L'Église dont je rêve · RCF Alsace
Émission présentée par Marie-Jo Thiel
La grande théologienne et philosophe Marie-Jo Thiel nous invite à réfléchir à l'Église d'après et se met à l'écoute d'acteurs engagés aux parcours divers qui bâtissent dès aujourd'hui l'Église de demain. Le vendredi à 11h15 et le dimanche à 9h.
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Une Église où tout le monde marche ensemble !
7 juillet 2023Invitée : Katia Guignard, ostéopathe de formation, aumônier d’hôpital à Strasbourg.
Alors que le processus synodal a invité à marcher ensemble, trop souvent, remarque l’invitée, chacun travaille dans son coin, par exemple en communauté de paroisse, il est difficile d’avoir un projet commun… À l’hôpital, on n’a pas beaucoup de liens avec les paroisses : celles-ci n’appellent pas forcément l’aumônerie quand un de leurs fidèles est hospitalisé ; et la réciproque est tout aussi rare. Le rêve de Katia Guignard serait que l’on sache faire des ponts entre les différentes réalités d’Église, c’est-à-dire les différentes missions au sein de l’Église ; que nous réalisions que nous faisons tous partie d’un même corps, et que nous « tirons tous à la même corde », que nous avons besoin les uns des autres, de la sensibilité de chacun. Pour marcher ensemble, il faudrait améliorer nos outils de communication, comme par exemple l’annuaire diocésain, et surtout miser sur les rencontres fraternelles à tous les niveaux !
Merci à tous les auditeurs et auditrices, fidèles à cette émission ! Si les rêves peuvent continuer – et ça fait du bien ! – puissent-ils aussi trouver des mises en œuvre dans la pratique !Une Église de prophètes, plus accueillante et plus évangélique.
30 juin 2023"Invité : Denis Ledogar, prêtre, religieux assomptionniste, aumônier au CHU de Strasbourg Hautepierre. Ancien infirmier-anesthésiste. Prédicateur au Jour du Seigneur.
L’Église parle souvent trop d’elle-même, se focalise sur ses rites, se recroqueville sur elle-même, alors qu’il lui faut, le pape Francois le rappelle, aller aux périphéries, accueillir, y compris émigrés, mettre fin au cléricalisme, parler un langage proche des gens, adapter la liturgie au monde d’aujourd’hui. Denis Ledogar rêve d’une Église de prophètes qui ose avancer au large, qui soit moins dogmatique et plus évangélique, qui ouvre ses portes à chacun, donne plus de place aux laïcs et aux femmes ; parle plus d’amour et moins d’interdits ; reste ouverte aux grandes souffrances et aux questions existentielles et sociétales ; cultive le dialogue interreligieux. Le Christ, rappelle l’invité, est un frère qui nous veut du bien !"Une Église vivante dans le web
23 juin 2023Invitée : Diana Parolin, membre du service communication du diocèse de Strasbourg, chargée de l’accompagnement des communautés de paroisses et des services diocésains à la communication
L’Église dont rêve l’invitée est une Église qui témoigne du Christ sur les réseaux sociaux et qui est à l’écoute du peuple de Dieu sur la toile, à l’instar de ce que vient d’écrire le Dicastère pour la communication dans sa réflexion intitulée « Vers une présence totale ».
C’est que les catholiques ont longtemps eu peur du web, par manque de compétence, de formation, de non-maîtrise des outils ou des risques associés (cybermalveillance, fake-news…). Aujourd’hui, les choses changent grâce à la sensibilisation à tous les niveaux de la pastorale diocésaine, des moocs* organisés par l’Église, des « influenceurs chrétiens », de la formation des agents pastoraux… L’enjeu est très important car ce n’est pas parce qu’une paroisse a une page Facebook qu’elle évangélise le continent numérique. Diana Parolin rêve d’une Église vivante dans le web et est engagée dans cette mission.
*MOOC = massive open online course. En somme: formation en ligne ouverte à tous,
Pour aller plus loin : Dicastère pour la communication, « Vers une présence totale. Une réflexion pastorale à propos de l’engagement sur les réseaux sociaux » (28 mai 2023)- Il s’agit du premier texte de ce dicastère depuis sa création par le motu proprio du 27 juin 2015.Une Église famille où règnent la bienveillance, l’amour fraternel et la joie
16 juin 2023Invitée : Monique Lohr, coopératrice en pastorale à la retraite, engagée dans la paroisse pour la préparation au mariage ; conseillère conjugale, accueil des couples en questionnement.
