons-nous ce matin ? La leçon c’est que nous avions pris l’habitude de ne plus trop croire à la réalité. On pouvait s’arranger avec des "faits alternatifs" comme Donald Trump. Les comportements irresponsables vus ce week end relèvent du même genre de déni. On ne croit plus que quoi que ce soit puisse être vrai, concret, s’imposer à nous.
Et nous voilà face à la dureté du réel, comme demain, nous le serons vis-à-vis de la crise écologique. Nous réapprenons ici que, tout spécialement quand on parle biologie, facteurs non humains, on ne peut s’en tirer ni avec des mots ni avec de l’argent. C’est une reconnexion brutale, meurtrière, avec l’existence du monde. La pandémie s’impose à nos idées, à nos visions du monde, le virus s’en fiche qu’on sacralise la liberté individuelle, la propriété, que sais-je... Et l’enjeu ce sont
des vies humaines.
Réapprenons qu’avec la terre, comme avec un virus, on ne négocie pas, on ne triche pas, on ne peut pas se mentir longtemps. Pourtant, face à la crise écologique, beaucoup de gens continuent à se mentir.
Dès lors qu’on s’intéresse aux combats écologiques menés en Afrique, en Asie, en Amérique du Sud, en Océanie, on constate que dans ces pays, même lorsqu’ils sont très pauvres, il existe un engagement fort, des militants qui risquent leur vie, parce que les dégâts sont déjà très concrets. Avec le virus, l’Occident a réagi à sa manière : tant que la situation n’a pas été grave et coûteuse, on s’est payé le luxe du déni.
L’épidémie déroule le film de la crise écologique en accéléré. Le déni, et quand il est déjà un peu trop tard : virage à 180 et mesures terribles. Sauf qu’avec la crise écologique ça ne durerait pas un mois. Nous avons encore une chance d’écrire un autre scénario. Au moins, tant que nous sommes confinés, préparons-le.
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