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Chronique OCH

RCF,  - Modifié le 8 septembre 2020
Retour sur des termes qui ont ébranlé l'Assemblée Nationale, lors de la première du projet de loi bioéthique
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Mardi dernier, les députés ont adopté en première lecture le projet de loi bioéthique. Un député a déploré le renoncement au diagnostic préimplantatoire avec des mots qui en ont heurté plus d’un.
« Il faut traquer, oui je dis traquer les embryons porteurs d’anomalies chromosomiques ». Ces mots d’une grande violence ont été prononcés par le député Philippe Vigier le 15 octobre dernier, à la tribune de l’hémicycle de l’Assemblée nationale, juste avant le vote de la loi bioéthique.

L’élu exprimait ainsi son vif regret que le texte de loi n’ait pas prévu le diagnostic préimplantatoire en amont des PMA. Il s’agit de déceler les éventuelles anomalies chromosomiques des embryons implantés, qui engendrent, dit-il « toujours plus de fausses couches, plus d’interruptions médicales de grossesse, plus de souffrance pour les femmes ».

Ces mots ont provoqué des réactions vives, notamment sur les réseaux sociaux. Les termes employés ont choqué. « On traque les criminels, Monsieur, les mots ont un sens » lui a dit l’Abbé Grosjean, en l’invitant à oser les répéter devant sa sœur handicapée. Ou encore Jean-Pierre Denis, directeur de la rédaction de La Vie, qui écrit : « un député considère les porteurs d'anomalie chromosomique, par exemple les trisomiques, comme des criminels, les seuls d'ailleurs, contre lesquels la peine de mort serait requise ». Philippe Vigier s’est défendu sur les mêmes réseaux sociaux. Il ne s’en prenait pas aux personnes porteuses d’anomalies chromosomiques, mais seulement aux conséquences pour la femme. Il a quand même regretté les mots employés et s’en est excusé.

Mais ces mots ne sont pas un accident de langage. D’ailleurs, ils n’ont pas été formulés au cours d’un débat passionné. Ils étaient soigneusement écrits et lus, dans le cadre d’un discours solennel, au nom d’un groupe parlementaire, réputé plutôt modéré, et qui plus est par un professionnel de santé, puisque Philippe Vigier est médecin.

Ces mots sont plutôt à entendre comme conformes à une réalité que nous ne voulons pas voir en face ? Une forme de traque, de chasse à l’homme, effectivement, à laquelle nous nous adonnons en toute inconscience quand nous demandons à la médecine d’empêcher ceux qui seraient « hors normes » de naître, et en premier lieu les personnes trisomiques.

Je vous rappelle que la France est championne d’Europe en matière de détection de la trisomie 21 avant la naissance. Et ce projet de loi bioéthique franchit de nouveaux pas dans ce sens en élargissant cette détection ! C’est une forme d’eugénisme que Philippe Vigier, par la violence de ses propos, met à jour. Ca a au moins l’avantage de nous permettre de sortir de ce non-dit collectif. C’est la première condition pour cesser cette terrible traque qu’il appelle de ses vœux.
 

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