L’Église dont rêve notre invitée est une « Église famille » où tous les membres se reconnaissent comme enfants d’un même Père et où règnent la bienveillance, l’amour fraternel et la joie. Dans les paroisses, les lieux de débat et d’échange sont rares et quand ils sont proposés, rares sont les participants !! Il faut dire que l’architecture des églises-bâtiments n’invite pas à la convivialité ! Pour avancer, la première ressource reste l’Évangile, et puis certains textes comme ceux du Concile Vatican II méconnus de la plupart des croyants. L’on pourrait s’appuyer aussi sur les mouvements d’Église, donner une véritable place aux femmes, pas en « contre-pouvoir », mais en « responsabilité avec ». Et pourquoi ne pas changer l’organisation spatiale de nos églises, oser enlever certains bancs, pour faire de la place, pour favoriser les échanges ? Maintenir si possible une rencontre chaque dimanche ou un dimanche sur deux dans chaque paroisse, pour favoriser la fraternité sous diverses formes : apéritif, repas partagé, rencontre autour d’un thème, messe… Et en l’absence de prêtre, rythmer chaque rencontre autour de la Parole de Dieu partagée, prière du Notre Père, communion… Saveurs d’Évangile propose de belles pistes.À la suite de Jésus, une Église humble et servante
9 juin 2023Invitée : Denise Baumann, sœur de la Charité de Strasbourg. Elle a assumé de nombreuses responsabilités de haut niveau au sein de sa congrégation (internationale) dans le sillage de Vincent de Paul, dont elle est élue supérieure générale (1989-2001). Elle a dirigé le premier groupe hospitalier privé d’Alsace, le groupe Saint-Vincent, et échafaudé la Fondation Vincent de Paul.
L’être humain a besoin de figures exemplaires pour se construire. Les croyants cherchent des témoins qui leur parlent de Jésus et le « mettent en pratique ». Parmi ces témoins, l’invitée retient surtout Vincent de Paul (1581-1660) et Louise de Marillac (1591-1660) qui ont ensemble fondé les Filles de la Charité et qui pourraient encore aider l’Église à affronter la crise actuelle comme ils l’ont fait en leur temps. Pandémies, guerres, désordres moraux, questionnements internes à nos églises, tout cela ne doit pas nous accabler mais nous conduire à de réels discernements et à porter une présence chrétienne au cœur du monde d'aujourd'hui : porter l'Évangile en actes à l’humanité blessée comme le préconisait Vincent de Paul... Sr Denis rêve d’une Église synodale en position d'écoute et de solidarité, « hôpital de campagne » (pape François), plus simple, plus fraternelle et plus spirituelle.
Pour découvrir l’invitée : Denise Baumann : Ce que vous faites au plus petit, Éditions du Signe, 2019.Une Église de liens et de solidarité
2 juin 2023"Invité : Jean-Georges Rohmer, médecin psychiatre au CHU de Strasbourg, responsable du CRAVS Alsace (Centre ressources pour les auteurs de violences sexuelles)
L’Église ne renonce-t-elle pas en partie à la solidarité quand elle restreint sa communication à des concepts spirituels qui peuvent apparaître détachés de la réalité ? L’invité a l’impression que la dimension spirituelle n’est plus le but mais un refuge. Or le lien passe par la transmission de valeurs avant la transmission d’un dogme ou de réponses toutes faites. Le disciple du Christ doit d’abord vivre de sa foi et ainsi montrer l’exemple en prenant soin de l’autre. L’invité s’en explique à partir de son terrain professionnel où il rencontre des auteurs de violences sexuelles. Et là, la mise en œuvre de son rêve consiste aussi à accepter la faillibilité et la relativité. Le traitement ne peut pas être une simple exclusion mais passe par l’acception de la réalité.
