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[Évangile du dimanche] Une sainte colère

[Évangile du dimanche] Une sainte colère

Un article rédigé par Béatrice Soltner, avec OR - RCF, le 4 novembre 2025 - Modifié le 10 novembre 2025
Enfin une Bonne Nouvelle[Évangile du dimanche] Une sainte colère (Jn 2, 13-15)

Dans l'évangile de ce dimanche on est bien loin de l'idée d'un Jésus "peace and love", doucereux et gentillet. Lui qui venait fêter Pessah, la Pâque juive, laisse exploser sa colère. Armé d'un fouet, il chasse les marchands de l'esplanade du Temple de Jérusalem. Que signifie cette sainte colère ?

Comme les Juifs de son temps, Jésus est monté à Jérusalem pour fêter Pessa’h, la Pâque juive (Illustration : Le Christ chassant les marchands du Temple, par Le Greco ©wikimédia commons)Comme les Juifs de son temps, Jésus est monté à Jérusalem pour fêter Pessa’h, la Pâque juive (Illustration : Le Christ chassant les marchands du Temple, par Le Greco ©wikimédia commons)

 

Évangile du dimanche 9 novembre (Jn 2, 13-25)

Comme la Pâque juive était proche, Jésus monta à Jérusalem. Dans le Temple, il trouva installés les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs. Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple, ainsi que les brebis et les bœufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs, et dit aux marchands de colombes : « Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. » Ses disciples se rappelèrent qu’il est écrit : L’amour de ta maison fera mon tourment. 

Des Juifs l’interpellèrent : « Quel signe peux-tu nous donner pour agir ainsi ? » Jésus leur répondit : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. » Les Juifs lui répliquèrent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèverais ! » Mais lui parlait du sanctuaire de son corps. Aussi, quand il se réveilla d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ; ils crurent à l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite.

Pendant qu’il était à Jérusalem pour la fête de la Pâque, beaucoup crurent en son nom, à la vue des signes qu’il accomplissait. Jésus, lui, ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous et n’avait besoin d’aucun témoignage sur l’homme ; lui-même, en effet, connaissait ce qu’il y a dans l’homme.

Source : AELF

 

L’épisode des marchands du Temple est un passage célèbre du Nouveau Testament, que l'on retrouve dans les quatre Évangiles. Il est célèbre car c'est un des rares moments où Jésus manifeste sa colère. Que nous enseigne cette réaction de Jésus ? Et qu'est-ce que ça change de lire cette histoire dans l'évangile de Jean ?

Quand l'épisode des marchands du Temple est raconté par Jean, qu'est-ce que ça change ?

Des quatre évangélistes, Jean est le seul à le placer au tout début de son évangile. Il le situe juste après l’épisode des noces de Cana - cet autre passage célèbre où Jésus change l’eau en vin. "Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit, écrit l’évangéliste Jean. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui." (Jn 2, 11).

Pourquoi Jean l’a-t-il placé au début de son évangile ? "Les exégètes évidemment se sont interrogés, rapporte Patrick Laudet, diacre du diocèse de Lyon, est-ce une datation théologique pour inscrire dès le début la perspective de la croix ?" La question reste ouverte. On peut considérer que si l’épisode est placé au début de la vie publique de Jésus, cela montre que "tout l’enseignement de Jésus est comme encadré par cet épisode, qui, du coup, est beaucoup moins anecdotique qu’il n’y paraît".

 

Le Temple dans la vie juive au temps de Jésus

Jésus a vécu à une époque que les historiens nomment la période du Second Temple. Elle dure jusqu’en l’an 70 de notre ère, date à laquelle le Second Temple de Jérusalem a été détruit. "Il faut imaginer ce Temple comme le lieu d’un culte à l’orientale où il se passe plein de choses", explique Patrick Laudet.

Le Temple, Jésus le connaît bien, c’est même "un familier" des lieux. Il y est allé enfant, conduit par ses parents, pour y être présenté au prêtre. Et cette fois, comme les Juifs de son temps, il monte à Jérusalem pour fêter Pessah, la Pâque juive. Rappelons qu'il faut en effet monter pour aller à Jérusalem, situé à plus de 700 mètres d’altitude.

 

Connaître le judaïsmeQuelle relation à Dieu dans le judaïsme ? (1/2) Avant la destruction du Temple

La sainte colère de Jésus

La scène décrite n'a pas pu passer inaperçue ! Jésus, un fouet à la main, opère un grand ménage sur l'esplanade du Temple de Jérusalem. En tout cas, pour le lecteur chrétien d'aujourd'hui, ce récit va à l'encontre de "l’idée d’un Jésus un peu peace and love, comme la décrit Patrick Laudet, un peu kitsch, un peu doucereux, un peu gentillet. Là on assiste à une sorte de sainte colère du Christ qui finalement ne supporte pas de voir ce parvis des gentils encombré, devenir un lieu de commerce, de trafics."

La colère de Jésus à l'égard des marchands du Temple peut étonner, dans la mesure où "Joseph lui-même a dû acheter des colombes, souligne Patrick Laudet, il a dû avoir recours aux changeurs, il a bien fallu qu’il entre dans cet usage, ce négoce du Temple." C'est en effet ce que Luc décrit : "Ils venaient aussi offrir le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : un couple de tourterelles ou deux petites colombes." (Lc 2, 24)

Pourquoi Jésus agit-il ainsi ?

Comment donc comprendre le geste de Jésus ? Sans doute "y a-t-il quelque chose qui est mûr, là, pour que, à travers ce geste qu’il va engager, ce geste au fond un peu provocateur, il dise quelque chose de lui", suppose Patrick Laudet.

Pour les chrétiens, il est essentiel de lier le message de Jésus à la Pâque juive. Les Juifs commémorent à Pessah la libération d’Égypte. Jésus portera le message que "l’ultime et définitive libération n’est pas simplement celle de la libération d’Égypte mais de cet autre esclavage qu’est la condition du péché, de la mort", comme le rappelle Patrick Laudet. Ainsi, quand il dit : "Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai", il fait, selon le diacre, la "promesse de la vie éternelle".

La sainte colère de Jésus vient nous apprendre que la relation à Dieu ne se monnaie pas, que sa présence est gratuite, là où nous sommes. Et Jésus ira encore plus loin en affirmant que lui-même est la maison où le Père est présent, que le Temple intérieur est indestructible, nous invitant lui-même à l'y retrouver.

 

©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Enfin une Bonne Nouvelle
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