Blanche Streb : "Il ne faut pas laisser entendre que l’infertilité serait la cause de la baisse abyssale de la natalité"
LE POINT DE VUE DE BLANCHE STREB - Parmi les mesures annoncées lors de sa grande conférence de presse mi-janvier, Emmanuel Macron a évoque le lancement d'un « grand plan de lutte contre l’infertilité ».
C’est un sujet important, sensible, qui me touche, évidemment. Les chiffres le montrent depuis des années, malheureusement : l’infertilité augmente, dans tous les pays industrialisés. En France, 1 couple sur 6 en âge de procréer consulte aujourd’hui pour une difficulté à concevoir. C’est d’abord un sujet intime, mais aussi sociétal, au cœur des grands défis politiques contemporains.
Le tabou du siècle
Le président en a parlé comme d’un "fléau" et d’un "tabou du siècle". Il faut en parler, c’est certain. Mais en parler bien. Sans amalgames ou raccourcis, et sans alimenter les fausses promesses.
Par exemple, il ne faut pas laisser entendre que l’infertilité serait la cause de la baisse abyssale de la natalité que connait la France. Encore moins faire un lien entre un « plan de lutte contre l’infertilité » et ce slogan macronien de « réarmement démographique ».
Quelle sont les causes de l’infertilité ?
Elles sont multiples. Une des plus importantes est liée à notre modèle de société qui engendre un recul incessant de l’âge de l’âge de la maternité. On fait nos enfants de plus en plus tard, pas toujours par choix. 29 ans, en moyenne, pour le premier. Or, c’est physiologique, la fertilité décline, l’âge avançant.
S’ajoute à ça d’autres pathologies, l’endométriose, par exemple. Et des raisons liées à nos modes de vie, d’alimentation, responsables aussi de l’effondrement de la fertilité masculine : sédentarité, alcool, tabac, perturbateurs endocriniens sont largement pointés du doigt.
Lutter contre l’infertilité passe d'abord par la prévention
Et donc l’information, auprès des jeunes et des professionnels de santé. Mieux vaut prévenir que guérir. Surtout qu’on ne le peut pas toujours. C’est important de sortir de la croyance que la technique pourrait tout résoudre. C’est ce qu’a rappelé hier, à vos confrères de l’AFP, le co-auteur d’un rapport sur l’infertilité remis au gouvernement en 2022. « Il faut cesser d'avoir une croyance excessive dans la PMA (procréation médicalement assistée) (…) le taux de réussite par tentative n'avoisine que 20% en moyenne ». La PMA laisse 1 couple sur 2 avec un berceau vide à la fin de ce qu’ils appellent eux-mêmes « un parcours du combattant ».
Il y a une nouvelle politique à promouvoir, fondée sur la réalité de la nature humaine, et non la contraignant, pour permettre aux couples et aux femmes d’avoir leurs bébés dans le meilleur temps de leur fécondité. En créant des conditions socio-professionnelles plus favorables, qui soutiennent et protègent l’équilibre famille/travail, et en proposant un regard renouvelé et positif sur la maternité. et la paternité.
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- 27 juin 2019
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