CRAVS Alsace : https://www.chru-strasbourg.fr/service/centre-ressource-pour-laide-a-la-prise-en-charge-des-auteurs-de-violences-sexuelle-cravs/"Une Église d’hommes et de femmes passionnément vivants aujourd’hui et dans ce monde
26 mai 2023"Invité : Isabelle Beyrouthy, aumônier d’hôpital à Hautepierre-Strasbourg. Animatrice d’une émission sur RCF Alsace : « Passionnément vivants » dans le magazine « Polychrome »
Dans le monde de la maladie, du handicap, dans les quartiers difficiles, la morosité peut submerger. Tout comme la décroissance de la pratique religieuse. Et pourtant la Parole de Dieu peut aider à aller à l’essentiel, à se regarder avec bienveillance, à rester optimiste malgré tout, avec nos limites et nos charismes ! Si l’Église, c’est nous tous, toi, moi, chacun et chacune, construisons-la avec l’Espérance ! Mais cela signifie aussi : être à l’écoute de la différence, être des personnes debout, se parer le cœur à l’instar de cette jeune fille handicapée mentale qui a mis sa plus belle robe pour enregistrer une émission radio…
Polychrome · RCF Alsace : https://www.rcf.fr/culture-et-societe/polychrome-rcf-alsace?episode=275084"Une Église audible
19 mai 2023Invité : Arthur Helmbacher, journaliste : d’abord à la radio (Europe 1 puis RCF Alsace), et actuellement journaliste « télé » à BFM Alsace.
L’invité rêve d’une Église qui, conformément au message de l’évangile, aurait le souci de s’adresser aux gens. Et donc qui se donnerait les moyens d’être entendue, allant à la rencontre des gens et adaptant la manière dont elle s’exprime. Qui, parmi les catho pratiquants, n’a jamais assisté à une messe sans rien comprendre, au sens propre, de ce qui se raconte? Sono défaillante, officiant marmonnant dans sa barbe, chorale qui chante mal et faux, etc. De quoi est-ce le symptôme ? Se faire entendre, ne devrait-il pas être le premier souci des prêtres, des paroissiens et des équipes pastorales ?
https://www.bfmtv.com/alsace/replay-emissions/bonsoir-l-alsace/Une Église qui se met au service de la Parole
12 mai 2023Invité : Hervé Murat-Paradis, prêtre, responsable de Ste Marie Église Centre Ville à Mulhouse (68), membre de l’équipe d’animation du Centre Porte Haute, lieu ignatien à Mulhouse.
L’Église dont rêve l’invité, c’est une Église qui se met délibérément au service de la Parole qui ouvre à chacun l’horizon d’une vocation unique et singulière. La crise des abus est à cet égard une trahison de ce service de la Parole libératrice de l’Évangile. Des hommes d’Église ont détourné la Parole pour asservir : c’est une trahison de l’Évangile qui mène à la liberté comme le dit Ga 5, 13 : « C’est à la liberté que vous avez été appelés ». Charles Péguy l’exprime à sa manière : « Quand on a goûté ce que c’est que l’agenouillement d’un homme libre, on n’a que faire des prostrations d’esclaves ». Or trop de chrétiens n’ont droit qu’à une prédication indigente, ou sont privés du trésor de la Parole ; les groupes de partage d’Évangile sont rares… Pourtant, « Ignorer les Écritures, c’est ignorer le Christ » (s. Jérôme). L’Église doit entrer en dialogue avec le monde dans lequel elle vit, « se faire conversation » (Paul VI).
Prêtre, l’auteur a lancé bien des initiatives : des parcours bibliques, une école de la prédication incluant des femmes, la démarche synodale, la pratique de l’accompagnement…
Voir aussi :
https://sainte-marie-mulhouse.fr/2023/01/09/marcher-ensemble-cest-leglise-dont-je-reve/
https://sainte-marie-mulhouse.fr/2023/01/09/leglise-que-jespere/
https://centreportehaute.org/Une Église qui aime Dieu et le prochain
5 mai 2023Invitée : Isabelle Moulin, philosophe, maîtresse de conférences HDR à la faculté de théologie catholique de l’Université de Strasbourg.
