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Arménie : le torchon brûle entre le pouvoir politique et l'Église

Arménie : le torchon brûle entre le pouvoir politique et l'Église

Un article rédigé par Pauline de Torsiac - RCF, le 1 juillet 2025 - Modifié le 1 juillet 2025
L'actu chrétienneArménie : le torchon brûle entre le pouvoir politique et l'Eglise

Vendredi 27 Juin 2025, une altercation inédite a éclaté à Erevan entre la police et plusieurs ecclésiastiques de l’Église apostolique arménienne. Deux jours plus tôt, un archevêque accusé de tentative de coup d’État avait été arrêté par les forces de l’ordre. Depuis la défaite militaire de 2020 face à l’Azerbaïdjan dans le Haut-Karabakh, les relations entre le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian et l’Église apostolique arménienne se sont considérablement tendues. Loin d’être un simple désaccord, le conflit actuel semble raviver une lutte ancienne sur l’âme même de la nation arménienne.
 

A quelques centaines de mètres en contrebas des positions azéris, le monastère vide d'Amaras, Haut-Karabagh, 13 janvier 2021. Hans LucasA quelques centaines de mètres en contrebas des positions azéris, le monastère vide d'Amaras, Haut-Karabagh, 13 janvier 2021. Hans Lucas

Une Église au cœur de l’identité nationale

Pour comprendre cette tension, il faut remonter aux fondations mêmes de l’Arménie. En 301 après Jésus-Christ, l’Arménie devient la première nation au monde à adopter le christianisme comme religion d’État. Depuis, son Église apostolique joue un rôle unique, bien au-delà du spirituel, explique Tigrane Yegavian, auteur de Minorités d’Orient, les oubliés de l’histoire (Éd. du Rocher).

Il n’y a pas de régime de concordat. Il n’y a encore moins de séparation claire entre l’Église et l’État. La Constitution affirme que l’Église a un rôle particulier dans la nation. C’est une institution nationale. En l’absence d’État, pendant des siècles, c’est elle qui a incarné la continuité du peuple arménien. 

Si la majorité des Arméniens ne sont plus pratiquants — héritage de l'époque soviétique — ils demeurent profondément attachés à leur Église, qu’ils considèrent comme un pilier identitaire.

Le Haut-Karabakh, fracture géopolitique et religieuse


C’est ce lien historique et symbolique qui est aujourd’hui mis à rude épreuve. Le Haut-Karabakh, région historiquement peuplée d’Arméniens et riche en monastères médiévaux, est considéré comme un berceau spirituel du christianisme arménien. Sa perte, après le conflit de 2020, a provoqué un profond traumatisme. « Les Arméniens n’acceptent pas la perte du Haut-Karabakh », insiste Tigrane Yegavian.

Le Premier ministre arménien veut un accord de paix rapide avec l’Azerbaïdjan, et voit l’Église comme un obstacle à cette stratégie. Mais l’Église, elle, a clairement pris parti contre le gouvernement. Elle a perdu son statut de neutralité. 

Depuis, les accusations pleuvent. Garéguine II, Catholicos suprême de l’Église apostolique, réclame ouvertement la démission du Premier ministre. Ce dernier, en retour, accuse le patriarche de ne pas avoir respecté son vœu de célibat et de mener une opposition politique déguisée sous l’habit ecclésiastique.

Ce bras de fer met en lumière une Arménie tiraillée. Alors que l’arrestation d’un archevêque pour tentative de coup d’État marque une escalade dangereuse, nombreux sont ceux qui redoutent que ce conflit ne déborde du terrain politique pour fracturer durablement la société arménienne, déjà éprouvée.

 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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