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28ème rapport de la Fondation Abbé-Pierre : les femmes, premières victimes du mal-logement.
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28ème rapport de la Fondation Abbé-Pierre : les femmes, premières victimes du mal-logement.

Un article rédigé par Lya Roisin-Pillot - RCF Lorraine Nancy, le 13 février 2023  -  Modifié le 13 février 2023
Les émissions natives de RCF Lorraine Nancy Sandrine Voisin, directrice d'Emmaüs 54 : histoire d'un engagement

Chaque année, la fondation publie un rapport sur l’état du mal-logement en France. Rendu public le 1er février, son dernier émet une double alerte : les mal-logés sont plus nombreux et plus précaires face à l’inflation. L’organisation estime que 330.000 personnes sont sans domicile, soit 30.000 de plus qu’en 2022. Particulièrement exposées, les femmes sont au cœur de cette enquête.

Sandrine Voisin, directrice d'Emmaüs 54 Sandrine Voisin, directrice d'Emmaüs 54

D’après le rapport, le constat est sans appel : “Face au logement, être un homme ou une femme, ou appartenir à une minorité sexuelle, affecte considérablement les risques de subir diverses dimensions du mal-logement”. Pour la première fois, la Fondation Abbé-Pierre consacre tout un chapitre à la vulnérabilité des femmes face à cette problématique. Une avancée dont se félicite Sandrine Voisin, directrice de l’association Emmaüs 54 : “C’est bien de connaître les victimes de cette société qui a tendance à exclure.”
Si la question du genre est peu étudiée en matière de mal-logement, cette préoccupation existait déjà du temps de l’Abbé. Une déclaration en particulier est restée dans les annales : “Mes amis, au secours... Une femme vient de mourir gelée, cette nuit à trois heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant hier, on l'avait expulsée…” [appel du 1er février 1954] Des mots qui, selon Sandrine Voisin, font écho à la situation des jeunes femmes qui viennent aujourd’hui demander l’asile aux Emmaüs.

Accès au logement : une inégalité genrée

Moins bien rémunérées, plus exposées au temps partiel et aux emplois défavorisés, les femmes sont souvent dans des situations professionnelles plus précaires que leurs confrères masculins. Financièrement, il leur est plus difficile d’accéder à un logement. A cela s’ajoute que 81% des familles monoparentales sont constituées de femmes. En plus d’être un facteur de fragilité économique, le rapport souligne que les mères seules font l'objet de discriminations : “On pense par exemple aux réticences de certains propriétaires de louer un logement à des mères célibataires sous prétexte des troubles que les enfants seraient susceptibles de provoquer ou de leur incapacité à entretenir le logement. Ou encore aux répartitions inégales [...] du patrimoine immobilier envers les femmes, en particulier au moment de la transmission”.
A noter tout de même que les personnes seules et sans enfant à charge subissent, peu importe leur genre, des conditions de mal-logement quasi similaires.

Vivre sans logement

L’ensemble de ces facteurs, aggravés par l’inflation économique, font que de plus en plus de personnes finissent à la rue. Au micro de RCF, Sandrine Voisin faisait part de ses observations au sein de la communauté Emmaüs : “Dans notre pays, en France, les femmes arrivent encore à trouver des endroits, notamment des endroits garantis par l’Etat, pour trouver refuge. Souvent, nous ce qu’on reçoit à Emmaüs ce sont des hommes seuls, qui sont les moins bien protégés. Je ne dirais pas les plus vulnérables, mais en tout cas les moins protégés. Et puis évidemment les femmes seules”.
Pour celles qui se retrouvent sans logement, cette situation les expose particulièrement “aux risques de violences sexuelles, d’abus ou de prostitution”.

Solidarité et politiques publiques

La directrice insiste ; si les associations comme Emmaüs apportent une aide matérielle nécessaire, elles n’ont pas à se substituer au rôle de l’Etat. De son côté, la Fondation Abbé-Pierre pointe une baisse des investissements en matière de logement : “Au final, l’effort public [...] qui s’élevait à 2,2 % du PIB en 2010, a chuté à 1,5 % en 2021, un niveau historiquement bas”.
Le déclin du financement des logements sociaux s’expliquerait en partie par la pandémie de covid 19. Associé à la crise énergétique, il entraîne “un accroissement de populations exclues, mal-logées voire pas logées du tout”. Les deux organisations dénoncent donc “une insuffisance des efforts mis en place par l'Etat”.

Pour résoudre cette problématique du mal logement, le rapport appelle à augmenter le budget consacré et à “une redistribution plus juste des richesses”. Un ressort politique auquel Sandrine Voisin ajoute : “Il faut continuer, ceux qui croient en la solidarité, à se mettre les uns à côté des autres, continuer à agir, parce que c’est comme ça qu’on fait inverser les tendances”.

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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