Ce rêve note l’invitée, peut sembler paradoxal ! Tout le monde ne connaît-il pas cette sentence de Jésus : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit : voilà le plus grand et le premier commandement. Le second lui est semblable : tu aimeras ton prochain comme toi-même » (version Mt 22,34). Or on a l’impression parfois, notamment dans les médias, que toute la morale de l’Église et des chrétiens se résume aux 6e et 9e commandements, c'est-à-dire à la sexualité, aux questions de genre, aux divorcés remariés, etc. Des situations de vie qui posent question, certes, mais peuvent être guettées ici comme ailleurs par le pharisianisme qui est un réel danger pour l’Église d’aujourd’hui. Aimer l’autre, c’est accueillir l’altérité, articuler l’identité et la différence. Or trop souvent, on juge et condamne : les migrants, les femmes, une orientation sexuelle… Il y a comme une perte de l’élan originaire des disciples à la suite du Christ. La synodalité est une belle ressource à condition de ne pas rester un vœu pieux. Tout comme la formation théologique qui est le « levain » permettant aux chrétiens d’être effectivement « levain dans la pâte ». Et nous avons besoin de laïcs formés.- Invité : Jean-Marie Danion, Professeur émérite de psychiatrie à l’Université de Strasbourg, ancien chef de service et chef de pôle de psychiatrie aux Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, Président de Route Nouvelle Alsace.
L’Église dont rêve l’invité, c’est une Église qui accueille et accompagne les personnes en situation de handicap et les personnes les plus vulnérables, en accord avec le message évangélique d’un Dieu attentif aux plus vulnérables et aux déshérités. Cet accueil et cet accompagnement ont pour objectif l’insertion ou la réinsertion sociale et professionnelle des personnes en situation de handicap, dans une perspective d’inclusion et d’établissement de liens sociaux, ainsi que Jean-Marie Danion le pratique comme président de Route Nouvelle Alsace qui est une association de réinsertion sociale et professionnelle de personnes en situation de handicap psychique. Les besoins sont immenses, très divers et loin d’être satisfaits, d’autant que les associations sont très inégalement réparties sur le territoire. L’un des enjeux majeurs est la lutte contre la stigmatisation et les discriminations dont sont victimes ces personnes. Pour ce faire, l’invité propose de susciter le bénévolat, de faire évoluer les mentalités, de prendre soin y compris des accompagnateurs grâce à un management respectueux et bienveillant, de permettre à chacun de prendre conscience de ses propres vulnérabilités et de ses limites car c’est la reconnaissance de ses vulnérabilités qui permet d’accueillir l’autre avec bienveillance, compassion, sollicitude, mais aussi indulgence.
Route Nouvelle Alsace : http://www.r-n-a.org/page_strhome_rna/index.php Une Église inclusive et tolérante
21 avril 2023Invitée : Odile Bagot, gynécologue obstétricienne, psychosomaticienne, enseignante en sexologie à l’Université de Strasbourg, organiste dans sa paroisse.
L’Église dont rêve l’invitée, c’est une église inclusive, tolérante, vraiment ouverte à tous et qui saurait, en toute humilité et intelligence, se remettre en question, en particulier quant aux postures de l’Église sur les questions de contraception, de PMA, d’orientation sexuelle et d’identité sexuelle… Car, note Odile Bagot, en suivant la sociologue des religions Danièle Hervieu-Léger, c’est précisément sur ces questions de sexualité que s’est faite, dans les années soixante, la prise d’autonomie puis l’éloignement des couples par rapport aux recommandations de l’Église en matière de morale sexuelle.
Les difficultés et les défis sont nombreux. Sur les questions autour de la sexualité, suggère l’invitée, il ne faut pas appuyer sa réflexion uniquement sur des experts appartenant à l’Institution, mais également tenir compte des dernières données scientifiques sur l’évolution des comportements, se rendre compte du gouffre qu’il y a entre les recommandations de l’Église et les choix que font les fidèles, avec deux risques : la culpabilité ou l’éloignement !
Odile Bagot a écrit de nombreux ouvrages de vulgarisation des questions de femmes et de couples, en particulier sous l’avatar de Mam Gynéco : Ménopause, pas de panique ! ou : Vagin et Cie on vous dit tout ! ou encore : Mon guide de survie gynéco, etc.- Invité : Bernard Guillot, Co-directeur RCF Alsace, homme de médias depuis toujours, engagé dans le témoignage chrétien au-delà des particularismes ecclésiaux.
