Camille : le destin tragique d'une photo-journaliste
Le film est une fiction, mais très largement inspirée de la vie de Camille Lepage. C’est un nom qui ne vous dit probablement rien et qui aurait pu rester celui d’un triste fait divers, sans ce film intense et passionnant !
Camille c’est donc une jeune photographe, qui arrive à Bangui en octobre 2013, pour couvrir la guerre civile entre Séléka et anti-balaka. Et qui est tuée huit mois plus tard dans une embuscade.
Le film s’ouvre par un court prologue, où des soldats français déployés sur place, découvrent quatre corps à l’arrière d’un camion, trois hommes noirs et une femme blanche dont on voit juste les pieds et son vernis rouge. La mort de Camille à 26 ans va profondément marquer le réalisateur Boris Lojkine, qui vient de recevoir alors un prix à Cannes pour son premier long métrage, « Hope », sur le parcours de deux migrants africains.
Il s’est senti immédiatement proche des choix de vie de Camille et, avec ce film, il rend hommage et il prolonge son travail et sa quête
Portrait d'une photo-journaliste
Avant tout, Camille est passionnée, idéaliste, et avide de connaitre le monde. Elle a choisi la photographie pour informer et pour témoigner, même des situations les plus violentes, dans un mélange de courage et de candeur. Quand elle arrive en Centrafrique, elle a déjà travaillé pour l’AFP. Mais rapidement, elle refuse de courir d’une guerre à l’autre, derrière l’actualité médiatique, pour rester là où elle se sent chez elle.
Elle intègre alors un groupe de combattants anti-balaka qu'elle va suivre jusqu'au bout. Elle devient alors une femme déterminée, qui recherche dans chaque cliché l’humanité derrière la violence. Elle pour qui -elle le dit à un moment- « aucun pays n’est damné ». Ce que réussit très bien la caméra de Boris Lojkine, et le travail de Camille, c’est de trouver leur juste place pour nous raconter des évènements au plus près du réel mais avec un angle de vue personnel.
Les photos qui jalonnent le film sous forme d’arrêt sur images, sont celles de Camille Lepage, dans une belle mise en abyme donc ! Et le réalisateur a voulu tourner son film sur place, en Centrafrique, où il a même ouvert en amont, un centre de formation au cinéma pour pouvoir associer de jeunes professionnels locaux au tournage.
Le projet n’était pas simple : incarner Camille quatre ans à peine après le drame ! Mais elle le fait avec un engagement et une évidence troublante! Elle s’appelle Nina Meurisse, et elle trouve là un vrai et grand premier rôle, après avoir débuté il y a vingt ans dans Saint Cyr, le très beau film historique de Patricia Mazuy.
Et pour son rôle de Camille, elle vient d’obtenir le Prix d’interprétation féminine au Festival d’Angoulême.
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