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RCF Les écoles théologiques d’Antioche et d’Alexandrie

Les écoles théologiques d’Antioche et d’Alexandrie

Un article rédigé par Jean Charmois - Dialogue RCF (Aix-Marseille),  -  Modifié le 17 novembre 2021
À l'écoute des Pères Les écoles d'Antioche et d'Alexandrie

Les différents sens de l’Ecriture : Origène, prolongeant la tradition rabbinique et celle de Philon d’Alexandrie,  a été le premier à définir trois manières d’interpréter l’Ecriture : le sens littéral, le sens moral et le sens mystique/allégorique. 
Origène et ses disciples usent et abusent du sens mystique/allégorique, et seront fortement critiqués par les représentants d’Antioche. 

(Pixabay) (Pixabay)

Quelle interprétation de l’Ecriture ?

A. Alexandrie

Vers la fin du IIIe siècle, sur la base d’une grande effervescence intellectuelle aussi bien dans le monde grec que juif, une école théologique nait et se développe : le didaskaleion.
L'exégèse allégorique d'Origène est la première et principale tendance de l'Ecole d'Alexandrie. D'autres traits achèvent de lui donner sa physionomie propre :

  • La tendance contemplative et mystique les porte à s'élever à la contemplation de Dieu, soit en lui-même, soit dans sa parole contenue dans l'Ecriture, Cette tendance contemplative a caractérisé également leur théologie.
  • La philosophie platonicienne  a leurs préférences, et les oriente dans le même sens par la considération des idées divines, transformées en logoï, les raisons d’être de toutes les choses créées.

L’école d’Alexandrie a largement été critiquée par son emploi exagéré de l’allégorie, parfois fondée sur la seule ingéniosité de l'interprète. Avec cette méthode, on pouvait soutenir et « prouver » n’importe quelle interprétation de la Bible. 

B. Antioche
Pour réagir contre les abus de l'allégorisme, l'Ecole d'Antioche s’appuie sur une analyse historico-grammaticale minutieuse : tout passage de la Bible a un sens littéral soit propre, soit figuré. 

Ils pensent que tous les textes ne sont pas également inspirés et ils leur accordent une autorité variable : l'Écriture est globalement inspirée par Dieu, mais écrite par des hommes dans des contextes historiques particuliers et selon les lois de l'esprit humain. 

La première condition exigée pour reconnaître une figure typique dans l’Ancien Testament est l’existence d’une ressemblance ou parenté forte avec une vérité de l’Evangile. L’écart entre le type et sa vérité est de l’ordre du « dépassement » : passage du particulier à l’universel, du matériel au spirituel. 

Mais les maîtres d'Antioche, en voulant réagir contre l’abus du symbolisme et de l’allégorie, tombent dans l'excès contraire : la Bible peut devenir un écrit profane sans le souffle divin. L'importance trop grande donnée à la lettre peut faire négliger l'esprit.

 

Qui est le Christ ?

Deux regards différents, qui s’avèrent aujourd’hui souvent complémentaires, mais parfois excessifs et dénoncés jadis comme hérésies.

A. Alexandrie

Regard théologique 1 : le Christ est le Verbe de Dieu, consubstantiel au Père. L'unité de Dieu vient en premier. C’est Dieu qui vient nous sauver.

Regard théologique 2 : Le Christ est un. La divinité et l’humanité sont unies sans mélange dans l’unique personne du Christ (Cyrille d’Alexandrie, concile d’Ephèse). 

B. Antioche

Regard théologique 1 : Les personnes divines sont nettement distinctes, et on les appelle hypostases, c’est-à-dire substances

Regard théologique 2 : Ce qui n’a pas été assumé n’est pas sauvé. Donc le Christ est un homme complet, corps, âme et esprit. Distinction entre celui qui a assumé et celui qui a été assumé, les 2 étant unis par une conjonction due à la volonté unique du Christ. 

 

Des tendances profondes discernables encore aujourd’hui

La question du péché originel et de la liberté
Sur ce sujet, avec des nuances, les 2 écoles se rejoignent. Pour tous les Pères grecs, quelle que soit leur école, le premier homme est plutôt un enfant ignorant qui fait un mauvais usage de sa liberté, d’où sa chute. 

Pour l’école d’Alexandrie, Dieu vient supprimer la mort par la résurrection. La condition de l’homme déchu est restaurée dans le Christ nouvel Adam. L’empire de la mort disparait chez ceux qui sont baptisés et qui vivent dans la foi. Mais selon cette façon de voir, la responsabilité de l’homme pourrait être ignorée

Pour l’école d’Antioche, le Christ nous révèle la puissance de notre liberté, et rend l’homme personnellement responsable, en n’étant plus assujetti à la faiblesse de sa nature. Mais selon cette façon de voir, la grâce de Dieu pourrait être ignorée.

 

Le balancier des conciles

431 : 3ème concile œcuménique d’Ephèse. Les exagérations de l’école d’Antioche sont condamnées : le nestorianisme. Cyrille d’Alexandrie triomphe.

451 : 4ème concile œcuménique de Chalcédoine. Retour du balancier. Les exagérations des disciples de Cyrille sont condamnées : le monophysisme. 

553 : 5ème concile œcuménique de Constantinople. Nouveau retour du balancier. Les intuitions de l’école d’Alexandrie sont reprises

L’alternance des positions théologiques montre ainsi la vérité de chacune d’elles. Encore aujourd’hui on pourrait dire que la position catholique (ou orthodoxe) est plutôt alexandrine : importance du symbolisme sacramentel, hiérarchie ecclésiale, verticalité divine du Christ. Alors que la position protestante serait plutôt antiochienne : valeur historique de la Bible, liberté et responsabilité, horizontalité humaine du Christ. 

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À l'écoute des Pères sur Dialogue RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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