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[Évangile du dimanche] Partir sans se retourner

[Évangile du dimanche] Partir sans se retourner

RCF, le 16 janvier 2024  -  Modifié le 21 janvier 2024
Enfin une Bonne Nouvelle [Évangile du dimanche] Partir sans se retourner (Mc 1, 14-20)


L'évangile de ce dimanche est un type de récit connu dans la Bible, il s'agit d'un récit de conversion. Jésus appelle des hommes et les invite à le suivre. Fidèle à son style précis et percutant, l'évangéliste Marc illustre ce que signifie être disciple. Il y a dans le choix de la vie spirituelle chrétienne une dimension ascétique, la volonté de laisser de côté ce qui encombre. Suivre le Christ et ne pas se retourner.

 

"Venez à ma suite, dit Jésus. Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes." ©Unsplash "Venez à ma suite, dit Jésus. Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes." ©Unsplash

 

Évangile du dimanche 21 janvier (Mc 1, 14-20)

Après l’arrestation de Jean, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu ; il disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. » Passant le long de la mer de Galilée, Jésus vit Simon et André, le frère de Simon, en train de jeter les filets dans la mer, car c’étaient des pêcheurs. Il leur dit : « Venez à ma suite. Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. » Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent. Jésus avança un peu et il vit Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque et réparaient les filets. Aussitôt, Jésus les appela. Alors, laissant dans la barque leur père Zébédée avec ses ouvriers, ils partirent à sa suite.

Source : AELF

 

Le style de Marc

L'évangile de Marc est un évangile que le Père Michel Quesnel connaît bien puisqu’il lui a consacré un livre, "Comment lire un évangile – Saint Marc" (éd. Seuil, 1984). Les exégètes avaient l’habitude de dire que Marc c’était "de la petite littérature", soulignant par là un style parfois maladroit et souvent assez concis, plus que Matthieu et Luc, la façon dont il résume le message de Jésus sans fioritures.

Fidèle à son style précis, Marc résume en quatre phrases le message du Christ : "Les temps sont accomplis" ; "le règne de Dieu est tout proche" ; "Convertissez-vous" et "croyez à l’Évangile". Il s'agit de la première prédication de Jésus. Avant cela, dans l'évangile de Marc, il y a eu la prédication de Jean-Baptiste, le baptême, le récit des tentations… "Et voilà que Jésus se manifeste en prenant la parole, observe Michel Quesnel, on ne sait pas très bien à qui il parle mais on sait qu’il parle !" Il est même dit qu’il "clame" à la façon des prophètes. "La prédication dans la Bible est toujours présentée comme une parole forte, une parole lancée."

 

Le début de la prédication de Jésus

Jésus reprend le flambeau après Jean Baptiste, qui prêchait un baptême de conversion. Jésus ajoute toutefois : "Croyez à l’Évangile." Qu’est-ce que ça veut dire ? "Dans l’évangile de Marc, répond Michel Quesnel, Jésus et l’Évangile se superposent... Il y a une espèce de synonymie entre l’Évangile et Jésus, la Bonne Nouvelle, c’est lui finalement." 

Les quatre pécheurs ont-ils entendu la prédication du Christ ? On ne le sait pas. Nous sommes sur les bords sur lac de Tibériade. À cette époque, les bords du lac "c’est vraiment la région où ça circule, ça pêche, l’industrie et l’artisanat sont beaucoup plu vivants qu’à Nazareth". Nazareth était d’ailleurs un tout petit village, il n’est pas cité dans le Premier Testament, souligne le bibliste. "Si Jésus s’était contenté de prêcher la bonne nouvelle dans les rues de Nazareth, il n’y aurait pas eu un grand public !"

 

Un récit de conversion

On est là devant un récit de vocation, c’est-à-dire qu’il raconte un appel. Ce type de récit est, dans la Bible, "souvent raconté de façon stéréotypée", prévient Michel Quesnel. Il y a toujours quatre étapes : "Celui qui appelle voit et il appelle, celui est appelé manifeste son oui et il suit."

"Venez à ma suite, dit Jésus. Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes." Cette expression "pécheurs d’hommes" a de quoi surprendre. Elle "nous perturbe un peu", admet le bibliste, "parce que quand on pêche des poissons on les tire de l’eau, on les fait mourir, alors si on pêche des hommes de la même façon, ça a quelque chose d’un peu mortifère !" Il ne faut pas oublier cependant que dans les mentalités juives de l’époque, "les profondeurs marines étaient le monde des démons". Dans cette perceptive, on comprend qu’il s’agit ici de tirer les hommes "du domaine du mal pour les faire entrer dans quelque chose d’autre", résume Michel Quesnel.

Quand il est dit que les disciples "laissent leurs filets", il y a une information importante pour nous aujourd’hui. Elle résume une dimension essentielle de la spiritualité chrétienne, "la dimension ascétique". "Quand on accepte de se mettre à la suite de Jésus, explique le bibliste, il y a des éléments de pesanteur qu’il faut abandonner... Et si on n’a pas cette volonté de laisser tout ce qui fait peser, tout ce qui traîne vers le bas, etc., je pense qu’il n’est pas possible de devenir disciple, d’être à la suite de Jésus."

 

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©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Enfin une Bonne Nouvelle

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