De plus en plus souvent quand, dans un musée ou ailleurs, le guide explique un tableau ou une sculpture relevant d’un thème biblique, les visiteurs admirent l’harmonie d’ensemble, les techniques mises en œuvre, mais sont incapables de faire le lien avec le thème dans les Écritures. Dans la société, les prises de parole et de position des Églises ne sont plus attendues. Les scandales récents décrédibilisent. Comment répondre à cela ? L’invité propose de se tenir au milieu des hommes et femmes d’aujourd’hui, d’oser l’inventivité (« try and learn » !), le format « Église ouverte », de faire confiance, d’ouvrir le dialogue sur le principe de la synodalité et de s’appuyer sur le sacerdoce universel (une des bases de la Réforme).
https://www.facebook.com/RCFAlsace/ Une Église ouverte, en dialogue avec le monde et sachant communiquer
7 avril 2023"Invitée : Christine Nonnenmacher, journaliste, rédactrice en chef de L’Ami Hebdo, engagée en paroisse, présidente du conseil de fabrique.
Dans les crises contemporaines, y compris en Église, les journalistes sont souvent en première ligne. On leur confie bien des éléments d’information, mais la quantité de « Off » n’est-elle pas parfois disproportionnée ? Alors que le travail des journalistes a été essentiel dans la révélation des agressions sexuelles et abus dans l’Église et la société, l’invitée rappelle aussi les difficultés concrètes : la culture du secret, la non-transparence, l’infantilisation des fidèles, la non-compréhension des codes de communication qui conduit à des critiques du style : « ils écrivent n’importe quoi et ne comprennent rien à l’Église », etc. L’institution a aujourd’hui tout à gagner en professionnalisant davantage sa communication et en formant son personnel car on ne s’improvise pas communicant…
L’Ami Hebdo : https://www.ami-hebdo.com/"Une Église de la profondeur, fraternelle, humble et au service des hommes et de
31 mars 2023"Invité : François Vignon, modérateur de la Communauté du Puits de Jacob, marié, médecin spécialiste retraité.
Dans les années 1960-70, dans la suite de la redécouverte de la figure de l’Esprit-Saint, sont nées de nombreuses « communautés nouvelles » semblant indiquer une nouvelle Pentecôte pour l’Église (Ac 2,42sq.). Et puis quelques années plus tard, voilà que l’on découvre que nombre de « fondateurs » ont abusé de jeunes recrues pleines du désir de Dieu. L’invité analyse cet effondrement et esquisse des pistes pour avancer : la vie fraternelle et des vrais lieux institutionnalisés de parole et de partage, une ouverture aux périphéries, une vraie synodalité, un discernement au cœur de l’action comme le préconise l’enracinement ignacien du Puits-de-Jacob… croire que Jésus n’abandonne pas son peuple, ce qui implique aussi de poser un vrai acte de foi.
Communauté du Puits de Jacob : https://puitsdejacob.org/"Une Église qui se reconnaît vraiment Corps du Christ et agit en tant que telle
24 mars 2023L’Eucharistie fait l’Église et l’Église fait l’Eucharistie, la formule bien connue d’Henri de Lubac interroge sur la place de l’assemblée dans la liturgie et dans le cadre de la crise actuelle, sur le rôle que joue sa non-reconnaissance comme Corps du Christ. La disposition des chaises, l’apport des offrandes durant la messe, la communion non seulement au Corps mais également au Sang du Christ sont particulièrement évocateurs car le prêtre ne peut rien célébrer sans les fidèles ! Il s’agit ainsi de repenser sérieusement à la manière dont TOUS les fidèles peuvent être pleinement parties prenantes de la célébration.Une Église qui se vit et s'exprime dans le quotidien, en toute simplicité
17 mars 2023Invité : François Muller, guide de tourisme, diacre à la paroisse de la cathédrale de Strasbourg
