Édito de Nathalie Leenhardt - Plan de lutte contre le racisme du gouvernement
Je souhaite revenir sur le plan de lutte contre le racisme présenté lundi, pour souligner qu’ils sont enfin un peu sortis de l’ombre, au moins sur le papier. Dans le plan quadriennal de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations présentés lundi par Élisabeth Borne et Isabelle Lonvis-Rome est apparu pour la première fois l’antitziganisme.
Ce n’est pas rien tant les gens du voyage sont victimes de préjugés, comme on l’a déjà dit sur cette antenne, les délits de quelques-uns retombant sur l’ensemble de la communauté. Plus grave encore, la Défenseure des droits Claire Hédon démontrait l’an passé le caractère systémique de cette discrimination.
Oui, c'est un grand pas que de mettre aujourd’hui les Tziganes au titre des victimes du racisme ordinaire et malfaisant, sous le même mot d’ordre, “Luttons contre la haine”. L’annonce faite lundi selon laquelle cette communauté aura enfin un lieu de mémoire est tout aussi bienvenue. Qui sait en effet qu’elle fut, elle aussi, la cible du régime nazi ? Qui sait que les Tziganes subirent des internements arbitraires, furent soumis au travail forcé et assassinés en masse ? Que des milliers furent tués dans les camps de la mort ? Il était donc temps que cette douloureuse mémoire réintègre notre récit national et européen.
Raviver la mémoire, c’est en effet l’un des grands axes de ce plan quadriennal et transversal. L’une de ses mesures phares concerne la jeunesse, car c’est bien par l’éducation et la rencontre que changent les regards. Chaque élève devra ainsi bénéficier, au cours de sa scolarité, d’une "visite d’un lieu historique ou mémoriel en lien avec le racisme, l’antisémitisme ou l’antitziganisme". Des contenus spécifiques seront également dispensés au cours du service national universel (SNU) ou des services civiques. On a constaté combien les lycéens ne reviennent pas indemnes d’un déplacement dans les camps de la mort, au mémorial de la Shoah ou à celui de l’esclavage, pour peu que ces voyages soient longuement préparés et bien encadrés.
Autre public visé par la formation : les agents de la fonction publique. Pour ce qui est des gens de voyage, d'innombrables tracasseries administratives, voire des discriminations dans l’accès aux droits, à l’eau, à l'électricité, ont développé chez eux une immense méfiance envers l’État et ses représentants. Le regard négatif qu’ils perçoivent entraîne en retour un repli sur soi difficile à contourner. C’est pourquoi il est si important que, dans la formation proposée, la vie et la culture des Tziganes ne soient pas évincées.
C’est un premier pas. Le chemin sera long pour une véritable acceptation de ces 300 à 400.000 Françaises et Français et de leur culture spécifique par la communauté nationale…
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