Label agricole : "un surcoût minimum pour un impact maximum" estime Pierre Weill
A l’heure où les labels fleurissent, comment embarquer producteurs et consommateurs dans une démarche commune et vertueuse ? Pour en parler, Simon Marty reçoit Pierre Weill, ingénieur agronome et fondateur du label Bleu Blanc Cœur, en direct de Rennes.
Il y a vingt ans, un étude clinique est réalisée en France. Elle a alors pour but de démontrer l’impact de ce que mangent les animaux sur la santé de l’homme. "Quand on a vu les résultats de cette étude, on a eu l’idée de monter une association loi 1901 avec le médecin investigateur et l’agriculteur qui avaient participé à l’étude" explique Pierre Weill, ingénieur agronome et fondateur de Bleu Blanc Cœur. C’est ainsi qu’est né ce label.
Label agricole : l’impulsion de Bleu Blanc Coeur
Vingt-deux ans après, Bleu Blanc Cœur a bien grandi. Il représente plusieurs dizaines de milliers de personnes. "C’est la première démarche agro de qualité en France et on mesure ses impacts, quand on s’intéresse à la santé du sol, à la santé des animaux, avec un bénéfice sur la santé de l’homme, que l’on a constaté dans une dizaine d’études cliniques. Tout cela se regroupe dans une démarche collective qui organise la production et la distribution des produits qui portent le logo Bleu Blanc Cœur" ajoute-t-il sur RCF.
Cette démarche s’inscrit aujourd’hui dans l’air du temps. Dans les années 2000, la prise de conscience était encore un peu loin. "Ce n’était pas facile. Quand je regarde ces 22 ans, j’en suis très content. Cela a changé la vie de beaucoup de gens. Il faut se dire tous les jours qu’on a un bel objectif. Il faut un peu anticiper, écouter ce que dit la science quand elle est consensuelle, en tirer des enseignements en matière de société, en matière politique, et amener les gens à réfléchir à ça, et à travailler ensemble" lance Pierre Weill.
Faire concilier santé et pouvoir d’achat des Français
Depuis les années 2000, le nombre de labels a explosé. Ils n’ont pas tous les mêmes valeurs, pas tous les mêmes enjeux. Un catalogue bien rempli dans lequel le consommateur peut se retrouver un peu perdu. Les notions environnementales sont de plus en plus présentes au cœur de la société, mais au quotidien, on a parfois tendance à penser que cela reste un peu lointain. "Aujourd’hui le principal critère d’achat, c’est le prix. Il faut rendre les bénéfices environnementaux compatibles avec les pratiques, les goûts, et le pouvoir d’achat" estime le fondateur de Bleu Blanc Cœur.
A ce sujet, l’objectif de ce label a depuis le départ été de prôner un surcoût minimum pour un impact maximum. "Je veux toucher 100% des gens, pas seulement les 2% des gens qui sont riches ou conscientisés. Un lait Bleu Blanc Cœur aura entre 15 et 20% d’impact carbone de moins qu’un autre lait. Mais il n’est pas vendu deux fois plus cher en magasin, seulement quelques centimes de plus. Ces quelques centimes sont acceptables surtout s’il y a un bénéfice santé et un bénéfice goût à la clé" précise Pierre Weill.
"Exporter ce qu’on sait faire de mieux en France"
En Europe, Bleu Blanc Cœur a fait des petits. Le label existe aujourd’hui dans 12 pays, via des associations. Notamment dans les ex-pays de l’URSS, très concernés par les maladies du siècle, liées à l’alimentation, telles que le diabète ou encore l’obésité. L’occasion pour Pierre Weill de faire le point sur les bonnes pratiques, et avancer de concert. "C’est une initiative française : exporter ce qu’on sait faire de mieux en France parce qu’on a le terroir et les hommes pour ça" lance-t-il.
"On veut transmettre quelque chose qui va se développer. Je souhaite à tous les Français de retrouver le goût et les moyens d’acheter des produits qui leur font plaisir, et qui font plaisir à la planète" conclut l’ingénieur agronome, Grand Invité de La Matinale RCF en direct depuis Rennes, à l’occasion de l’opération spéciale "Présidentielle : la voix des régions".
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