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À la recherche des disparus : l'engagement infatigable des associations

Un article rédigé par Maria Efimova - RCF, le 8 décembre 2023 - Modifié le 8 décembre 2023
Je pense donc j'agisÀ la recherche des disparus : l'engagement infatigable des associations

La disparition du petit Emile le 8 juillet dernier, dans le village du Haut-Vernet dans les Alpes-de-Haute-Provence, nous rappelle la détresse des familles confrontées à la disparition d’un proche. Chaque année en France, près de 70 000 disparitions seraient signalées. Comment venir en aide aux familles et aux proches ? Comment les aider dans les différentes démarches, dans les enquêtes ?

Photo d'illustration © cottonbro studio / PexelsPhoto d'illustration © cottonbro studio / Pexels

Chaque année, près de 70 000 personnes disparaissent en France, dont 50 000 mineurs. Avec l'aide des services d'État, des centaines de bénévoles participent aux enquêtes et aux recherches des personnes disparues.

Combien de disparitions en France ?

Il existe des données sur les chiffres des personnes disparues, mais la statistique dans ce domaine n'est pas exacte, précise Philippe Folletet, vice-président AURA de l'association ARPD - Assistance et Recherche de Personnes Disparues. Selon ses informations, sur les 70 000 personnes disparues, 18 000 sont majeures, dont la moitié souffre de maladies dégénératives, et 5 000 cas concernent des disparitions volontaires. Pour les personnes âgées, c'est "une situation qui se reproduit de plus en plus souvent, bien que ce ne soit qu'une partie des cas", explique-t-il. Toutes les disparitions ne sont ainsi pas considérées immédiatement comme inquiétantes par la police ou la gendarmerie, explique Dominique Lavorel, vice-présidente de MANU, une association d'aide aux proches et aux familles de personnes disparues. Il faut un certain temps pour les convaincre.

Inciter la police et la gendarmerie à enquêter sur la disparition d'une personne majeure est plus compliqué que pour un mineur. La raison : les majeurs ont le droit de disparaître volontairement. Pour ouvrir une enquête, le cas doit être considéré comme inquiétant. Si le fonctionnaire refuse de prendre la déclaration, il existe une procédure concernant l'article d'enquête administrative (article 26 de la loi du 21 janvier 1995) qui permet à la personne ayant fait la déclaration de demander que le procureur soit informé. L'enquête doit être ouverte à ce moment-là.

Une partie des personnes disparues sont des décédés sous X, c'est-à-dire dans l'anonymat. Parmi eux, certains sont inhumés sans que leur identité soit connue. Jusqu'en 2021, le gouvernement évoquait le chiffre de 8 500 personnes décédées sous X, mais les chiffres de l'ARPD sont plus élevés : 11 000. Cependant, ces données doivent être réduites de moitié car la plupart sont identifiés ultérieurement à la déclaration, insiste Philippe Folletet qui déplore un manque de centralisation des données et des erreurs factuelles dans les informations.

L'engagement des bénévoles dans les recherches

Actuellement, l'association ARPD a plus de 450 dossiers ouverts. Aux recherches participent 400 bénévoles, dont des enquêteurs formés. La formation est proposée par l'association et organisée par d'anciens gendarmes ou des professionnels du droit. De plus, 25 % des bénévoles de l'ARPD sont d'anciens policiers, gendarmes ou des professions assimilées. "Le reste est composé de gens de la société civile, soit des étudiants, des retraités ou des actifs qui donnent un peu de leur temps à l'association", précise Philippe Folletet.

Le but est de recueillir des informations auprès des gens et de vérifier ce qu'il est possible de faire sans nuire à l'enquête en cours. Dès que l'association valide l'information qu'elle a reçue, elle la transmet aux enquêteurs, aux avocats, de manière à ce qu'elle soit traitée correctement. Un premier traitement est effectué pour éviter d'envoyer des informations inexactes qui ne correspondent à rien pour les enquêteurs ou les magistrats, suggère Philippe Folletet, notamment dans les cas criminels.

Pour les familles, "c'est une torture"

Les familles des personnes disparues demeurent "dans un état de souffrance énorme", constate Dominique Lavorel. L'association MANU leur fournit un soutien psychologique. "Nous travaillons avec une petite dizaine de psychiatres répartis sur la France qui peuvent prendre en charge les familles de manière bénévole", indique la vice-présidente de l'association. Un numéro est à disposition sur lequel les proches peuvent appeler pour parler quand ils en ont besoin.

L'autre domaine où les familles ont besoin d'aide est juridique. Les intervenants de MANU peuvent identifier ce qui n'a pas été fait ou ce qui n'a pas été fait correctement. L'association gère de nombreux dossiers de disparition de longue durée pour lesquels elle accompagne les familles.

Ne pas attendre

"Quand quelqu'un a disparu, ses proches ne doivent pas attendre 48 heures, il faut agir immédiatement", alerte Philippe Folletet. Il est important d'entreprendre des démarches auprès des services officiels et de ne pas hésiter à contacter les associations. "Nous pouvons être une force de proposition et d'action sur les problématiques des disparitions récentes", souligne le vice-président AURA de l'ARPD.

Les médias peuvent aider, mais il est possible qu'ils fassent des erreurs. "Pour les familles, c'est extrêmement désagréable", déplore Dominique Lavorel. En revanche, Philippe Folletet informe que la visibilité médiatique de l'ARPD permet d'avoir de plus en plus de familles qui la sollicitent et qui enquêtent avec cette association.

 

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