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L'adolescence au cinéma

Un article rédigé par Fabien Genest Natio - RCF,  - Modifié le 17 juillet 2023
Cette semaine dans La Symphonie du cinéma, Fabien Genest évoque l'adolescence au cinéma. Vaste sujet largment traité par des réalisateurs de tous styles et de toutes époques. Que ce soit l'éveil des sentiments, l'amitié, la quête ou la révolte, l'adolescence constitue un thème inépuisable... qui a donné lieu à de belles illustrations sonores et musiques originales.
Wikimedia Commons L'équipe de Bande de fillesWikimedia Commons L'équipe de Bande de filles

Banana Trippin, un extrait de la bande originale de Skate Kitchen, signée de la musicienne japonaise Aska Matsumyia pour le film de la réalisatrice américaine Crystal Moselle, sorti sur les écrans le 30 janvier, qui raconte le quotidien de Camille, ado introvertie new-yorkaise, qui va se lier d’amitié avec une bande de filles ayant en commun la passion du skate board. Une toile de fond qui n’est pas s’en rappeler Paranoïd Park, de Gus Van Sant, sorti en 2007, sauf qu’ici, l’histoire se termine un peu mieux.
Beaucoup d’entre vous se souviennent avec une certaine nostalgie d’Yves Simon chantant Diabolo Menthe, célèbre chanson titre du film du même nom que l’on doit à Diane Kurys et qui sortait sur les écrans, le 14 décembre 1977. Diabolo Menthe ou les premiers émois de deux sœurs adolescentes aux personnalités opposées. Frédérique, l’aînée et Anne, 13 ans, inoubliable Éléonore Klarwein. Le film, très autobiographique, est une peinture de la France des années 60 et un succès en salles, couronné par le prix Louis-Delluc. 

Changement de décor et d’époque à présent avec All I want is you (Tout ce que je veux, c’est toi en français), une des chansons de l’excellente BO de Juno, de l’Américain Jason Reitman, sorti en 2007. La trame de Juno, le prénom de la jeune héroïne dans le film, évoque le sujet des filles mères à travers le portrait d’une lycéenne de 16 ans gouailleuse et énergique, formidable Ellen Page, tombée enceinte accidentellement.  Un coup du sort qui va s’avérer un révélateur dans sa jeune vie et un plaidoyer pour le libre arbitre.   

Autre style, là encore, radicalement différent, avec cet extrait du thème principal de de La Naissance des pieuvres, signé Jean-Baptiste de Laubier, alias DJ Para One, pour le film de Céline Sciamma, jeune réalisatrice très investie dans le questionnement sur les tourments de l’adolescence, on y reviendra tout à l’heure. Le titre de ce film de 2007, également, se veut une métaphore sur le passage à l’âge adulte à travers le portrait de trois adolescentes (dont Adèle Haenel dans son premier grand rôle) qui vivent difficilement l'éclosion de leur sexualité.

Quelle meilleure illustration pouvait-on trouver pour évoquer l’amitié, pilier essentiel dans la construction d’un garçon ou d’une fille à l’adolescence. Ce Stand by me (Reste près de moi, en français), immortalisé en 1961 par la voix de Ben E King sert, aussi, de titre au film de 1986 de Rob Reiner. L’aventure qui deviendra quête de quatre garçons d'une douzaine d'années à l’été 1959, dans l'Oregon, partis à la recherche du corps d'un enfant de leur âge, en suivant les rails d'un train. Le film est porté par une bande son prestigieuse où l’on retrouve qq pépites du rock américain des années 50 tels que Ben E King, on l’a dit, mais aussi Buddy Holly, The Chordettes ou encore Jerry Lee Lewis et son Great balls of fire.     

L’adolescence ou ses défis, comme autant d’épreuves initiatiques et de moyens d’existence au sein du groupe. C’est le thème du très beau Corniche Kennedy, de Dominique Cabrera, sorti en 2016, adapté du roman de Maylis de Kerangal, et dont la musique est signée de Béatrice Thiriet. L’histoire de Lola, jeune fille de la bourgeoisie marseillaise qui va intégrer un groupe de jeunes des cités de la ville dont l’adrénaline consiste à plonger depuis la corniche Kennedy dans les eaux limoneuses de la Méditerranée.

