4 ans après, comment le confinement a-il changé nos vies ?
3 mois et 17 jours, c’est la durée totale du premier confinement instauré en France à partir du 17 mars 2020 en pleine pandémie du Covid-19. Quatre ans après, impossible d'ignorer l'impact profond et durable que le confinement a eu sur nos vies. Quelles conséquences cette période de crise sanitaire a-t-elle eu sur la société et quels souvenirs en gardent les Français ? Une émission Je pense donc j’agis présentée par Melchior Gormand.
Les confinements successifs de 2020 et 2021 ont indiscutablement changé nos vies. Ces derniers ont eu des impacts importants entre autres sur l’égalité, la santé mentale, la cohésion sociale et le niveau scolaire. Comment avons-nous évolué en tant qu'individus et en tant que société dans ce nouveau paysage post-confinement ?
Les impacts du confinement sur les personnes
Une période stressante et négative pour beaucoup...
"Plus de 50 % des sondés disent ressentir du stress, on a été confronté à nettement plus de sentiments négatifs". Voici l’un des résultats de l’enquête nationale PanelVico du CNRS sur les effets à long terme de la crise du Covid, à laquelle participe Anton Perdoncin qui parle lui d’une crise ressentie comme "brutale" pour la majorité des gens. Par ailleurs, selon Vie publique, la dépression, les pensées suicidaires et l’anxiété sont passées de 11 à 20,8 % chez les Français, entre 2017 et 2021, en particulier chez les jeunes. Ces chiffres inquiétants traduisent un impact fort du confinement sur la santé mentale.
Pour Marie, une auditrice fidèle de l’émission, le plus difficile a été de supporter le silence. Elle confie avoir été soulagée par la radio qui lui permettait d'entendre des voix humaines. La rupture des liens familiaux et sociaux font également partie des conséquences du confinement, selon Anton Perdoncin, sociologue et historien. Les jeunes et les personnes âgées sont les premières victimes de ce contrecoup. Sur le plan scolaire, l’Éducation nationale a confirmé que le niveau des élèves avait baissé durant la crise, en particulier pour les collégiens et dans les matières scientifiques.
... mais un épisode bien vécu par d'autres !
"Le confinement, c’était la révolution du rythme de vie, ça a changé de la routine métro, boulot, dodo”. C'est la première conséquence parfois vécue de manière positive du confinement selon Ettore Recchi, universitaire et directeur du programme de maîtrise et de doctorat en sociologie à Sciences Po Paris, ayant également lancé le projet de recherche Faire face au Covid-19 : distanciation sociale, cohésion et inégalité dans la France de 2020.
Cette période a resserré les liens familiaux.
D’après les données de l’enquête nationale PanelVico du CNRS, 4 personnes sur 10 se sont dites plus détendues, plus en forme ou plus heureuses durant le confinement. Le sociologue Anton Perdoncin explique ces résultats par une possibilité de se recentrer sur soi-même, de se reposer ou de renouer des liens grâce au répit offert par les restrictions.
Stéphane, un auditeur, a même déclaré "avoir passé de très bon moments durant la crise. C’est plutôt le déconfinement qui a été compliqué". Pour Pascaline, une autre auditrice habituée de l’émission, le confinement a été vécu comme un soulagement, car son mari qui travaille beaucoup, a pu se reposer et passer du temps avec leur jeune fille. "Cette période a resserré les liens familiaux", raconte-t-elle.
C’est plutôt le déconfinement qui a été compliqué.
Enfin, Martine, une auditrice du sud de la France, annonce avoir elle aussi passé un bon confinement grâce à son environnement et de son jardin qui lui ont permis de profiter d’une grande tranquillité. Ainsi, la situation professionnelle, l’entourage et l’environnement des confinés ont joué un rôle prépondérant pour leur santé mentale.
Les conséquences de la crise sanitaire sur notre société
"Nous avons tous été confinés, mais ça ne veut pas dire que nous avons été confinés de la même façon et que les conséquences ont été les mêmes". Pour Anton Perdoncin, cette crise sanitaire a exacerbé les inégalités en fonction des genres, des classes sociales et des zones d’habitation. Des propos confirmés par Ettore Recchi, qui donne comme exemple le travail à distance : "le télétravail est réservé aux classes moyennes et hautes, car un ouvrier doit toujours être sur le terrain pour réaliser ses tâches".
D’après le sociologue du CNRS, les élèves ont eux aussi subi des inégalités. "Pour le travail à la maison, les parents qui ont des facilités à enseigner sont ceux qui ont le plus haut niveau de diplôme et qui sont aussi les plus aisés, ce qui désavantage les élèves issus des familles précaires", souligne-t-il.
Nous avons tous été confinés mais pas de la même manière.
Le témoignage de Vinciane, une orthopédagogue et auditrice de l’émission valide cette analyse : "je constate un fossé de niveau entre les enfants qui ont vécu un confinement accompagné scolairement et ceux qui n’ont pas eu cette chance". Ettore Recchi complète d'ailleurs cette intervention en ajoutant que la baisse du niveau scolaire s'était ressentie dans tous les pays européens.
Autre conséquence sociale, la défiance envers la police, Ettore Recchi parle même de "peur du gendarme", à cause de l’explosion des contrôles des attestations et des contraventions durant le confinement. D'après lui, la police française a donné trois fois plus d’amendes que son homologue italienne sur les périodes de restrictions. Anton Perdoncin ajoute que durant le confinement et le couvre-feu, le taux de délations avait explosé, à tel point que les policiers se plaignaient des appels incessants.
4 ans après, que reste-t-il du confinement ?
Aujourd'hui, la crise sanitaire est terminée. Mais certaines conséquences persistent. Pour Ettore Recchi, la tendance qui a émergé durant le confinement et qui poussait la société vers les réseaux sociaux, pouvait être qualifiée de “pathologique”, et à juste titre car le Ministère de la santé et l’OMS ont confirmé la dangerosité et le caractère addictif des réseaux sociaux qui n'ont évidement pas fini de prendre de l'ampleur.
Les réseaux sociaux ont dégradé le comportement des jeunes.
Une auditrice nommée Pascaline, a également souligné que durant la crise, les gens se sont renfermés sur eux-mêmes et qu’un climat de méfiance s’était installé. Selon elle, les réseaux sociaux y sont pour quelque chose, car ils contribuent à l’isolement des gens, et en particulier des jeunes. "Les réseaux sociaux ont dégradé le comportement des gens et surtout des jeunes", précise-t-elle.
La tendance à la délation évoquée plus tôt contribue, selon Anton Perdoncin, a accentué le climat de méfiance et d'isolement mis sur la table par Pascaline.
Pour participer à l'enquête nationale du CNRS sur les effets de la crise du Covid : https://enquetes.univ-tlse2.fr/index.php/924718?newtest=Y&source=rafraiv426
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