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Collectif, un adjectif puis un mot

RCF,  - Modifié le 17 janvier 2019
Chaque jour Jean Pruvost vous analyse un mot.
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Collectif, voilà un mot que l’on pourrait croire récent, mais en vérité, il est entré dans notre langue depuis le XIVe siècle en tant qu’adjectif, issu du latin classique. En français, il deviendra aussi un nom, le collectif mais là, il faut attendre le début du XIXe siècle. Alors, collectivement, radiographions le mot "collectif" !

Tout vient du verbe latin colligere, qui signifie rassembler, ramasser, cueillir ensemble. En partant du verbe legere, ramasser. Et rien ne fait plus plaisir aux linguistes que le fait que ce mot, collectif, ait d’abord et pendant longtemps eu pour usage majeur un usage grammatical dans la formule collectivum nomen, entendons un nom collectif, et c’est avec ce sens qu’il entre en langue française au XIIIe siècle.

Au reste, la définition qui en est donnée au XVIIe, en 1680, dans notre premier dictionnaire français, celui de Richelet, est la suivante : "Collectif, collective, adj. Terme de grammaire. Il se dit des mots qui signifient une multitude de gens, ou de choses, …les mots de peuple, & de troupe sont des termes collectifs". Il est presque significatif que le peuple qui aspire à la paix soit doublé par les troupes, un collectif de guerre, en principe pour assurer la paix… On sait que l’histoire n’est pas toujours allée en ce sens. Furetière, en 1690 ajoute à ces mots, l’armée, pour illustrer le terme grammatical qu’il précise d’ailleurs être au singulier. Quant à l’Académie française qui en sa première édition en 1694 rassemblait efficacement les mots par familles, elle renvoie le mot collectif à l’article colliger, suivi de collection, colloque, etc. et bien sûr collectif, avec encore pour seul usage, celui du terme grammatical.

Dès 1495, dans la formule une église collective, puis sous la Révolution, vint un nombre collectif de voix, et attesté en 1802 ; voici un collectif. Signalons aussi que le mot gagne le grand public avec des formules comme les conventions collectives. Sans oublier la littérature, Camus s’exclamant "il n’y avait plus de destins individuels, mais une histoire collective". En 1936 naissait aussi le collectif en tant que groupe de décision. "Les locataires expulsés ont formé un collectif". Et pourquoi pas les "mots expulsés des dictionnaires ont formé un collectif" !

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