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Saint-Etienne : l'amicale laïque du Crêt de Roc en danger

Saint-Etienne : l'amicale laïque du Crêt de Roc en danger

Un article rédigé par Edouard Vandeventer - RCF Saint-Étienne, le 7 novembre 2025 - Modifié le 7 novembre 2025

A Saint-Etienne, beaucoup d’établissements scolaires dépendent des amicales laïques pour assurer le service d'accueil périscolaire et l'accueil des enfants pendant les vacances scolaires. Ces structures associatives survivent malgré un équilibre budgétaire fragile, jonglant entre les subventions en baisse et la participation financière des familles. L'amicale laïque du Crêt de Roc tire la sonnette d'alarme : si elle ne reçoit aucune aide d'ici la rentrée prochaine, le service ne pourra plus être assuré. Entretien avec François Chamosset, coprésident de la structure.

L'amicale accueille les enfants le matin et le soir, les mercredis et les vacances scolaires. © ALCRL'amicale accueille les enfants le matin et le soir, les mercredis et les vacances scolaires. © ALCR

Qu’est-ce que l’amicale laïque du Crêt de Roc et que propose-t-elle ? 

L’amicale laïque du Crêt de Roc est une association de quartier qui possède un pôle enfance. Nous proposons à la fois des activités tout au long de la semaine pour les adultes et pour les enfants : de la musique, de la danse, des activités sportives, etc. On s'occupe également de l'accueil des enfants sur le temps périscolaire, à la fois le matin avant l'école, le soir après l'école, le mercredi et pendant les vacances scolaires. Nous accueillons entre 40 et 60 enfants. Pour l’établissement scolaire auquel nous sommes rattachés, l’école maternelle et primaire Chappe, c'est un service qui est nécessaire. Nous aimerions pouvoir accueillir davantage que ces 40 à 60 élèves, car cela représente 10% de l’effectif total du groupe scolaire, mais cela représente déjà un service rendu à une grande partie du quartier. Beaucoup de familles comptent dessus.

 Il nous manque entre 20 et 30 000 euros par an.

Malgré une activité à plein régime, vous n’arrivez pas à joindre les deux bouts. Pourquoi ?

C'est assez simple en fait. Notre  modèle économique est considérablement déséquilibré. Il nous manque entre 20 à 30 000 euros par an pour fonctionner correctement. Auparavant, on réussissait à combler ces 20 à 30 000 euros en employant des gens sous la forme de contrats aidés, ce qui était inconfortable mais possible.

Aujourd'hui, le budget du gouvernement français tel qu'il est conçu ne nous permet plus d'embaucher des personnes en contrat aidé. Il faut donc trouver des solutions pour les embaucher de manière permanente et c'est là où on est bloqué. La structure compte 8 salariés, dont 5 animateurs et animatrices. 

Malheureusement, nous ne sommes pas seuls dans cette situation-là. La ville a connu un certain nombre de cessations d'activité d'amicales laïques ces derniers temps. La Fédération des centres sociaux de la Loire explique que les centres sociaux ne sont pas en très bonne santé financière non plus. C'est très inquiétant et d'une manière générale, l'ensemble du monde associatif aujourd'hui en France est très inquiet.

Les enfants vivent des activités en lien avec le projet pédagogique de l'amicale. © ALCR

Difficile de dégrader davantage le service sans mettre en jeu la sécurité des enfants. 

J’imagine que vous avez également demandé aux familles de fournir plus d’efforts ? 

Nous avons augmenté les tarifs de garde pour les tranches d'imposition les plus élevées l'année dernière. Cette année, nous avons augmenté les tarifs de garde pour tout le monde de quelques euros par heure. Nous avons également supprimé les repas proposés aux enfants les mercredis midi.C'est maintenant aux familles de préparer le repas de leurs enfants ce jour-là.

De mon point de vue, il est difficile de dégrader davantage le service sans mettre en jeu la sécurité des enfants. D’autre part, augmenter à nouveau les tarifs de garde pour les parents risquerait de nous faire perdre beaucoup trop de parents. Donc ça nous paraît inenvisageable à ce stade. Il faut savoir que nous sommes dans un quartier qui est pour partie classé en quartier politique de la ville. Le taux de pauvreté est de 47% dans le quartier. Nous voulons maintenir l’accueil de tous et éviter de perdre la partie la plus précaire du quartier.

Notre trésorerie fond comme neige au soleil.

Quelles pourraient être les solutions possibles ? 

C'est tout le problème. Aujourd'hui, nous n'avons pas de solution. Nous avons interpellé les pouvoirs publics, les différents financeurs, que ce soit la mairie de Saint-Étienne, le département, l’Etat, la CAF, etc. Notre trésorerie fond comme neige au soleil, si bien que si aucune solution n'est trouvée pour la rentrée de septembre 2026, je crains bien que nous devions cesser ce service.

Nous avons organisé une rencontre avec les parents qui sont concernés le 4 novembre dernier. A l’issue de cette rencontre nous avons décidé de nous mobiliser pour une manifestation le 3 décembre.

Ensuite, on organisera un comité des financeurs début décembre en fonction des interpellations qu'on aura réussi à mettre en œuvre. Ce qu'on espère, c'est d'avoir une réponse de leur part. Est-ce que oui ou non ils considèrent que ce service est de qualité et nécessaire pour la vie du quartier ? Si c'est le cas, nous attendons des actes de leur part. Nous avons de très bonnes relations techniques avec les services de la ville de Saint-Etienne qui nous ont entendus et qui sont à l'écoute de notre fonctionnement. On a aussi des relations avec la CAF. Mais les services de l'État et les services du département ne nous répondent pas.

 

Qu'arrivera-t-il aux familles et aux salariés si aucune solution n’est trouvée ? 

La ville de Saint-Étienne est tenue de proposer un accueil périscolaire le matin et le soir après l'école, donc il y aura probablement un autre opérateur qui reprendra ce temps-là. Pour les temps du mercredi et des petites vacances, ce n'est pas du tout obligatoire, ce qui fait que les familles du quartier devront aller faire garder leurs enfants plus loin, dans un autre quartier et une autre structure.

Propos recueillis le 31 octobre 2025. 

L'amicale possède un extérieur dans ses locaux mais propose aussi des sorties. © ALCR
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