Affaire, un mot plus fréquent qu'on ne le pense !
Tu n’as pas oublié tes affaires ? Voilà une question rituelle avant d’aller travailler que l’on soit petit ou grand !Tu ne vas pas en faire toute une affaire ! Remarque fréquente à celle ou celui qui n’a pas bon caractère. J’espère que tu tireras d’affaire. Encore une expression courante. L’affaire X défraie la chronique… Et voilà un sport national qui nourrit la presse toujours gagnante à éreinter les personnalités. Claude est à la tête d’une grosse affaire… Et voilà encore un autre sens. On le voit il y a à faire avec le mot affaire !
En réalité il y a des mots dont les origines sont transparentes dès qu’on les regarde mais on peut passer une vie à ne pas voir dans le plafond, ce qui a un fond plat, et dans maintenant les mots main et tenant signifiant en définitive « pendant que je te tiens la main ». Et donc le mot « affaire » n’est autre, au départ, qu’avoir « à faire » en deux mots. « Affaire » est un mot apparu au milieu du XIIe siècle désignant en fait ce qu’on a à faire. Et de fait, au XIXe, Littré enregistre encore deux orthographes pour avoir « à faire à quelqu’un », soit en deux mots soit en un mot Du « à faire » au « a été fait », « a été préparé » il n’y avait qu’un pas à faire, si j’ose dire, d’où découlent tous les autres sens du mot.
Ce qu’on sait moins c’est que jusqu’au XVe siècle, on disait un affaire, puis affaire fut des deux genres et à partir du XVIIIe siècle, définitivement féminin. Marot écrit par exemple vers 1530 : il faut « m’excuser si pour le mien affaire, je ne suis point vers vous allé parler ». J’ai « un certain urgent affaire », lit-on de la même manière chez Rabelais. Le bon Littré explique qu’il était logique que ce soit au masculin puisqu’en français les infinitifs devenant noms sont au masculin : le boire et le manger, le dîner, le parler, le faire savoir, et donc au départ, le à faire.
Et si on revient maintenant à l’affaire au sens déplaisant de la justice, j’aimerais laisser la parole aux verbicrucistes. La première définition destinée à faire deviner le mot « affaire », on la doit à la reprise d’un bon mot d’Alexandre Dumas fils : « Affaire : argent des autres »… Et puis en voilà une seconde, délicieuse : « Tir aux pigeons ». On est assurément un pigeon, si on est la victime d’une affaire financière. Du coup, j’ai envie d’ajouter qu’alors, du jeu des enfants Pigeon vole, on passe à la vilaine situation du pigeon volé !
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