Colère sociale à Bruxelles : les différentes revendications des manifestants
Entre 80.000 personnes selon la police, et 140.000 manifestants, selon le président du syndicat socialiste Thierry Bodson, ont défilé ce mardi 14 octobre à Bruxelles contre les coupes budgétaires du gouvernement Arizona. Du personnel hospitalier aux assistants sociaux, la mobilisation dénonce l’austérité et ses conséquences directes sur les services publics, notamment dans les hôpitaux où la situation devient critique.
Mobilisation à l'hôpital Saint Pierre © Bérénice Claude A l’appel de l’intersyndicale, les drapeaux rouges, verts et bleus ont envahi les rues de Bruxelles, avec des pancartes brandies contre le “projet brutal” du gouvernement dirigé par Bart de Wever. Parmi les cortèges, les soignants du CHU Saint Pierre, massivement en grève : près de 90% des sages-femmes du pôle mère enfant ont cessé le travail pour dénoncer un système à bout de souffle. “Les sage-femmes du CHU Saint-Pierre se sont massivement mobilisés pour se mettre en grève et soutenir le mouvement contre les mesures de l'Arizona. Les mesures gouvernementales qui sont proposées aujourd'hui mettent vraiment en danger l'hôpital public et tout le système de santé publique sur lequel repose notre société.” explique Alice Vandormael, sage-femme responsable, qui déplore “une situation devenue intenable”.
Depuis deux ans, la direction de la maternité a été contrainte de geler une vingtaine de lits, faute de financement suffisant. un engrenage dangereux, estiment les équipes : moins de lits, moins de personnel, plus de pression sur les soignants comme sur les familles. Les hôpitaux du réseau public IRIS, auquel appartient le CHU, réalisent à eux seuls plus de 10 000 accouchements par an, un service vital qui est ainsi menacé par les politiques d’austérité. De plus, près de 63 % des hôpitaux publics en Belgique affichent désormais un déficit structurel.
Des revendications multiples, un même cri
La manifestation nationale portait un ensemble d’exigences : défense de pensions dignes, refus de l’allongement des carrières, amélioration du pouvoir d’achat et réforme fiscale plus équitable. Les syndicats dénoncent aussi la dégradation des conditions de travail, la multiplication des contrats précaires, et le désengagement de l'État.
Dans la foule, l’ambiance restait pacifiste malgré quelques heurts isolés autour de la petite ceinture. Marie Eve, assistante sociale, est venue défendre une prise de conscience collective. “Aujourd'hui, si je suis là, c'est parce que je pense qu'il faut qu'on puisse réagir collectivement parce que toutes les mesures et toutes les réformes qui sont mises en place vont à l'encontre d'une justice sociale (...) On est en train de créer quelque chose qu'on essaie de combattre, soi-disant, alors que, justement, c'est vers ce que l’on va. (...) Et je me rends compte qu'en fait, je ne vais plus être capable de pouvoir faire mon travail dans la dignité.
Son témoignage résume le sentiment général : face à un budget 2026 qui prévoit 23 milliards d’euros d'économies d’ici 2029, la colère monte dans tous les secteurs. Le monde éducatif, les transports, ou encore l'aérien subissent par exemple aussi des coupes.
