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Lumière de Bethléem : une lueur dans les ténébres de la guerre

Un article rédigé par Maud de Bourqueney - Dialogue RCF (Aix-Marseille), le 11 décembre 2023 - Modifié le 12 décembre 2023
Le dossier de la rédactionLa lumière de Bethléem est arrivée à Marseille

En ces temps troublés de conflits dans le monde, la lumière de Bethléem vient surgir comme une petite lueur d’espoir. Comme chaque année, une bougie est allumée dans la grotte de la nativité puis diffusée à travers toute l’Europe. Cette année à Marseille, la cérémonie de transmission était organisée à la Cathédrale arménienne apostolique.

La lumière de Bethléem a voyagé de Linz jusquà Marseille © Maud de BourqueneyLa lumière de Bethléem a voyagé de Linz jusquà Marseille © Maud de Bourqueney

La lumière de Bethléem est allumée chaque année dans la ville de naissance du Christ. Au vu du contexte, c’est une palestinienne qui l’a allumée cette année. Les scouts autrichiens sont ensuite venus chercher la flamme mais en Jordanie et non en Israël pour des raisons de sécurité.

 

La lumière a ensuite voyagé jusqu’à Linz, en Autriche où des scouts de toute l’Europe sont venus récupérer un peu de lumière sur leurs bougies, pour diffuser à leur tour ce message de paix.

De Bethléem à Linz, de Linz à Marseille

Parmi eux, il y avait Annaïs, membre des Scouts et guides de France de Grasse, et Jules, membre des Eclaireuses et éclaireurs unionistes de France à Marseille. Scouts protestant et catholique unis pour la paix, ils ont tous deux rapporté la lumière jusqu'à Marseille.

Annaïs et Jules ont transporté la lumière depuis l'Autriche jusquà Marseille @Maud de Bourqueney

Jules, 15 ans, garde un souvenir puissant de son passage en Autriche :

C’est un symbole de paix, donc avec ce qui se passe en Ukraine ou en Palestine, elle a encore plus de symbolique. Par exemple, pendant la célébration, le message des Ukrainiens était vraiment porté avec beaucoup d’émotion. 

 

Annaïs, 13 ans, est épuisée mais elle est convaincue de l’importance de cette transmission:

On a tous besoin de ce symbole, c’est bien de montrer qu’on peut tous être en paix, au moins sur le temps de Noël.

Pendant la cérémonie, accompagnée des chants de la chorale arménienne, Jules et Annaïs ont déposé leurs lanternes sur l’autel, et à la fin de la cérémonie, les différents chefs de groupe scouts de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, mais aussi les représentants de la pastorale des jeunes de Marseille sont venus allumer une bougie pour l’emporter avec eux et diffuser la flamme à leur tour.

 

Chaque groupe scout devrait transmettre cette lumière de Bethléem dans les hôpitaux, les paroisses, les écoles, les maisons de retraite et à tous ceux qui leur en feront la demande.

 

La Cathédrale apostolique arménienne : un choix fort

La sélection du lieu n’a pas été laissé au hasard à Marseille. La Cathédrale apostolique arménienne donnait tout de suite le ton. Les autres années, à Marseille, les scouts ont plutôt eu le droit à des opérations festives, comme un pèlerinage de nuit dans le cœur de Marseille ou une randonnée.

Cette année, l’actualité poussait les organisateurs à choisir un symbole plus grave, selon Maritxu, une des organisatrices :

Jusqu’à présent, on était vraiment tourné vers la joie, parce qu’on pense que la lumière c’est la joie, et cette année, au vu du contexte qui est quand même difficile anxiogène, on s’est dit que cette lumière avait d’autant plus de sens si elle aussi était porté vers le monde qui nous entoure.

 

A Marseille, la communauté arménienne est toujours sous le choc après l’invasion du Haut Karabagh par l’Azerbaïdjan en septembre, et la fuite de 120 000 réfugiés arméniens. Pour Caroline, une autre organisatrice, le choix de la Cathédrale apostolique arménienne était donc une évidence :

Pour être en communion avec tous les pays qui sont en conflit, qui sont en guerre, qui sont dans la peur ! Que chaque jeune puisse repartir avec cette notion de la paix qui est si importante. 

Les chefs de groupe scouts vont diffuser à leur tour la lumière © Maud de Bourqueney

Des scouts arméniens comme vecteurs d’intégration

Le choix de la cathédrale est aussi lié à la renaissance d’un groupe de scouts arméniens à Marseille.

Robert et Mher sont chefs au sein de ce groupe. Ils sont tous les deux arrivés en France à 13 ans, le premier en 2015, le suivant en 2017. Ils ont témoigné de leur histoire pendant la cérémonie : la guerre, la peur, l’exil, l’intégration compliquée quand on ne connaît pas du tout la langue, puis la résilience, l’apprentissage du français et la solidarité de ceux qui leur ont tendu la main.

C’est cette fraternité et cette entraide qu’ils ont voulu transmettre en relançant ce groupe arménien des Scouts et guides de France.

Quand on est arrivés, on nous a aidés, donc on est reconnaissants et on veut transmettre cela pour aider les autres qui viennent d’arriver (Mher)

Leurs témoignages résonnent avec l’extrait d’évangile lu pendant la cérémonie :

Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! (Matthieu 25, 35-36)

Ce texte a été choisi par les scouts français la semaine juste après la venue du pape François à Marseille. Il fait directement écho à son appel à choisir « la culture de l’humanité » face aux migrants plutôt que la « culture de l’indifférence ».

Le dossier de la rédaction © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Le dossier de la rédaction
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