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Après six mandats, la maire de Laz raccroche l'écharpe

Après six mandats, la maire de Laz raccroche l'écharpe

Un article rédigé par Océane Théard - le 22 mai 2025 - Modifié le 23 mai 2025

À dix mois des municipales, certains maires ont d’ores et déjà annoncé la couleur. Annick Barré ne se représentera pas. Celle qui a déjà brigué six mandats à la mairie de Laz dans le Finistère, avec une pause entre le quatrième et le cinquième, lâchera son écharpe d’édile en 2026. Nous sommes allés à sa rencontre à la mairie de sa commune.

"On est les le dernier maillon sur le terrain", sourit Annick Barré. ©Océane Théard"On est les le dernier maillon sur le terrain", sourit Annick Barré. ©Océane Théard

Être au contact de ses administrés, Annick Barré en a l'habitude. Et pour cause, l'accueil de la mairie fait aussi office de relais de La Poste, les habitants viennent donc déposer lettres et colis juste à côté de son bureau, où Annick Barré nous accueille. Des tables encombrées de dossiers où on peut lire "Randonnée", "Mobilité", une affiche de l’Association des Maires de France accrochée au mur, des vues aériennes de la commune de 1952 à 2021. 

 

"Je suis venue avec un esprit étudiant"

C'est ici que tout commence pour Annick Barré. Ou plutôt non, c'est sur une parcelle de la commune, en 1977 que nous partons. À l'époque, Annick Barré faisait ses études à Paris, des études d'agronomie tropicale, puis dans la démographie. Une double spécialisation qui lui vaudra d'être contactée en vue d'un poste au CNRS basé en Centrafrique. Mais suite à la mort de son père, Annick Barré décide de "revenir au pays". "Je ne voulais pas laisser ma mère s'occuper de la ferme toute seule, mes parents étaient agriculteurs", raconte-t-elle. Elle se retrouve alors au chômage, et décide pour s'occuper, de planter des sapins sur une parcelle. "C'est là que m'est venue l'idée ! "Mais pourquoi je proposerai pas mes services à l'équipe municipale en place ?" Voilà, c'est comme ça que ça s'est fait" se souvient la maire. Malgré les réticences de son oncle, alors adjoint au maire, Annick Barré décide de présenter une liste ouverte. "J'avais vraiment envie de participer au développement de la vie locale. (...) En ayant aucune prétention parce que je n'avais aucune connaissance ! Je n'étais jamais venu au conseil, pas une seule fois. Je me suis lancée là-dedans. Un peu naïvement, je pense, peut-être trop naïvement." Car ses quatre premiers mandats sont difficiles se souvient Annick Barré, "je pleurais à chaque conseil [municipal]." L'édile centriste se rappelle être venue avec "un esprit étudiant" préférant la discussion à l'affrontement ou à la politique pure. Mais elle qui pensait ne "même pas finir son mandat"  en réalise, en fait, quatre. 

 

Je pense qu'on a encore un certain crédit parce qu'on est présent, parce qu'on regarde les gens, les yeux dans les yeux (...)

Le dernier maillon sur le terrain

Annick Barré, alors salariée, travaille ses dossiers le soir la nuit, pour faire vivre sa commune de 700 âmes. "J'ai essayé d'amener des entreprises. Nous avions créé une zone artisanale dès 77 d'ailleurs. Nous avons eu une biscuiterie, nous avons acheté un terrain communal." Un développement économique dont les maires ont moins les rênes au profit de regroupements comme les communautés de communes regrette Annick Barré. Après une pause de deux mandants, on rappelle Annick Barré pour lui proposer de se représenter, elle est alors retraitée, et y retourne. Car la Finistérienne a la ruralité chevillée au corps, elle fait d'ailleurs partie de l’Association des maires ruraux de France, un combat qu'elle porte aussi sur le terrain, au contact des habitants. "On sent parfois qu'on a vraiment besoin de nous (...) je pense qu'on a encore un certain crédit parce qu'on est présent, parce qu'on regarde les gens, les yeux dans les yeux, on leur dit : voilà, qu'est-ce qui va, qu'est-ce qui ne va pas" sourit Annick Barré, ses yeux bleus pétillent derrière ses lunettes cerclées de orange. Même si cela vient forcément avec son lot d'inconvénients, comme le stress d'être joignable à toute heure. Car oui, "tout le monde a mon numéro. On m'avait dit qu'il y avait des maires qui ne donnait pas leur portable, moi je ne conçois pas ça dans notre petite commune. Le maire, il doit être accessible." On l'appelle donc parfois à l'aube ou tard le soir, pour un cheval égaré, aperçu sur une route de la commune, parfois aussi pour des situations plus graves "des femmes en détresse, qui ont besoin d'aide qui m'appellent." Annick Barré sourit. "C'est le côté sympa. Peut-être que ça me manquera ! Peut être que je me dirai avant on m'appelait pour ceci, pour cela" 

"(...) Le maire, il doit être accessible", explique Annick Barré.

Sans se départir de son sourire, Annick Barré évoque aussi l'évolution de la fonction, et ses difficultés. Le poids de l'administratif, le regroupement de communes ce qui sous-entend une mise en commun de certaines compétences, et aussi une violence accrue envers les élus. "On n'a pas attendu les réseaux sociaux pour recevoir des menaces de mort (...)" raconte-t-elle. Cela se ressent surtout sur les réseaux sociaux, d'après la mairie de Laz, pour critiquer telle ou telle action de la mairie.  "Il y a une liberté maintenant que les gens ont de tout dire, de verser toute leur bile sur les réseaux sociaux. C'est tellement facile, tellement facile aussi de garder l'anonymat."  Sa solution ? "Je ne vais pas sur les réseaux sociaux!"

"Place aux jeunes!"

En 2026, Annick Barré raccrochera donc définitivement son écharpe de maire de Laz, en laissant fièrement derrière elle une commune dynamique, avec une coiffeuse arrivée en 2014, un restaurant installé juste derrière la mairie, et une bibliothèque qu'elle espère bien fréquenter en tant que bénévole cette fois ! "Je resterai toujours avec les gens et je pense que je serai là. Je fais partie de la population. Ce sera beaucoup plus cool !", s'enthousiasme cette passionnée de lecture. Un mot de la fin ? "J'ai fait mon temps, place aux jeunes!"
 


 

 

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