Pas une semaine ne passe sans un nouveau déferlement d’horreurs… Nul complot là-dedans, n’en déplaise aux paranoïaques de tous poils… Mais plutôt une première étape d’un processus qui promet d’être lent et douloureux, d’une grande introspection où l’on alternera les crises d’hystérie et les dénis les plus absolus. Voilà que se pose à nous, cette question redoutable : qu’avons-nous fait de nos enfants ?
Comprenez-moi bien : nulle envie chez moi d’étouffer en évoquant un contexte plus général, l’abominable des scandales qui nous sont révélés aujourd’hui et qui dévoilent au grand jour les crimes de prêtres, d’évêques et même de cardinaux. Redisons-le avec force, il faut vider l’abcès et aller au bout, quoi qu’il en coûte. Et si l’Eglise en France n’ose pas demander à des juges d’enquêter sur elle-même, peut-être qu’il nous faudra passer par la honte supplémentaire que d’autres s’en occupent.
Mais le mal est plus vaste : il suffit d’ouvrir d’anciens exemplaires du journal Libération, par exemple, de rechercher dans les archives d’anciens débats télévisés. On s’aperçoit avec effarement qu’il y a trente ans encore, des écrivains, des politiques, des philosophes, des journalistes, ventaient avec gourmandise les délices de la sexualité entre adultes et enfants. Et qu’ils signaient volontiers des pétitions pour adoucir le sort de criminels pédophiles, voire demandaient leurs grâces. A ceux qui s’en offusquaient on intimait l’ordre de se taire, car il fallait rendre muet l’ordre bourgeois réactionnaire.
Ne s’interdire rien, jouir de tout… croire et faire croire que l’expérience est toujours neutre : tel est le piège de l’aveuglement dans lequel nos sociétés sont tombées. Et dont elles semblent ne pas vouloir se relever.
Oui qu’avons-nous fait de nos enfants ? Comment les regardons-nous ? Comme le seul fruit de notre désir ou comme des êtres appelés à grandir en conscience ? Comme notre propriété ou comme des personnes vouées à la Liberté ?
Et plus largement, que faisons-nous de l’homme ? Qu’il soit dans le ventre de sa mère, sur une embarcation de fortune emportée par les flots de la Méditerranée, dans les files d’attente des agences d’intérim, ou dans la solitude d’une chambre de maison de retraite… Sa dignité ne dépend-elle que de sa bonne santé, de son pouvoir d’achat, de son niveau d’étude, de son passeport ou de son sex-appeal ?
Le péché de quelques-uns, qui appelle la justice sans détour et sans peur, révèle au grand jour l’ombre qui s’étend sur notre civilisation. Mais si cette ombre nous apparait aussi précise c’est parce que la Lumière qui la met à jour est celle d’une Promesse. Nous sommes à un carrefour : soit nous choisissons de demeurer dans l’ombre et il n’y a plus qu’à mourir. Soit nous comprenons que nous sommes faits pour la Lumière et alors, ce sera difficile, douloureux et par moments crucifiant, mais nous vivrons !
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