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Camus et la loi littoral

RCF,  - Modifié le 6 juin 2018
"On n'aura sans doute jamais autant insulté la beauté du monde qu’au XXè siècle." Laurence Devillairs s'insurge contre une réforme de la loi littoral qui a failli être votée à l'Assemblée.
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Bientôt les vacances. Mer, soleil, farniente et coquillages. Mais aussi littoral sacrifié et bétonné. Face au bleu argenté de la Méditerranée, face aux rouleaux énervés de l’Atlantique, quoi ? Des barres de logement sans âme ni beauté. Des projets immobiliers, grignotant toujours un peu plus la splendeur déjà bien malmenée de nos océans.

On n'aura sans doute jamais autant insulté la beauté du monde qu’au XXe siècle. Qui en effet n’a pas éprouvé une profonde tristesse à traverser ces centres commerciaux à ciel ouvert que sont devenus les abords des grandes villes ? Qui n’a jamais regretté de voir les plages encerclées de bâtiments sans noblesse ni dignité ? Eh bien, tremblez, car une réforme de la loi littoral, celle qui, depuis 1986, interdit toute construction à moins de 100 mètres des côtes, a bien failli être votée par l’Assemblée ces jours derniers. Elle visait à octroyer des dérogations pour certains projets d’aménagement et d’implantations immobilières sur nos rivages. Protestations de la part de certains députés et de plusieurs ONG, avec pour résultat, qu’il nous faut saluer, le recul de cette réforme un temps envisagée.

Bien sûr, la mer est à tous et les côtes pour le plus grand nombre, bien sûr le tourisme reste l’industrie la plus florissante et la plus bienfaisante. Mais l’enlaidissement des paysages et des mers en est-il nécessairement le prix à payer ? C’est sur cette question aussi, et sans doute prioritairement, que l’écologie doit mener ses combats. Dans la défense non pas seulement de la planète, mais de sa beauté. Car la nature ne doit pas uniquement être sauvegardée, elle doit être contemplée.

Savoir s’arrêter et se taire devant un paysage, sans chercher immédiatement à photographier ou à commenter, c’est là aussi un geste écologique. Et philosophique. Et quand on aura tué le dernier mètre carré de beauté, que nous restera-t-il ?

Les pages flamboyantes de Camus dans son grand récit méditerranéen, intitulé Noces : « Sous le soleil du matin, écrit-il, un grand bonheur se balance dans l’espace... La mer cuirassée d’argent, le ciel bleu écru… J’aime cette vie avec abandon et veux en parler avec liberté : elle me donne l’orgueil de ma condition d’homme ». Par pitié, chers élus, relisez Noces de Camus.  

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