A l'abbaye de Soligny, les moines trappistes ont décidé de faire revivre une bière centenaire. La recette du breuvage monastique date de 1846, mais l'histoire est bien plus ancienne. Les explications de Dom Thomas Georgeon, père abbé du monastère.
Direction l’Orne, au cœur de la Normandie, où les moines trappistes de l’abbaye de Soligny ont choisi de faire revivre une tradition oubliée : celle du brassage de la bière. Une aventure humaine et spirituelle, qui puise ses racines dans l’histoire mouvementée du monastère.
Depuis le 28 juin, une bière blonde bio baptisée "Hercelin" est disponible à la vente… mais uniquement à l’abbaye. Derrière ce projet, une volonté simple : renouer avec un savoir-faire ancien, tout en proposant un chemin de rencontre et de témoignage.
La bière trappiste à Soligny ne date pas d’hier. Selon le père abbé Thomas Georgeon, son origine remonte au XVIIe siècle, bien avant les brasseries modernes :
La première brasserie à la Trappe a été construite il y a 350 ans. On brassait de la bière pour les frères. Cela a duré jusqu’à la Révolution, puis la communauté est partie en exil.
Revenus à la Trappe en 1815, les moines retrouvent un monastère en ruine, mais leur foi demeure. C’est dans l’hôtellerie du XIIIe siècle – aujourd’hui monument historique – que la communauté reprend vie.
La relance de cette activité brassicole ne s’est pas faite seule. Les moines ont choisi de s’associer à "La Vertueuse", une brasserie tenue par un couple de chrétiens engagés, installée à proximité. Ensemble, ils redonnent vie à une recette retrouvée dans les archives du monastère :
J’ai été les voir un jour avec la recette que nous avons aux archives. Une écriture du XIXe, presque illisible… On avait l’eau, ils avaient le savoir-faire.
L’eau utilisée pour la bière provient d’une source pure, réputée dans la région. L’ensemble donne naissance à une bière blonde bio, produite en édition limitée : 2500 bouteilles pour cette première série. Son nom, Hercelin, rend hommage à l’abbé qui, au XIXe siècle, entreprit la reconstruction du monastère.
Mais au-delà de l’aspect artisanal, les frères y voient un moyen de mission :
Le fait de ne commercialiser la bière qu’à l’abbaye, c’est aussi une invitation. Une manière de raconter une histoire, et de dire quelque chose de la foi et de l’espérance qui nous habitent.
Un breuvage qui réconcilie tradition, spiritualité et convivialité. Et peut-être, une porte d’entrée inattendue vers le silence et la paix d’un lieu habité depuis des siècles.
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