En France, selon la Direction de la recherche des études de l'évaluation et des statistiques (DREES), entre 500.000 et 700.000 mineurs âgés de 5 ans ou plus sont aidants. Quels sont leur quotidien ? Comment leur donner une place dans la société ? Une émission Je pense donc j’agis présentée par Melchior Gormand.
Enfants ou adolescents, ils doivent s’occuper quotidiennement d’un proche malade ou handicapé. Ce sont les jeunes aidants. 14,3 % des lycéens et de façon plus générale 1 jeune sur 20 sont des jeunes aidants, selon les chiffres de l’association JADE. Souvent invisibles aux yeux de la société, ils endossent des responsabilités qui les dépassent et sont les témoins d’une réalité mal connue, difficile et qui pèse sur leur quotidien et leur avenir.
"Je n’ai aucun souvenir de mon père avant sa maladie". Manon Duboille, 22 ans, étudiante en dernière année de Master et passant bientôt le concours des professeurs des écoles, raconte son enfance de jeune aidante : "à 7 ans, mon père a été diagnostiqué comme porteur de parkinson et plus tard, ma mère a fait un burn-out. Je n'avais pas les mêmes préoccupations que mes amis, car à la maison et dans la vie de tous les jours, les pensées tournaient toujours autour des difficultés de mes parents”.
C'est une situation qui n'est pas ordinaire.
Ces situations peuvent impacter la santé et la scolarité des jeunes aidants. Pour Amarantha Bourgeois, directrice de l'association nationale Jeunes Aidants Ensemble (JADE), ces jeunes ne profitent pas souvent de leur jeunesse : "pour eux, c'est normal d'aider ses proches, parce qu’on les aime et on a envie de les soutenir. En revanche, même si ça développe leur maturité, c'est une situation qui n'est pas ordinaire". La directrice de JADE évoque aussi les limites psychologiques et physiques des aidants qui sont parfois très jeunes : "l'entretien de la maison, les courses, aller chercher les médicaments, faire à manger, prodiguer certains gestes de soin, peuvent peser sur ces enfants, sans qu’ils s’en rendent compte".
Guillemette de Préval, journaliste pour la revue Ombres & Lumière de l’OCH, Office Chrétien des Personnes Handicapées, ajoute "qu’il n’y a aucune rancœur chez les jeunes aidants, simplement une envie de soutien, un besoin de se décharger d’une partie de leur fardeau”.
Amarantha Bourgeois, explique que malheureusement, “la grande majorité des jeunes aidants se sentent seuls, isolés ou différent des autres. Ce sont des situations psychologiques qui peuvent marquer une personne et avoir des conséquences à l’âge adulte”.
Pour Manon Duboille, qui a aidé ses parents depuis ses sept, "le plus dur, c'est maintenant". "Quand j’étais petite, ça allait, peut-être parce que je ne m’en rendais pas compte, mais aujourd’hui, je suis plus grande et avec le concours, on remet des choses en question et j'ai craqué. Il m’a fallu du réconfort”.
Le plus dur, c'est maintenant.
Quelle réponse de la société ? "Le gouvernement ne fait pas suffisamment pour les jeunes aidants", déplore Amarantha Bourgeois, qui ne considère pas que les enfants et adolescents concernés bénéficient de suffisamment de soutien de l’État. "Même s'il y a eu un premier socle de bonne intention, comme avec la reconnaissance du statut de jeune aidant dans les facultés, il manque beaucoup de choses. Ces jeunes doivent avoir un droit au répit, financé par l’État".
Parler de la situation des jeunes aidants, c’est aussi regarder l'impact psychologique, émotionnel et social de leur rôle sur leur développement et leur bien-être. Quelles initiatives existent pour offrir le soutien dont ils ont tant besoin ? Écoutez la seconde partie de l'émission Je pense donc j'agis :
Cette émission interactive de deux heures présentée par Melchior Gormand est une invitation à la réflexion et à l’action. Une heure pour réfléchir et prendre du recul sur l’actualité avec des invités interviewés par Véronique Alzieu, Pauline de Torsiac, Stéphanie Gallet, Madeleine Vatel et Vincent Belotti. Une heure pour agir, avec les témoignages d’acteurs de terrain pour se mettre en mouvement et s’engager dans la construction du monde de demain.
Intervenez en direct au 04 72 38 20 23, dans le groupe Facebook Je pense donc j'agis ou écrivez à direct@rcf.fr
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