"Vous le savez, il y a des romans historiques, des romans d’amour et… les romans de l’enfance qui sont un peu les deux. Ils sont souvent empreints de nostalgie, de tendresse, enjolivés par le temps qui passe et cette innocence de l’enfance… Mais voilà, Denis Tillinac, lui, plaide coupable : il était caractériel. En tout cas, c’est ce que les adultes prétendaient face à ce gamin excité, prêt aux 400 coups, balloté de collèges en pensionnats à force de débordements d’énergie. Bref : un sale gosse qui n’en témoigne pas moins une affection débordante pour sa famille, notamment pour sa grand-mère, la bien nommée Clémence qui lui pardonne tout, ou presque.
L’inspiration autobiographique est claire, même si les villages, certains personnages, sont rebaptisés, et que le gamin devient artiste peintre et non écrivain. Mais c’est bien lui, c’est tellement Tillinac ce garçon bougon, ce râleur généreux, ce Parisien jamais aussi heureux qu’au grand air de la campagne, qui nous raconte l’époque bénie de l’enfance. C’est vrai : de Tillinac, on connaît le chroniqueur incisif, l’ami des présidents, le défenseur du patrimoine rural… Mais c’est le romancier qu’on préfère, parce qu’il a justement ce côté caustique des vrais tendres qui se cachent derrière une gouaille noble. L’écriture, l’air de rien, enlève le vernis et ravive le passé et les visages, tout particulièrement celui de la mère à qui le livre est dédié.
Il y a une sorte de franchise chez Denis Tillinac, un récit sans fard ni artifice, qui ne donne pas forcément le beau rôle au garnement. On est pris d’affection pour ce gamin un peu largué, qui fait partie de la bande mais n’a pas vraiment d’ami. Qui habite à Paris mais ne rêve que des verts pâturages. Il est casse-cou et enfant de chœur, joueur et mélancolique. Ce chenapan nous rappelle un temps qui n’est plus, où s’est perdue une part de lui-même qu’il voudrait retrouver aujourd’hui : «Je cherche les restes de mon âme en regardant le ciel étoilé. Le même ciel, les mêmes étoiles, à ceci près qu’aujourd’hui des lumières clignotantes d’avions sèment la confusion.»
Ce n’est pas tant l’enfance qu’il a perdue, mais tout un monde enchanteur en voie de disparition, fait de nature et de bestioles, de clochers et de vacances au village… Ah ! Nostalgie, quand tu nous tiens ! Et vous, votre enfance, c’était bien ?"
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