Dans cette émission, il s'agit de Jean Chrysostome et son influence sur l'orthodoxie.
Nous sommes le Corps du Christ
La doctrine eucharistique de saint Jean Chrysostome est particulièrement riche. Il montre bien comment l'eucharistie fait l'Eglise en incorporant les hommes au Corps du Christ :
Celui que les anges ne regardent qu'en tremblant, ou plutôt qu'ils n'osent regarder à cause de l'éclat qui en émane, est celui-là même qui nous sert de nourriture, qui se mélange à nous, et avec qui nous ne faisons plus qu'une seule chair et qu'un seul corps.
L’union de nature des membres d’un même corps est moins profonde que l’union spirituelle des membres du Corps du Christ qu’est l’Eglise.
Le Christ veut que nous devenions son corps non seulement par l'amour, mais qu'en réalité nous nous mêlions à sa propre chair. [...]
Jean Chrysostome invoque l’idée nuptiale de l’homme et de la femme qui ne font plus qu’ “ une seule chair ”. Aimer sa chair c’est s’aimer soi-même et haïr sa propre chair, c’est se haïr soi-même. La notion de “ chair ” est plus intime que celle de “ membre ”. C’est cette intimité que les Chrétiens ont entre eux.
Le thème eucharistique est ici celui des “ deux tables ”, la table du monde, qui donne a manger la nourriture du monde, et la table eucharistique ou les Chrétiens mangent le même Pain de Vie, le Corps du Christ, et buvons d’un même calice, son sang. Ces deux nourritures sont inséparables car toutes deux nourrissent le même Corps du Christ.
Le Christ présent dans l'Eucharistie comme dans le pauvre
Pour Jean C, les applications morales découlent du dogme. Devenus membres du Christ par l'eucharistie, les plus pauvres et les plus démunis sont par là même l'autel véritable sur lequel les fidèles doivent offrir le sacrifice spirituel de l'aumône et de la miséricorde :
L'autel dont je vous parle est fait des membres mêmes du Christ, et le corps du Christ devient pour toi un autel. [...]
L’identification du Christ et du pauvre est fondée sur sa philanthropie. Et c’est dans cet état de misère que le Christ s’adresse à l’homme en lui demandant de le nourrir, de le vêtir, de le soigner, de l’abriter et de le visiter. La situation se renverse : Lui, le Créateur de l’homme et son Seigneur, il se présente devant l’homme comme un pauvre et il mendie sa charité. Le Christ n’est pas seulement le pauvre, il est le mendiant de l’amour de l’homme, il le provoque a avoir des sentiments de philanthropie. La “ main tendue des pauvres ”, c’est maintenant la main du Christ.
Chrysostome développe le paradoxe du Dieu bienfaiteur qui veut être débiteur de l’homme qu’il veut sauver. En vérité, c’est l’homme qui est le débiteur de Dieu qui “ a livre son Fils ” pour le sauver ; mais le Fils ne demande comme prix de sa peine que de donner aux pauvres ce dont ils ont besoin.
Jean Chrysostome et la liturgie
La liturgie à Antioche est un lieu de rassemblement. Les foules s’y pressent, pour écouter Jean pour des raisons très diverses… Sujets très actuels.
Jean C est bien conscient de toutes ces raisons. Son rôle de pasteur est d’éduquer les hommes au véritable sens de la liturgie. Tout d’abord en restant présent et attentif au mystère qui est célébré :
Cette immense foule maintenant réunie, qui prête une attention si profonde aux paroles qu’elle écoute, souvent, au moment le plus sacré, je la cherche des yeux, mais en vain. [...] Lorsque je parle, au contraire, lorsque le Christ doit paraître au cours des mystères sacrés, l’église est vide et déserte ! Vous précipiter dehors dès que le sermon est fini, c’est signifier que votre esprit n’a rien saisi ni rien retenu des choses dites. [...] (Sur l’incompréhensibilité de Dieu)
Voir le Christ ou le manger ?
Combien de gens, aujourd’hui, disent : « J’aurais voulu voir l’aspect du Christ, sa figure, ses vêtements, ses chaussures ! » Voici, tu le vois, tu le touches, tu le manges ! […] Il ne s’est pas contenté de devenir homme, d’être frappé et immolé, mais il se fond lui-même en nous, et c’est non seulement par la foi, mais aussi dans la réalité même qu’il fait de nous son corps. [...] (Homélies sur l’Évangile selon Matthieu)
Durant la liturgie, les fidèles sont comme les séraphins. Jean C évoque cette crainte et ce tremblement devant le mystère de Dieu :
[...] Car Dieu n’est pas seulement au milieu des Séraphins, il est aussi au milieu de nous, si nous le voulons. [...] Avec deux ailes, est-il dit, les Séraphins se couvraient la face (Is 6, 2), faute de pouvoir soutenir l’éclat qui jaillissait de cette gloire. Avec deux autres, ils se couvraient les pieds (Is 6, 2), sous l’impression de la même terreur. Mais à cette terreur se mêle un insoutenable plaisir [...] (Sur Ozias)
Jean Charmois, orthodoxe, nous entraîne à la découverte des Pères, ces pasteurs des premiers temps. Au cours des émissions, beaucoup d'extraits de textes des Pères qui nous sont parvenus sont lus et commentés.
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