LA CHRONIQUE DE MARIE-HELENE LAFAGE - C’est la période des départs au ski. Pourtant cette année encore on s’inquiète du manque d’enneigement. Comment les territoires de montagnes peuvent-ils bien faire face au changement climatique ?
Les territoires de montagne sont particulièrement concernés par le changement climatique. Il faut avoir en tête que, physiquement, la montagne connaît un réchauffement accéléré par rapport au reste du continent. L’arc alpin se réchauffe deux à trois fois plus vite que le reste du globe. Conséquences : les glaciers ont déjà perdu la moitié de leur superficie ; la période d’enneigement a déjà été réduite de près d’un mois en l’espace de 50 ans dans les Alpes.
Même si on n’a pas pleinement conscience de ces changements, on en parle de plus en plus ; d’abord parce qu’ils sont visibles et puis parce qu’il y a toute une économie liée aux sports d’hiver, avec un imaginaire associé. Même s’il est bon de rappeler, au passage, que les sports d’hiver ne sont pas accessibles pour une majorité de Français, la France est au 2e rang mondial pour le tourisme hivernal, après les États-Unis, et avec une part importante de clientèle étrangère.
Mais lorsqu’on parle des impacts du changement climatique, c’est vrai qu’on pense moins aux effets sur la faune, la flore, les cultures, le cycle de l’eau et la forêt, qui sont pourtant majeurs. L’impact du changement climatique va bien au-delà du secteur touristique et nécessite d’engager dès aujourd’hui des actions d’ampleur en matière d’adaptation.
Depuis 10 ans les effets du changement climatique se font sentir plus que jamais. Quand elles n’ont pas déjà fermé faute de rentabilité en basse altitude, les stations ont investi dans des adaptations essentiellement court-termistes : dans la production de neige d’une part, et puis dans une moindre mesure dans la diversification de leurs activités.
C’est ce que pointe un récent rapport de la Cour des Comptes intitulé « Les stations de montagne face au changement climatique ». Lorsque les investissements sont déraisonnés au regard des évolutions climatiques, lorsqu’ils viennent maintenir un modèle un bout de souffle, on peut même parler de « maladaptation » - une adaptation qui fait plus de mal que de bien. De plus en plus de voix s’élèvent par exemple aujourd’hui contre les retenues d’eau pour la neige, qui vont menacer à terme la ressource en eau.
L’adaptation des territoires de montagne c’est accompagner un changement de modèle généralisé, préparer – sans jeu de mots – l’après ski. Car d’après ce même rapport de la Cour des Compte, seule une poignée de stations pourraient encore être opérationnelles en 2050.
Cette candidature, qui doit être définitivement validée cet été par le comité olympique, elle est soutenue de manière appuyée par les acteurs publics, l’État, les Régions Provence Alpes Côte d’Azur et Auvergne-Rhône-Alpes. Il faut bien comprendre ce que ça représente d’accueillir les JO : de nouveaux investissements massifs dans des équipements pour les sports d’hiver, les transports, une nouvelle perspective de rayonnement international autour du ski.
Cet événement sur une quinzaine de jour, à horizon 2030, va drainer énormément de moyens et d’énergie. Le problème c’est non seulement que les JO donnent un signal à contre-sens de l’adaptation, mais aussi que l’on va investir de l’argent public dans un modèle obsolète au lieu de le consacrer au changement. On comprend que dans les Alpes, des citoyens se mobilisent déjà contre l’accueil de ces JO d’hiver.
C’est là que l’on trouve un écho avec le rapport de la Cour des Comptes qui insiste particulièrement sur le besoin de cohérence dans l’action publique. Ce dont nous avons besoin, plus que de messages contradictoires, c’est d’un vrai plan national d’adaptation pour les territoires de montagne, de même que l’on a su investir à une époque dans le plan neige. Pour ne pas continuer sur la mauvaise pente !
Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Stéphane Vernay, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, et Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La revue politique et parlementaire ;
- Le mardi : Corinne Bitaud, agronome et théologienne protestante, et Marie-Hélène Lafage, consultante en transition écologique auprès des collectivités territoriales ;
- Le mercredi : Clotilde Brossollet, éditrice, et Pierre Durieux, essayiste ;
- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne ; Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Elisabeth Walbaum, Déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante.
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