L’Église est en crise et les causes sont multiples ; mais quelle place y joue la neutralité exacerbée de ses membres ? L’invité évoque différentes expériences, en particulier celle de guide de la cathédrale : par ex. faire ou non le signe de croix avec de l'eau bénite en entrant dans la cathédrale devant tous les visiteurs. « On est chrétien, souligne-t-il, mais surtout on ne le dit pas, on le vit caché ». Autrefois, gestes, prières communes, objets religieux divers pouvaient scander une vie relationnelle avec Dieu, visible publiquement. Ne serait-il pas précieux de travailler à redécouvrir les signes de la foi chrétienne ? En tant que diacre chargé spécifiquement du tourisme à la cathédrale, l’invité conçoit que beaucoup d’attitudes et de petits gestes peuvent éveiller l’attention.Une Église dont le centre de référence n’est plus la paroisse mais le monde lui
10 mars 2023Invité : Michel Wackenheim, prêtre diocésain, archiprêtre émérite de la Cathédrale de Strasbourg
L’Église est une institution dont le centre de référence est la paroisse et où le rôle du prêtre est incontournable, acteur essentiel n’impliquant pas ou très peu les laïcs relégués dans la passivité. Or l’important n’est pas que l’institution perdure mais que l’Évangile continue d’être annoncé. L’invité rêve ainsi d’une Église dont le centre de gravité se déplace et soit non plus la paroisse mais le monde lui-même ; une Église où se vivent différentes facettes de l’humanité : spirituelle, culturelle, humanitaire… Invitation à imaginer une pluralité d’espaces innovants et ouverts à tout être humain, quel qu’il soit, avec la certitude que Dieu l’accompagne : « Je laisserai chez toi un peuple pauvre et petit ; il prendra pour abri le nom du Seigneur. Ce reste d’Israël ne commettra plus d’injustice ; ils ne diront plus de mensonge ; dans leur bouche, plus de langage trompeur. Mais ils pourront paître et se reposer, nul ne viendra les effrayer. » (Sophonie 3, 12-13)Une Église qui soit une maison sûre pour tous !
3 mars 2023Invitée : Anne Danion, professeure émérite de pédopsychiatrie au CHU de Strasbourg, engagée en divers lieux de réflexion et de prévention de la pédocriminalité dans l’Église.
Le scandale des abus sexuels mais aussi de pouvoir n’est pas spécifique à l’Église mais y est d’autant plus scandaleux que les messages du Christ, en particulier de protection, d’attention, d’amour au sens de respect de l’autre, sont ainsi bafoués, parfois même en tordant le sens théologique de ses paroles. Abuser c’est utiliser l’autre comme un objet au service de ses propres pulsions et désirs, c’est nier l’identité et la dignité propre de l’autre et finalement de soi-même. C’est tout le contraire du message chrétien et de l’engagement des pasteurs. L’Église ne doit pas être seule dans ce cheminement. Elle doit mieux former ses prêtres. L’invitée de l’émission est elle-même engagée dans la formation psycho-affective des séminaristes, les aidant à prendre mieux conscience de leurs motivations, des fragilités qui sont inhérentes à toute vie humaine, mais plus encore quand il faut s’engager dans le célibat. Il importe que chacun comprenne qu’il peut demander et recevoir une aide spécifique.Une Église qui ose se réformer et entrer dans une vraie démarche de rénovation
24 février 2023Invitée : Élodie Verdun-Sommerhalter, mariée, maman d’un enfant de 4 ans, laïque en mission ecclésiale (ou coopératrice de la pastorale comme on dit en Alsace), responsable de formations.
« Réforme » est un terme chargé d’histoire qui peut parfois faire peur... « En tant qu’institution humaine et terrestre », l’Église perpétuellement a besoin d’une réforme permanente qui est « signe de la vivacité de l’Église en chemin, en pèlerinage » ; « La réforme n’est pas une fin en soi, mais un processus de croissance et surtout de conversion. » (François, Vœux 2016 à la curie romaine). Sa rénovation comme pour un bâtiment, ne peut juste être un ravalement extérieur qui ne sert à rien quand les dysfonctionnements sont plus profonds. Mais cela prend du temps et il faut consentir à certains deuils, oser des décentrements, des conversions pastorales, et surtout mettre en pratique les changements, ne pas en rester à des diagnostics sans lendemain. Et l’invitée de l’émission de proposer un processus en trois « S » : Sobriété (simplification, équilibre), Subsidiarité (coresponsabilité) et Synodalité (penser en baptisés, tous égaux).
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