Soyons philosophes - page 2

Pour les « philosophes du contrat », la guerre est un penchant naturel de l’homme, c’est-à-dire primordial. Le contrat social qui nous lie tous tel qu’il est défini dans le Leviathan de Thomas Hobbes est fait pour instituer un Etat cherchant à assurer "la paix et la sécurité" des citoyens. Cet Etat est la sortie de l’état de « guerre de tous contre tous », Bellum omnium contra omnes, tel que décrit dans la Préface du De Cive, du même auteur. Un état de nature où la vie est « solitaire, misérable, cruelle, animale et brève ». Sortir de l’état de nature nous garantit-il pour autant la sécurité ?

La paix peut être un état individuel ou collectif. Elle peut être définie donc comme le calme et la tranquillité pour soi, en soi. Ou encore l’absence de trouble, de conflit, ou de guerre pour le corps social. Cette paix que nous sommes censés vouloir pour nous même et pour les autres n’est pourtant pas épargnée par la guerre qui semble surgir de partout.

Doit-on attendre des autres notre bonheur ? Faut-il le rechercher en soi et pour soi ? Qu’est-ce que l’on peut demander aux autres de faire pour notre propre bonheur ? La philosophie politique s’est toujours intéressée au débat et à la promotion des valeurs et normes qui sont aux fondements d’un ordre politique juste.

La liberté, ce n’est pas seulement l’absence d’entraves. La liberté, c’est aussi et surtout apporter à la collectivité à laquelle j’appartiens les moyens d’être plus forte, plus civilisée et contribuer à la solidité de l’intérêt général.

Le temps est à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de nous. C’est la succession des évènements et des phénomènes, les changements, les mouvements perçus. Mais c’est aussi et surtout leur représentation dans notre conscience. Mais au-delà des abstractions, dans un monde bien réel, le rapport au temps est un rapport de pouvoir.

La génération actuelle n’est pas propriétaire de la Terre. Cette prise de conscience est à l’origine de l’émergence du principe de précaution. Un principe qui n’a jamais été autant bafoué par une humanité pour qui l’extraction et la transformation des ressources s’emballe au point de provoquer une nouvelle extinction de masse d’espèces vivantes. Ce principe ne suffit plus, et il faut donc convenir des nécessaires mutations de la responsabilité politique.

Il y un millénaire, atteindre 40 ans était une longue vie. Aujourd’hui, on signe déjà des contrats avec acomptes et on développe des algorithmes dans des startups fortement capitalisées pour assurer la vie éternelle à de richissimes clients condamnés à cause de maladies incurables.

Quelles mutations la science fera-t-elle subir à nos corps au cours de ce siècle ? Jusqu’à quel point consentirons-nous à faire évoluer notre biologie ou à l’augmenter pour vivre plus et mieux ?

Le paradoxe du marché, c’est qu’il constitue un risque et un avantage à la fois pour nos économies. L’un des succès de l’Europe, c’est le marché commun. La paix et la prospérité dans les échanges et l’interdépendance commerciale. Marché unique, monnaie unique, destin unique. Mais rien n’est innocent. Quand on cède du terrain à un modèle de société, son emprise vampirise tout le système. Jusqu’à la pensée et l’idéologie

Le monde sera-t-il mieux demain ? Était-ce mieux avant ? Le progrès nous rend-il plus heureux ? Pas si sûr ! Les « bonds » technologiques ne sont pas toujours en avant.
Était-ce mieux avant ? Comment ne pas disqualifier le passé ni insulter l’avenir ? Le concept d’utopie, justement par ce qu’il est hors du lieu et du temps, peut être notre boussole.

Nous vivons une période où l’on constate des similarités avec la montée des totalitarismes dans l’Europe de l’entre-deux-guerres. Des mouvements politiques ont décidé de flatter les bas instincts des électeurs et réussissent dans les urnes. Ils germent sur le terreau de l’échec de la démocratie libérale. Sur l’humus des masses victimes des crises économiques et des nationalistes les plus violents et les plus aigris. Dans ce contexte, il devient tentant d’accuser l’autre.

