Covid-19 : "Le masque était un symbole de défiance", pour Martin Steffens
Ce lundi 14 mars, le passe vaccinal comme le port du masque ne sont plus obligatoires dans de nombreux lieux. Un soulagement pour le philosophe Martin Steffens. Selon lui, le masque était devenu "un symbole de défiance". Au micro d'Étienne Pépin, il tire des leçons politiques de l'épidémie. Et enjoint chacun à ne pas oublier "la gravité" de ce que nous avons vécu.

Redécouvrir enfin nos visages
Dès ce lundi 14 mars, on ne nous demandera plus le passe vaccinal au cinéma, au théâtre ou dans les restaurants. Et le port du masque n’est plus obligatoire dans les commerces, les lieux de culte en entreprise et à l’école. Ainsi, les enseignants vont enfin voir le visage de leurs élèves en entier. "Notre grande surprise, ça va être d’avoir du mal à reconnaître les gens, prévoit Martin Steffens, non pas parce qu’ils ont un masque mais parce qu’ils n’en ont plus !"
Sans doute avec le masque avons-nous été "plus attentif au pétillement des yeux", suppose Martin Steffens. Mais le philosophe ajoute "Lévinas disait que le visage il faut le prendre en entier, on ne peut pas le découper, ce n’est pas des yeux plus un nez plus une bouche…"
Le masque était devenu "un symbole de défiance"
"Le visage effacé est devenu l’emblème de la crise générale que nous subissons." Pour Martin Steffens, "le masque était un symbole de défiance". Il suggérait "l’idée que la relation est d’abord quelque chose qui a un rapport à la contagion, à la contamination".
Le philosophe dénonce une politique sanitaire qui, pour "préserver la vie" lui a ôté "tout ce qui fait son sens et sa saveur, la relation, la joie d’être ensemble, etc. " Le masque est devenu à la fois "la condition de nos relations" et ce qui les empêche.
Le masque, un outil de propagande ?
"On n’est pas fait pour endurer un régime de contradictions", rappelle le philosophe, qui se souvient de "mesures absurdes". Quand il fallait porter le masque même en plein air, même lorsque nous étions seul dehors. De quoi en faire du masque "un drôle de symbole"… En tout cas "ça n’est jamais bon d’infantiliser les gens", considère Martin Steffens. "C’est Jacques Ellul que dit que propagande ce n’est pas tant l’orthodoxie - faire que tout le monde pense pareil - mais l’orthopraxie - faire que tout le monde ait un même geste, aussi absurde soit-il."
Des enjeux politiques autour du visage
Peut-être est-on en train de changer notre rapport au visage... Malgré la levée de l'obligation du port du masque, "j’ai un peu peur quand même que ça reste", confie, inquiet, Martin Steffens. "J’entends beaucoup de personnes qui disent j’ai pris le pli de me protéger des autres."
Notre visage, ce qui nous rend aux yeux des autres "absolument singuliers" et qui en même temps nous ouvre à la relation, devient "un organe éminemment politique", averti le philosophe. Depuis plusieurs années en Chine, la reconnaissance faciale est utilisée comme procédé d’identification. Avec son livre "Faire face - Le visage et la crise sanitaire" (éd. Première Partie), coécrit avec Pierre Dulau, Martin Steffens enjoint chacun à tirer des leçons politiques de la pandémie. Et à ne pas oublier "la gravité" de ce que nous avons vécu.
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