Bande filles, de Céline Sciamma et Divines, d’Houda Benyamina, sont deux films marquants sur l’adolescence, ces dernières années. Dans le premier, sorti en 2014, Céline Sciamma aborde le quotidien difficile quand on est une fille dans les cités. Elle filme quatre copines d’origine africaine au caracatère bien trempé, décidées à vivre leur vie de jeunes femmes et à tenir tête aux préjugés sexistes et aux codes machistes des garçons. Dans le second, Divines, sorti lui en 2016, on suit, toujours en banlieue parisienne, le parcours de Dounia qui a soif de pouvoir et de réussite, quitte à se brûler les ailes. Le film a pour fil rouge le combat contre soi-même et le désir d’émancipation.

Changement d’époque avec Violino tzigano, et cette scène extraite de Mamma Roma, de Pier Paolo Pasolini, cinéaste du monde prolétaire, des terrains vagues et de la marginalité. Mamma Roma, sort en 1962 avec une Anna Magnani dans le rôle d’une prostituée qui tente de refaire sa vie et d’élever au mieux son jeune fils, Ettore, dans la nouvelle cité de Don Bosco. Un chef d’œuvre de l’histoire du cinéma et du néo-réalisme italien, qui fait suite à Accatone, du même Pasolini, sorti un an plus tôt.  Le film aborde la difficulté à sortir de sa condition et l’influence de son milieu sur un individu. Passionné de musique, Pasolini a consacré une place importante à l’illustration sonore de ses films. Dans Mamma Roma, le Concerto en D mineur RV 481, de Vivaldi, se veut un contre-point décalé à la rudesse et à la cruauté des hommes.  

La minute Judy Garland

Cette semaine, la transition est toute trouvée pour notre émission de la semaine prochaine,
14 février oblige, qui sera consacrée à l’amour au cinéma. En 1980, Claude Pinoteau allait signer le film d’une génération, la photographie d’une époque et des classes moyennes : La Boum et les émois adolescents de Vick, jouée par une Sophie Marceau, alors débutante, dans le rôle qui l’a révéla. Un film célèbre, aussi, pour sa BO signée Vladimir Cosma et les titres Reality et Go on forever, interprétée, en duo, par Richard Sanderson et Sophie Marceau.  

Quelques conseils en lien avec notre thème aujourd’hui :

Et tout d’abord Vladimir Cosma concerts live, un double CD paru en 2017 chez Larghetto. Les plus grands thèmes du maestro joués ici par l’Orchestre national symphonique de Roumanie. La Boum 1 et 2, bien sûr, mais aussi L’Etudiante, Rabbi Jacob ou encore Diva.
 Et puis, osez la bande originale de Corniche Kennedy, signée Béatrice Thiriet, très belle BO, qui si vous avez aimé le roman de Maylis de Kerengal, devrait vous plaire.

Play list des morceaux diffusés :

Banana Trippin, Aska Matsumyia, BO de Skate Kitchen
Diabolo Menthe, Yves Simon, BO de Diabolo Menthe
All I want is you Juno, Barry Louis Polisar, BO de Juno
La Naissance des pieuvres, Para One, BO La Naissance des pieuvres
Les Voyages, Barbara, BO Le Péril jeune
Stand by me, Ben E King, BO Stand by me
Great balls of fire, Jerry Lee Lewis
A Trois, Béatrice Thiriet, BO Corniche Kennedy
Les tours, Para One, BO de Bande de filles
Le Baiser, Demusmaker, BO de Divines
Violino tzigano, Anna Magnani, BO de Mamma Roma
Concerto N°5 en D mineur RV 481 Larghetto, Antonio Vivaldi, BO Mamma Roma
Go on forever, R. Sanderson & S. Marceau, BO La Boum
Carpe diem, Maurice Jarre, BO Le Cercle des poètes disparus

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