La démocratie telle qu’on l’entend aujourd’hui, ce n’est pas seulement le pouvoir du peuple, le « demos » grec. C’est un régime qui comprend la défense de droits fondamentaux, la liberté de penser, d’aller et venir, une certaine conception de la paix et de la tolérance. En 2023, nous pensons qu’elle est notre seul horizon politique et institutionnel collectif possible. Mais ce régime ne prémunit aucune société de la haine et des extrêmes, ni l’exercice de la citoyenneté.

L’Homme est un être temporel. Comprendre le monde dans lequel on vit, analyser son propre parcours, celui des sociétés humaines nous amène à une inévitable rencontre avec le temps.

« Etre-là », au moment présent, c’est déjà une éternité pour qui sait bien regarder.

Les philosophes ne sont pas les détenteurs du savoir. Mais les étudier permet de comprendre pourquoi le pouvoir et la connaissance sont indissociables. La curiosité intellectuelle offre la possibilité de mettre un certain nombre de notions à l’épreuve du monde. Avant de mettre le monde à l’épreuve de ses idées.

Ce qui est vrai scientifiquement n’est pas forcément bon pour l’humanité et la planète. Car le paradoxe de la société du risque dans laquelle nous vivons peut être formulé ainsi : la production sociale des richesses est désormais inséparable de la production sociale de risques.

La fin ultime de l’exercice du pouvoir, sa responsabilité, c’est la paix et la prospérité. Cette noble cause lui confère un devoir de domination sur les autres champs de la vie, domination qu’elle doit assumer. La politique ne peut pas être un simple invité à la table de l’influence. Tout comme il ne peut pas y avoir de pensée politique sans philosophie politique de la domination et de la gouvernance.

Il y a 40 ans, l’expression « village mondial » popularisée par Marshall McLuhan résumait ce qu’on pouvait attendre de la mondialisation. Une réduction de la distance, plus d’interactivité, de disponibilité. Avec un smartphone, on a accès à plus d’information qu’un président des Etats-Unis qui exerçait ses responsabilités au 20e siècle. Mais les promesses de cette révolution d’un monde unifié par une communauté d’intérêt, l’internet et le commerce international sont-elles tenues ?

« Un tien vaut, ce dit-on, mieux que deux tu l’auras, L’un est seur, l’autre ne l’est pas. » Cet aphorisme popularisé par Jean de la Fontaine dans Le Petit Poisson et le Pêcheur illustre parfaitement le dilemme du prisonnier dans lequel est prise l’humanité face aux enjeux du climat et de la préservation des milieux et de la biodiversité.

« Ce que vous ensevelissez, ce ne sera que mon corps » est-il écrit dans le Phédon de Platon qui fait le récit de la mort de son maître Socrate et qui rapporte ses dernières paroles. C’est le récit d’un sacrifice pour la vertu.
Dans ma chronique du jour, j’explore la symbolique du sacrifice de Socrate.

Le philosophe Platon qui a transcrit les dialogues de Socrate écrivait dans le Protagoras que « l’intelligence de l’homme est une ressource qui suffit à tout. »

Alors pourquoi une intelligence artificielle ? Pourquoi n’y a-t-il pas de débat public sur cette question ? Où va le monde avec de telles technologies ? C’est l’objet de la chronique du jour.

Qu’est-ce que le travail ? Une activité humaine qui serait née socialement avec la révolution Néolithique et l’agriculture. Il y a de cela 10 000 ans, les hommes organisent leur temps selon des tâches de plus en plus précises. Le monde du travail moderne libère-t-il ou aliène-t- il ? est-il un reliquat de la hiérarchie sociale ? S’il est un outil de mobilité sociale, il ne protège pas contre les crises systémiques. Alors que penser du travail ? Comment donc penser une doctrine du temps qui redonne sa place à un instant non économique ?