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« Article 27 » : quand la culture devient un droit pour tous

« Article 27 » : quand la culture devient un droit pour tous

Un article rédigé par Théo Leunens - RCF Namur, le 22 juillet 2025 - Modifié le 22 juillet 2025
Solid'AidesAsbl Article 27, la culture pour tous

Vous avez peut-être déjà croisé, en prenant un ticket de cinéma ou en lisant le programme d’un théâtre, la mention d’un « tarif Article 27 ». Mais savez-vous vraiment ce qui se cache derrière ces quelques mots ? Cette semaine, Grégory Clesse et Adrien Chardome ont reçu Elisa Van Den Brande, directrice d'Article 27 Wallonie, pour lever le voile sur cette association qui se bat, depuis plus de vingt ans, pour rendre la culture accessible à tous et en particulier aux personnes en situation de précarité.

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L’association Article 27 tire son nom directement de la Déclaration universelle des droits de l’homme, et plus précisément de son article 27, qui affirme que « toute personne a le droit de prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, de jouir des arts et de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent. » 

Ce principe fondamental reste pourtant, dans les faits, largement ignoré. L’accès à la culture, bien qu’inscrit comme un droit, reste aujourd’hui encore un luxe pour de nombreuses personnes en situation de précarité. C’est pour répondre à cette inégalité que l’asbl Article 27 a vu le jour en 1999 à Bruxelles, portée par deux figures du monde artistique : la comédienne Isabelle Paternotte et Roland Mahauden, alors directeur du Théâtre de Poche. Ensemble, ils ont constaté que malgré l’existence d’une offre culturelle riche et diversifiée, un large public en était exclu, principalement pour des raisons économiques mais aussi sociales, symboliques ou psychologiques.

Un ticket culturel à prix solidaire

Pour contrer ces freins, l’association a mis en place un ticket culturel à prix réduit, permettant d’accéder à un spectacle, un film ou une exposition pour seulement 1,25 €. À l’époque, cette somme correspondait à 50 FB, le prix d’un pain. Symboliquement, il s’agissait d’établir une équivalence entre nourriture physiologique et nourriture spirituelle. 

Ce ticket est cofinancé par les pouvoirs publics et les opérateurs sociaux. Concrètement, ce sont les structures partenaires (comme certains CPAS, maisons médicales, associations d’insertion, etc.) qui achètent les tickets et les distribuent aux personnes qu’elles accompagnent. Pour en bénéficier, il faut donc être en lien avec une de ces structures. L’ASBL aimerait à terme élargir l’accès au dispositif à toutes les personnes en situation de précarité, même sans accompagnement social, mais ce n’est pas encore possible aujourd’hui. En attendant, ce ticket reste une porte d’entrée concrète vers la culture pour des milliers de personnes.

Combattre tous les freins à la culture

L’action d’Article 27 ne se résume pourtant pas à cette dimension financière. Si le coût est souvent le frein le plus visible, il est loin d’être le seul. Nombreuses sont les personnes qui n’osent pas pousser la porte d’un théâtre, d’un musée ou d’un cinéma, non pas par manque d’intérêt, mais par peur de ne pas comprendre, de ne pas se sentir à leur place, ou tout simplement parce qu’elles n’ont jamais été invitées à le faire. 

L’ASBL travaille donc aussi sur ces autres obstacles invisibles : elle organise des moments d’échange, des accompagnements, des médiations culturelles, dans une logique de sensibilisation, d’écoute et de respect des rythmes de chacun. Il ne s’agit pas seulement d’assister à une œuvre, mais bien de s’approprier l’expérience culturelle, de pouvoir en parler, de se sentir légitime dans cet espace. C’est pourquoi Article 27 ne se contente pas de « distribuer » l’accès à la culture : elle cherche à en faire un véritable levier d’émancipation.

Un réseau solidaire au service de la participation culturelle

Implantée à Bruxelles et dans plusieurs régions de Wallonie, l’association fonctionne en réseau. Elle tisse des liens étroits entre les structures sociales, les institutions culturelles et les publics. Elle favorise la collaboration, la co-construction de projets et la reconnaissance mutuelle entre les différents acteurs. 

Chaque partenaire joue un rôle clé dans ce dispositif : les opérateurs culturels s’engagent à proposer une partie de leur offre à tarif réduit, les structures sociales relaient et accompagnent les publics, et l’équipe d’Article 27 coordonne, forme, soutient, facilite. Ce maillage permet une action ancrée localement, au plus près des besoins, mais aussi une dynamique plus large de changement dans les pratiques culturelles et sociales. L’objectif ultime est clair : faire en sorte que la culture ne soit plus jamais perçue comme un privilège réservé à quelques-uns, mais comme un bien commun, ouvert à toutes et à tous, quelles que soient les circonstances de vie.

 

© Image d'illustration - Unsplash.com
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Solid'Aides
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