« Un jour viendra où les hommes, moins occupés des besoins de leur vie matérielle, réapprendront à lire », disait Jack London. Ce temps de confinement est une épreuve, je ne crierai pas victoire comme certains qui y voient une aubaine pour lire, et lire encore. C’est vrai, profitons de ce temps pour lire, et retrouver le goût de la lecture, mais franchement on se serait bien passé de cette pandémie. Et si on lisait branché ? Ceux qui disposent d’un accès internet, ordinateur, tablette, peuvent retrouver les grands classiques en accès libre et gratuit, je vous présentais la semaine dernière La Peste, de Camus, mais pourquoi pas lire Victor Hugo, Proust ou Jules Verne tombés dans l’espace public. Tiens si je relisais Le Grand Meaulnes ce week-end ? Pour les livres plus récents, il y a toujours les sites marchands qui proposent de nombreux livres numériques à l’achat. Certains, en échange de vos coordonnées, vous offrent ces jours-ci quelques titres récents…
Côté éditeur, il y a de la matière. A commencer par les éditions Gallimard qui proposent des textes écrits spécialement pour la période que nous vivons. Ca s’appelle tracts de crise, des textes brefs, signés par des romanciers, des essayistes, avec deux à trois nouveaux titres chaque jour. On y trouve pêle-mêle Danièle Sallenave, Didier Daeninckx, ou Erri de Luca qui écrit dans son texte Le samedi de la terre : « Tel est le brusque retournement de situation, l’économie tombée de cheval et soumise à une nouvelle priorité : la vie pure et simple. Les médecins et non les économistes sont les plus hautes autorités. » Cynthia Fleury nous accompagne : « parions sur une nouvelle conviction partagée : mieux vivre ensemble. Toute la question, maintenant, est celle de la durabilité de la prise de conscience et de la volonté de faire autrement. » Tandis que Michel Crépu se lance dans une fiction picaresque : « Vous verrez », me dit le colonel un soir d’automne, alors que je venais de tisonner une bûche dans l’âtre, « nous allons avoir les coronavirus ». « Les coronavirus ? » m’exclamais-je, interloqué par l’irruption de ce vocable dont je n’avais jamais entendu parler. Le colonel me regardait comme si j’étais un jeune sapeur-pompier venu vendre un calendrier de Nouvel An. » Laissez-vous guider : la littérature vous dépayse…
Je vous suggère une autre piste, avec les éditions Zulma qui proposent de longues nouvelles - quatre pour l’instant – tirées de livres déjà publiés, mais qui sont de véritables fictions, sans lien avec le covid-19, de quoi s’évader vraiment, par exemple avec Jean-Jacques Lafitte qui, dans la nouvelle de Jean-Marie Blas de Roblès se fait enfermer de nuit dans le palais impérial en Chine, ou encore le texte de Rabindranath Tagore, et l’histoire émouvante d’un vieil hindou et d’une enfant. Bref : cherchez et vous trouverez de belles lectures sur internet. Mais n’hésitez pas à lire et relire ces bons vieux livres en papier. Il n’y a pas meilleur moyen de s’évader quand on est confiné. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est Erick Orsenna : « la lecture, c’est d’abord la liberté. »
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