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Adeline Hazan: "la prison doit être le dernier recours"

RCF, le 12 février 2018 - Modifié le 29 février 2024
3 questions àAdeline Hazan: la prison doit être le dernier recours

​Comme chaque année, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté dénonce la situation des prisons en France. Des prisonniers trop nombreux pour des cellules trop rares.

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Et les conséquences sont néfastes. Pour Adeline Hazan, la solution n’est pas plus de cellules mais moins de détention.

Une nouvelle fois, vous dénoncez la situation de surpopulation carcérale. Des conditions de détention indignes, dites-vous, qui alimentent l’insécurité  qui fait obstacle à la réinsertion des détenus. Est-ce-que la construction de 15 000 nouvelles places de prison va changer quelque chose ?

"Je pense que c’est une mauvaise idée, parce que bien évidemment il faut la construction d’un certain nombre de places mais construire 15 000 places nouvelles ne va avoir comme conséquence que de les remplir puisqu’au regard des chiffres, en 30 ans on a doublé le nombre de places de prison et on n’a jamais abouti à un taux de population aussi important. Faire la course à la construction de place n’est pas la solution. Il faut pratiquer une politique pénale qui fasse en sorte que moins d’incarcérations ne soient prononcées" explique Adeline Hazan.

Vous suggérez cette proposition que la privation de liberté ne devienne une mesure de dernier recours. Qu’est-ce-que cela veut dire ?

"Ce n’est pas moi qui le suggère, c’est une loi pénitentiaire de 2009 qui indique que la prison doit être le dernier recours. Dans les faits, ce n’est pas le cas. Il y a beaucoup de condamnations fermes alors que si la justice s’en donnait les moyens on pourrait prononcer des alternatives à l’incarcération. Les magistrats n’ont aussi pas toujours les moyens d’avoir toutes les informations sur la personne qu’ils jugent pour savoir si elle pourrait exercer sa peine à l’extérieur. C’est aussi un problème de moyens" ajoute la contrôleuse générale des prisons.

Votre rapport sort deux semaines après cet important mouvement de gardiens de prison. Quel regard portez-vous sur leur malaise ?

"Je comprends absolument leur malaise du fait de la surpopulation d’une part et de la baisse d’effectifs. Ils travaillent dans des conditions dans les maisons d’arrêt qui sont absolument indignes. À cet égard le gouvernement a réussi à éteindre l’incendie, mais ce n’est pas 1 400 surveillants qu’il faudrait pouvoir créer mais plusieurs milliers de surveillants, tout de suite. Mais ça, le budget de la justice ne le permet pas. C’est pour cela qu’il faut augmenter le budget de la justice dans notre pays" conclut Adeline Hazan.

 

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