Le jouet jurassien

La cité jurassienne de Moirans-en-Montagne est aujourd’hui considérée comme la capitale du jouet français.
Dès le 2ème siècle, cette ville était reconnue comme un haut lieu de la tournerie sur bois.

A la fin des années 1980, une association est créée et lance la Maison du jouet.
Puis lui succède le Musée du jouet qui obtiendra le label « Musée de France ».

Avec le retour des jouets en bois, l’ancrage culturel de cet objet dans les familles, le jouet jurassien relève la tête, même s’il n’aura plus jamais la place qu’il occupait avant l’arrivée des grands concurrents internationaux.

Dans le domaine des jouets miniatures, il faut citer les bateaux et les avions.
Mais dans l’Arc jurassien, cette production est anecdotique.
Il n’en est pas de même pour les jeux de société et en particulier les jeux d’échecs.

La ville de Dortan sur la frontière Ain-Jura a d’ailleurs acquis une renommée mondiale pour la fabrication de ces pièces.
Elle a été choisie par l’Islande, organisatrice du championnat du monde d’échecs en 1972, pour fournir plus de 17 000 pièces.

L’entreprise de trains miniatures Jouef a été l’un des fleurons du jouet en Franche-Comté.
L’usine principale, située à Champagnole dans le Jura, a été un atout majeur pour le développement de cette ville.

Mais Jouef a été, comme d’autres, victime des aléas économiques et d’erreurs de stratégie.
Entre les années 1970 et 2000, l'entreprise a changé plusieurs fois de propriétaire pour finalement tomber dans l’escarcelle du groupe anglais Hornby, son concurrent de toujours.

Jacques Greilsamer qui a créé la marque de miniatures Eligor dans les années 50 veut rendre plus solide son entreprise.
Minialuxe installée à Oyonnax a fermé ses portes en 1978 et son outilleur génial Louis Surber est donc libre, à la recherche d’un nouvel emploi.

Recruté par Eligor, il va même racheter plus tard cette entreprise.
Minialuxe qu’on croyait définitivement fermée, va renaitre de ses cendres en 2012 grâce à un passionné.

Après avoir résumé l’apparition puis le développement du jouet d’abord en bois puis en plastique dans l’Arc jurassien, il est une dernière catégorie de fabricants à présenter.

Ceux qui se sont spécialisés dans une certaine catégorie de jouets comme les jouets de premier âge, les jouets à traîner…
Ou dans la reproduction de véhicules de toutes sortes : voitures, camions, tracteurs, trains...
C’est le cas des sociétés Falquet d’Oyonnax et Eligor.

Il a longtemps été considéré comme le grand fabricant industriel de jouets dans le Jura : le groupe Smoby.
Fondée au début du 20ème siècle par Jean Breuil à Lavans-les-Saint-Claude, cette entreprise a grandi, notamment en absorbant ces principaux concurrents.

Ce qui lui a permis d’être le premier sur le marché du jouet en France.
Cependant dans les années 2000, Smoby a bien failli disparaitre suite à des malversations financières commises par plusieurs cadres du groupe.
Il a été repris par un autre fabricant familial, l’allemand Simba-Dickie.

C’est un fabricant de jouets jurassien qui a eu une grande renommée…
Le groupe Monneret a été fondé à Villards-d’Héria près de Moirans-en-Montagne, avant de s’installer à Lons-le-Saunier.
Après avoir lancé sa marque à succès Eria, il est devenu le leader européen du baby-foot.

Monneret aura finalement le destin de beaucoup d’autres, en étant racheté par le géant jurassien du jouet Smoby.
Smoby fondé par les familles Moquin et Breuil à Lavans-lès-Saint-Claude en 1924.

Dans les années 80-90, les entreprises jurassiennes du jouet se réunissent dans un groupement Superjouet.
Parmi elles, Favre, Charton, Lardy qui est l’une de ses fondatrices.

Ce rassemblement va se solder par la disparition de la plupart d’entre elles.
Puis c’est le tour d’Ecoiffier de Bellignat dans l'Ain.
Elle s’impose rapidement comme le champion des jouets en plastique, après l’échec de son rachat par Smoby.

L’entreprise de jouets Berchet d’Oyonnax dans l’Ain commence son activité pendant la Seconde guerre mondiale.
Elle fabrique des montures de lunette de qualité mais très vite elle s’oriente vers la fabrication de dinettes en plastique.

Elle devient leader de cette production en 1974.
Cinq ans plus tard, l’entreprise occupe la troisième place des fabricants de jouets à capitaux français.

La dernière entreprise jurassienne de jouets en bois de stature industrielle est Vilac.
Installée à Moirans-en-Montagne, elle est aujourd’hui avec Jeujura, leader sur ce marché.

Grâce à sa politique économique, cette société a su passer la crise des années 70 en visant le haut de gamme, qui était recherché par des nouveaux clients du monde entier.

La société jurassienne Educalux va tout faire pour résister aux grands fabricants de jouets.
Pour cela, elle va faire preuve d’ingéniosité et d’imagination.

