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Crack à Paris : quelle prise en charge pour les consommateurs ?

Un article rédigé par Clara Gabillet - RCF,  - Modifié le 30 septembre 2021
Le dossier de la rédactionCrack à Paris : quelle prise en charge pour les consommateurs ?

Comment gérer le phénomène du crack à Paris ? Une réunion doit se tenir ce jeudi pour trouver une réponse, sous l’autorité du préfet de la région Île-de-France et du préfet de police, avec la mairie de Paris. Et cela près d’une semaine après l’expulsion de plusieurs consommateurs de cette drogue, désormais installés à la porte de la Villette près du périphérique au nord de la capitale. Les riverains, les élus et les associations espèrent désormais des solutions durables.

Manifestation de riverains et d'élus à Pantin mercredi 29 septembre - Photo : Clara GabilletManifestation de riverains et d'élus à Pantin mercredi 29 septembre - Photo : Clara Gabillet

La situation se dégrade. Le crack à Paris n’est pas un phénomène nouveau mais il est en tout cas plus visible. Cela fait des années que la préfecture de police fait évacuer ces fumeurs de crack depuis les alentours de la gare du Nord jusqu’à la porte de la Villette. Un nouveau campement s’est créé près du périphérique, où une centaine d’hommes et de femmes errent et consomment ce dérivé de la cocaïne peu cher. En proie à des délires, certains peuvent être dangereux. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin parle d’une “dizaine d’agressions à caractère sexuel en 15 jours”.

 

Depuis vendredi, un mur a été bâti pour empêcher ces toxicomanes de quitter la zone où ils sont installés et d’aller à Pantin en Seine-Saint-Denis, la ville voisine, qui jouxte celle d’Aubervilliers. Mais ce mur n’a rien réglé. Les riverains du quartier populaire des Quatre-Chemins sont excédés et espèrent une prise en charge de ces personnes. “C’était des gens comme nous. Ils avaient peut-être un boulot, une situation. Et là on nous les jette comme ça. Ils volent, ils nous agressent. Il y a déjà assez de problèmes à Aubervilliers. Mettez-les dans un hôpital, soignez-les ! Nous on est la poubelle du 93”, alerte Nadia, habitante d’Aubervilliers mobilisée mercredi soir près du mur et des consommateurs de crack. 

 

Manifestation de riverains et d'élus à Pantin le mercredi 29 septembre - Photo : Clara Gabillet

 

Un dialogue difficile entre l’exécutif et les élus de terrain

La colère est partagée par les maires de ces villes. 36 élus de Seine-Saint-Denis ont écrit, mardi, une lettre au premier ministre Jean Castex pour dénoncer le manque de concertation. Ils demandent des soins pour ces toxicomanes.

 

Chacun se renvoie la balle. Le ministre de l’Intérieur demande à la maire de Paris Anne Hidalgo de trouver des lieux pour ouvrir des unités de soin quand elle réclame des moyens pour le faire. “À la ville de Paris, les écologistes et la majorité n’ont cessé de demander ces derniers mois la création d’un réseau d’unités de soin [...] et on a attendu pendant très très longtemps un arbitrage de la part du Premier ministre. L’inertie est aussi liée à un manque de courage politique”, regrette Alice Timsit, conseillère écologiste du 19è arrondissement de Paris et déléguée du conseil de quartier du bassin de la Villette.

 

Même son de cloche du côté des associations qui œuvrent tant bien que mal pour accompagner les usagers de cracks avec des maraudes mais aussi dans des centres d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (CAARUD). Une seule salle de consommation à moindre risque (SCMR) existe à Paris, à titre expérimental, communément appelée salle de shoot. “C’est pas avec ça qu’on va s’occuper de la scène crack parisienne”, déplore Christian Andreo, administrateur de l’association Gaïa et secrétaire général de la Fédération Addiction.

 

Les salles de consommations à moindre risque vont être prolongées jusqu’en 2025, toujours à titre expérimental, a annoncé le ministre de la Santé Olivier Véran la semaine dernière. Ces salles où les consommateurs peuvent consommer leur drogue, supervisés par des médecins et éducateurs seront renommées “halte soin addiction”. 

 

Les salles de consommation à moindre risque, un dispositif efficace ?

 

Ces salles sont efficaces, à en croire une étude de l’Institut national de la santé et la recherche médicale (Inserm), de mai dernier. Dans les conclusions, il y a “une réduction des overdoses, des pratiques à risques de transmission du VIH et de l’hépatite C, réduction de l’injection dans l’espace public et des délits déclarés par ces personnes”, détaille Marie Jauffret-Roustide, sociologue à l’Inserm. 

 

Pour l’instant, il n’existe que deux salles de consommation à moindre risque en France, à Paris et à Strasbourg. Une troisième ouvrira vendredi 1er octobre à Lille. 

 

La désintoxication de ces consommateurs est-elle une solution réaliste ?

 

La présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse veut ouvrir un centre de désintoxication. C’est une option qui pourrait être réaliste si les consommateurs formulent le souhait d’être sevrés mais ce n’est pas toujours le cas. “Le problème de la désintoxication forcée, ce sont des options proposées dans les pays totalitaires, contraires aux droits de l’Homme et inefficaces. Il faut d’abord qu’il y ait une volonté de leur part et un environnement médico-social qui leur permette d’arrêter dans les meilleures conditions”, explique Marie Jauffret-Roustide, qui parle d’un retard de la France, qui pénalise surtout les consommateurs plutôt que les trafiquants. 

 

En attendant d’éventuelles nouvelles politiques publiques, une mobilisation est prévue samedi à Stalingrad à Paris, ancien quartier des consommateurs de crack.

 

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