Bordeaux–Lyon : l’Auvergne refuse d’être contournée et réclame une vraie transversale ferroviaire
Alors que la SNCF annonce une future liaison Bordeaux–Lyon via Paris, les usagers du Massif central dénoncent un nouveau contournement du territoire. Une pétition a été lancée pour défendre l’itinéraire historique via Limoges et Clermont-Ferrand, et pour rappeler l’urgence d’une voie Est–Ouest fonctionnelle.
Stéphanie Picard aux cotés des élus clermontois lors d'une manifestation récente d'élusLa réaction a été immédiate. Quelques jours après l’annonce de la SNCF d’un
Bordeaux–Lyon assuré par TGV… mais en passant par Paris, les collectifs
d’usagers du Massif central se sont mobilisés. Pour eux, cette décision
symbolise une fois de plus l’abandon du centre de la France par les politiques
ferroviaires.
« Clermont, c’est une grande partie du Massif central »
« Nous, on se bat pour l’accessibilité. Clermont-Ferrand, c’est une grande
partie du Massif central », insiste Stéphanie Picard, porte-parole des Usagers de
la ligne Clermont–Paris. Elle rappelle dix années de galères sur les lignes du
centre : retards répétés, fermetures temporaires, matériel vieillissant,
infrastructures vulnérables. Pour elle, l’annonce de la SNCF intervient dans un
contexte déjà tendu, où l’accès au train relève souvent du parcours du
combattant : « Ils nous ont oubliés ».
Le choix historique du TGV, l’oubli du Massif central
La porte-parole situe l’origine du problème plusieurs décennies en arrière : «
L’État n’avait que des yeux pour le TGV. Nous avons été sacrifiés ». Tandis que
la grande vitesse se développait à partir de la fin des années 1970, la liaison
Bordeaux–Lyon via Limoges et Clermont se dégradait. Certaines portions sont
aujourd’hui limitées ou difficilement exploitables. Pour les usagers, cette liaison
est pourtant essentielle : elle irrigue Limoges, Clermont-Ferrand, Saint-Étienne
et de nombreuses villes moyennes qui n’ont aucune alternative performante.
« Le but, maintenant, c’est de se faire entendre »
Contrairement à ce que certains imaginent, les collectifs ne réclament pas une
ligne à grande vitesse flambant neuve. « On ne veut pas de TGV, mais des
Intercités fiables ». L’objectif : moderniser l’existant plutôt que fantasmer une
nouvelle infrastructure. D’autant qu’un tracé neuf « prendrait 20 à 30 ans » à émerger. Une étude a récemment été lancée pour évaluer le potentiel de la ligne.
Les usagers veulent s’assurer qu’elle débouche sur des décisions concrètes. « Le
but, c’est de se faire entendre. Si on ne se mobilise pas, rien ne bougera »
Une pétition pour peser dans le débat
La pétition lancée cette semaine vise à rappeler aux pouvoirs publics
l’importance nationale de cette liaison Est–Ouest. Pour les collectifs, ce n’est
pas une simple question technique, mais un enjeu de cohésion : permettre au
Massif central d’exister autrement que comme un territoire oublié entre deux
métropoles.
