A Montpellier, la relève des porte-drapeaux
À Montpellier, le 2 novembre, une cérémonie rendra hommage aux militaires morts pour la France dans les carrés militaires des cimetières de la ville. L’occasion de mettre en lumière le rôle des porte-drapeaux, ces gardiens de la mémoire. Rencontre avec François Leheup, aumônier militaire catholique honoraire et formateur de la jeune génération.
Le drapeau français, symbole d'union et de protection © Jean-Marie David“Le drapeau tricolore, c’est d’abord celui de la République française”, rappelle François Leheup.
C’est un signe de ralliement, un symbole qui unit la nation, protège ses citoyens, qu’ils soient Français ou étrangers.
Le grade de porte-drapeau fut créé en 1762 par ordonnance royale. Trois siècles plus tard, cette tradition perdure, honorée par un diplôme d’honneur réactualisé en 2006. Mais, précise-t-il, “contrairement à ce que l’on croit, un porte-drapeau n’est pas forcément militaire. Tout citoyen peut le devenir, qu’il représente une association, une collectivité ou une institution.”
Chaque drapeau porte son histoire, son emblème, sa devise.
Derrière chaque hampe, il y a une mémoire collective, une fidélité à des valeurs. Porter le drapeau, c’est accepter d’en être le dépositaire.
Transmettre le flambeau
Ancien aumônier militaire et diacre, François Leheup consacre aujourd’hui une grande partie de son temps à former les jeunes porte-drapeaux. “Il faut savoir transmettre le drapeau avant de ne plus pouvoir le tenir”, confie-t-il. Depuis plusieurs années, il intervient dans des classes de défense, comme celle du collège La Providence à Montpellier, ou auprès des cadets de la Gendarmerie.
Les séances sont à la fois pédagogiques et symboliques : “On leur explique ce qu’ils portent, puis on passe aux travaux pratiques : ajuster le baudrier, enfiler les gants blancs, se relayer. Ce sont des gestes simples, mais qui créent une véritable cohésion.”
Et d’ajouter : “Je me suis rendu compte que c’était encore plus fort quand les jeunes s’aidaient entre eux. Le drapeau, c’est un travail d’équipe, même s’il n’y a qu’un seul porteur visible.”
Une mission de mémoire vivante
Le 2 novembre, Montpellier rendra hommage aux militaires reposant dans les carrés militaires de Celleneuve, Saint-Lazare et du cimetière protestant. “Ces soldats, pour beaucoup, sont morts dans les hôpitaux de la ville durant la Grande Guerre”, rappelle François Leheup. “Leurs familles n’ayant pas toujours pu rapatrier leurs corps, ils reposent ici. Nous leur devons ce souvenir.”
L’événement, organisé avec le Souvenir Français, débutera à 10h par un briefing au cimetière Saint-Lazare, avant la cérémonie officielle à 11h. “Les jeunes que j’ai formés seront présents. Ils se relayeront devant les monuments, et deux d’entre eux recevront leur diplôme d’honneur. Ce sera un moment fort.”
Le geste et la fierté
Ce qui touche le plus François Leheup, ce sont les yeux des jeunes lorsqu’ils tiennent un drapeau pour la première fois.
À la fin d’une cérémonie, il m’est souvent arrivé de confier mon drapeau à un petit-fils ou une petite-fille d’ancien combattant. Avec les gants blancs, ils sentent qu’ils font partie de quelque chose de plus grand qu’eux. Même dans la tristesse, il y a une joie intérieure que rien n’efface.
Plus qu’une tradition, c’est aussi une leçon d’humilité et de service. “Les mamans donnent la vie, dit-il avec émotion, les hommes donnent la joie de servir. Et vivre au service de la nation, cela a un sens profond.”


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