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Journée mondiale des personnes âgées : entretien avec l'archevêque de Rennes Mgr Pierre d'Ornellas
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Journée mondiale des personnes âgées : entretien avec l'archevêque de Rennes Mgr Pierre d'Ornellas

Un article rédigé par Cécile Pollart - RCF Rennes, le 22 juillet 2022  -  Modifié le 1 août 2022
Podcasts natifs Mgr Pierre d'Ornellas, sur la journée mondiale des personnes âgées

 La journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées, instituée l'an dernier par le pape François, a lieu ce dimanche 24 juillet. L'archevêque de Rennes, Monseigneur Pierre d'Ornellas, signe à cette occasion une tribune nous invitant à nous rendre disponible pour les personnes âgées autour de nous.

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"Ils portent encore des fruits dans la vieillesse." Ce verset du psaume 92 a été choisi comme thématique de la journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées, ce dimanche  24 juillet . Les personnes âgées représentent un "nouveau peuple", selon la formule du pape François qui a institué ce rendez-vous l'année dernière.  L'archevêque de Rennes, Monseigneur Pierre d'Ornellas, également responsable du groupe bioéthique de la conférence des évêques de France, signe à cette occasion une tribune, dont il discute dans les studios de RCF Alpha.

 

Comment comprenez-vous le thème choisi cette année ?

L'expression de nouveaux peuple est intéressante d'abord parce que le pape François dit que l'on n'a jamais été aussi nombreux comme personnes âgées dans l'histoire de l'humanité. Derrière cette petite phrase, il y a tout un problème de politique : comment considère-t-on ce nouveau peuple. Deuxièmement, selon la Bible le mot nouveau peuple signifie précisément que ce peuple a une nouveauté à apporter ! Quand Dieu parle de nouveau dans l'Écriture sainte, c'est quelque chose qui vient de Dieu et le pape François n'arrête pas d'insister sur ce que peuvent apporter des personnes âgées à cause de leur sagesse de leur expérience de la vie dans leur proximité avec l'éternité ou avec l'au-delà. Il y a quelque chose de très important. Oui, ces personnes âgées peuvent encore porter du fruit et beaucoup plus qu'on ne le pense.

 

À l'occasion de cette journée mondiale des personnes âgées, vous avez pris la plume dans une tribune, qui évoque plusieurs sujets, notamment la maltraitance en ehpad, et les soins palliatifs.

Il y a deux choses. Premièrement, comment éviter la maltraitance, et là c'est une question politique. Il y a maltraitance parce qu'il n'y a pas assez de moyens et peut-être pas assez de compétences. Est-ce que l'État français, et donc nous citoyens français, sommes prêts à ce qu'il y ait davantage d'argent qui aille vers les institutions d'accueil et d'accompagnement des personnes âgées ? Je pense notamment aux Ehpad. J'ai rencontré plusieurs directeurs d'Ehpad qui m'ont dit qu'ils démissionnaient parce que ce n'étaient plus leurs valeurs, parce que, faute de moyens, ils étaient comme contraint si je peux dire à la maltraitance en allant trop vite, en ne prenant pas le temps. Le rythme d'une personne âgée est un rythme lent. Est-ce que l'État peut accepter ce rythme lent ? La deuxième chose, c'est qu'effectivement par exemple très concrètement dans les Ehpad, est-ce qu'il y a des compétences en soins palliatifs ? L'une des grandes revendications des Ehpad, c'est qu'il y ait un salarié, une infirmière ou un infirmier, qui ait un diplôme en soins palliatifs pour être présent dans les cas ultimes de fin de vie. Il y a une grande absence au sujet de la compétence et de la présence des unités de soins palliatifs sur notre territoire français. Il y a 26 départements où il n'y a pas d'unité de soins palliatifs, c'est dramatique. C'est pour ça qu'il est qu'il a été demandé par la présidente de la Société Française d'accompagnement des soins palliatifs que les soins palliatifs soient une cause nationale. Je pense qu'elle a bien raison. Je pense qu'il y a une injustice fantastique en France. Nous avons voté une loi en 1999 donnant le droit à toute personne sur le sol français qui a besoin des soins palliatifs. Or ce droit est empêché puisqu'il manque des unités de soins palliatifs et ce manque est une faute de l'État. Il faudrait multiplier par cinq cet effort pour les soins palliatifs en France ! Il me semble que les citoyens, s'ils étaient un peu conscients de cela, devraient agir et se révolter vis-à-vis de cette injustice de l'État français, pour que l'État bouge pour prendre soin jusqu'au bout de nos chères personnes âgées, notamment celles qui sont en fin de vie.

 

Monseigneur d'Ornellas, vous êtes également responsable du groupe de bioéthique de la Conférence des évêques de France, et dans ce texte vous évoquez aussi la question de l'euthanasie, pourquoi maintenant ?

Parce que le Président de la République, dans sa campagne présidentielle, a eu cette audace incroyable de donner son avis personnel, dit-il, comme quoi le modèle belge serait le bon modèle. Le modèle belge, quand on le connaît de l'intérieur, on se rend compte qu'il crée des problèmes graves vis-à-vis des soignants et des médecins qui ne supportent plus de donner la mort. Je pense qu'il fait une erreur grave. Il a dit qu'il engagerait une conférence citoyenne sur cette question. Donc peut-être va-t-il le faire bientôt, je ne suis pas sûr que ça soit le bon chemin pour la France, le pays des droits de l'Homme, ça n'a jamais été un droit, le droit d'euthanasier quelqu'un. Comment peut-on mettre à côté un droit à la vie et le droit d'euthanasier ? C'est quand même assez vertigineux comme contradiction. Par contre, j'ai le droit que tu prennes soin de moi. J'ai le droit de ne pas être abandonné, j'ai le droit de ne pas souffrir. J'ai le droit d'être accompagné pour être en paix, là ce sont des droits. Il me semble qu'il y a quelque chose de très urgent, pour que nos consciences, peut-être un peu endormies, se réveillent pour que nous puissions magnifier ce grand droit à la fraternité, ce grand droit au respect de la vie, ce grand droit à l'accompagnement et c'est cela qui se passe en vérité dans les unités de soins palliatifs, de telle sorte que les personnes ne souffrent pas et qu'elles puissent mourir en paix jusqu'à leur dernier souffle.

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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