Cependant, la marque sera rachetée par le groupe français Idéal Loisirs, qui deviendra dans les années 1980, le numéro 1 du jouet sur le marché national.
Cependant, son activité va se déliter et Educalux va faire partie des sacrifiés.

D’autres fabricants de jouets en bois ont existé dans le Jura avec des fortunes diverses.
Parmi eux, la marque JeuJura fondée par la famille Liègeon au début du 20ème siècle, avec sa fameuse maison forestière.

Malgré de nombreux bouleversements, elle existe toujours.
Elle est encore aujourd’hui l’une des deux entreprises jurassiennes de taille industrielle.
Fondée à Maisod, l'entreprise Educalux a été une grande fabricante de jouets d'éveil et pour le premier âge avant de fermer en 1992.

Dès la fin du 19ème siècle, l’entreprise Lorge fabrique des jouets à Vouglans.
Puis un siècle plus tard, elle s’installe à Moirans-en-Montagne et devient un acteur important sur le marché du jouet.

Autre exemple avec Giraud-Sauveur à Champagnole.
Cette société fabrique des chevaux en carton avant de diversifier sa production au début du 20ème siècle.
Le premier choc pétrolier lui sera fatal.

Le groupe Smoby englobe aujourd’hui presque tous les fabricants de jouets en plastique du massif jurassien.
Pour les jouets en bois, on constate un intérêt accru de la part des consommateurs.

Cette filière a toujours eu une image positive auprès de la population.
C’est en effet un objet solide et durable ce qui aujourd’hui, avec le dérèglement climatique, est un atout appréciable même s’il ne peut concurrencer en termes de prix et dans la variété, les modèles en plastique.

Malgré la domination de l’Asie et des Etats-Unis, la France occupe la 4ème position sur le marché mondial du jouet dans les années 90.
En 1995 ses exportations augmentent de 50%.
Une réussite due en grande partie aux fabricants de l’Arc jurassien.

Mais sur le marché français, les Jurassiens n’arriveront jamais à s’imposer face aux multinationales étrangères.
Alors, à l’exemple de l’entreprise Majorette de Lyon, les deux groupes Berchet et Smoby vont tout faire pour entrer en bourse.
Et vont se livrer une guerre farouche qui aura de graves conséquences.

Après la création du groupement de fabricants jurassiens Superjouet fondé en 1970, l’esprit d’entraide va s’étioler.
Chacun créant ses propres gammes et faisant concurrence aux autres membres.

Les années 1980 et 1990 sont aussi marquées par des concentrations, des fusions parmi ces fabricants.
Une autre mutation va avoir des conséquences pour les fabricants de jouets : l’évolution de la distribution avec le développement des grandes et moyennes surfaces.

A la fin des années 60, plusieurs fabricants jurassiens de jouets se regroupent dans une structure appelée Superjouet.
Ce groupement devient leader sur le marché du jouet en France.
L’un de ses membres, Berchet, rachète même une célèbre fabrique de poupées située à Perpignan, la société Bella.

En 1980, elle est en difficulté à cause d’une mauvaise gestion de ses actionnaires allemands.
Mais ce rachat ne sauvera pas un des fleurons de la création de poupées française.
Près de 700 salariés perdent leur emploi en Occitanie.

Dans les années 60, après les jouets en bois puis en plastique, arrivent les jouets électromécaniques grâce à la miniaturisation des moteurs.
Une autre caractéristique du jouet va se développer au début du 20ème siècle : les produits sous licence.

Le réalisateur américain Walt Disney va exploiter ce filon avec ses dessins animés.
Mais la première crise mondiale du pétrole va changer la donne en 1974.
Dans le Jura, plusieurs fabricants ont senti le vent tourner et se sont regroupés dès la fin des années 60 dans une structure appelée Superjouet.

Jusque dans les années 1970, le jouet en plastique était le maître du marché.
Permettant toutes sortes de formes et de couleurs, cette matière artificielle a favorisé la naissance et le développement d’une industrie du jouet tellement florissante que les industriels ont créé leurs propres salons et foires du jouet.

Evénements auxquels essayent de participer avec plus ou moins de succès les Jurassiens et les professionnels d’Oyonnax.
Dans les années 1960, un concurrent dangereux pour les fabricants européens et américains arrive sur le marché.
Le Japon qui pratique des prix de vente défiant toute concurrence.

A la fin du 19ème siècle et début du 20ème, Oyonnax devient le centre du développement du celluloïd et de l’acétate de cellulose.
Plusieurs sociétés sont créées pour fabriquer et exploiter ces matières plastiques.

C’est grâce à elles que les jouets vont devenir de plus en plus sophistiqués.
Après la Deuxième guerre mondiale, la fabrication d’objets en plastique se développe à grande vitesse.
C’est pour cette raison que la région d’Oyonnax prend le nom de Plastics Vallée, en référence à la Silicon Valley aux Etats-Unis.