Accueil
"A force de les entendre, on ne se rend plus compte de la charge subversive des Évangiles", plaide Matthias Petel

"A force de les entendre, on ne se rend plus compte de la charge subversive des Évangiles", plaide Matthias Petel

Un article rédigé par Maguelone Peuchot - RCF, le 22 février 2024  -  Modifié le 22 février 2024
L'Invité de la Matinale "À force de les entendre, on ne se rend plus compte de la charge subversive des évangiles", plaide Matthias Petel

Il renverse les puissants. Tiré du Magnificat, cette citation est aussi le titre d'un livre coécrit par Timothée de Rauglaudre, Jean-Baptiste Ghins et Matthias Petel. Invité de la matinale, Matthias Petel présente ces 12 portraits de figures de chrétiens contestataires. Dans leur foi, ils ont puisé leurs engagements politiques, citoyens ou sociétaux.

Matthias Petel ©RCF Matthias Petel ©RCF

"Heureux ceux qui ont faim et soif de justice car ils seront rassasiés". Ce verset de l'Évangile selon Matthieu a inspiré de nombreux chrétiens contestataires notamment ceux du XXe siècle. 

L’Évangile, une inspiration pour des combats sociaux ? 

Depuis les premiers siècles, les chrétiens puisent dans leur foi pour nourrir leur combat politique et social. Matthias Petel décrit "l’héritage à explorer" et qu’ils n’étaient pas "les premiers à avoir cette volonté d’articuler lutte sociale et foi chrétienne". Il insiste sur l’évidence d’un message social. Selon lui, l’Église a elle-même une doctrine sociale très fournie. Il estime avec les autres auteurs de Il renverse les puissants "que ce message social doit trouver une forme de traduction politique". C’est ce qu’ont fait plusieurs personnages chrétiens emblématiques qui ont consacré leur vie à l’amélioration de la société au XXe siècle.

Fannie Lou Hamer a découvert dans son église qu'elle avait le droit de voter.

Des combattants

Le livre se consacre à 12 figures symboliques notamment Dorothy Day, Gustavo Gutierrez, Ivan Illich, Emmanuel Mounier, Fannie Lou Hamer ou encore Vida Scudder. Plus ou moins oubliés, ces personnages avaient pourtant "une charge radicale dans leur message" indique Matthias Petel. 

Née dans le Mississippi ségrégationniste de 1917, Fannie Lou Hamer est une femme qui vit au cœur de sa famille la violence du système racial américain. "Elle fait partie de cette grande tradition de la Black Church. Les institutions religieuses afro-américaines ont utilisé la foi chrétienne comme levier d'émancipation", raconte Matthias Petel. Il ajoute que "les esclaves vont s’approprier la foi du maître pour en faire une foi de libération”. Dans la Bible, l’exode et le témoignage du peuple hébreu qui sort de l’Egypte sont des passages extrêmement inspirants.

Pour Matthias Petel, Fannie Lou Hamer "incarnait extrêmement bien ces passages puisqu’elle venait d’une famille extrêmement pauvre et qu’elle a subi la violence physique et psychique de l’Empire racial américain.” Plus tard, elle décide de s’engager pour les droits politiques et économiques des Afro-américains. Sa foi l’a beaucoup aidé pour continuer la lutte. Matthias Petel raconte aussi que très régulièrement "elle utilisait des passages des Évangiles pour se rappeler que Dieu était toujours à ses côtés."

On a besoin de la foi chrétienne pour adhérer à un idéal de coopération.

L'Invité de la Matinale "À force de les entendre, on ne se rend plus compte de la charge subversive des évangiles", plaide Matthias Petel

Vida Scudder est aussi un des exemples de militantes chrétiennes qui pensent profondément à un socialisme chrétien. L'interviewé interpelle sur le fait "qu’elle se rend bien compte que ce sont des traditions souvent opposées historiquement". Il dit aussi que prenant exemple sur l’Évangile, elle souhaite mettre en place "un système de coopération plutôt qu’un système de compétition”. En 1912, Vida Scudder écrit qu’en imposant par la force le socialisme à la société, elle sera inévitablement amenée vers une forme de totalitarisme. Matthias Petel le décrit comme "une prémonition face aux dérives du régime soviétique". Il réfléchit à la portée de ces écrits qui mettent en lumière "une nécessité de révolution intérieure pour penser à des formes de coopérations sociales plutôt qu’à de la coercition."

Revendications 

Matthias Petel finit sur "l’idée de revendiquer des racines ou des traditions” et se désigne comme “chrétien contestataire". Prenant exemple sur ces figures, une soif de justice sociale et environnementale s'est éveillée en lui : "certains évènements comme la crise écologique nous impose une réflexion neuve sur les inégalités de la justice sociale et sur les équilibres écologiques."

Cet article vous a plu ?
partager le lien ...

©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
L'Invité de la Matinale

RCF vit grâce à vos dons

RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation  de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

  • Ce don ne me coûte que 0.00 € après déduction fiscale

  • 80

    Ce don ne me coûte que 27.20 € après déduction fiscale

  • 100

    Ce don ne me coûte que 34.00 € après déduction fiscale

Faire un don