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La dictée, une passion à la française ?

La dictée, une passion à la française ?

Un article rédigé par Anthony Bordes - RCF, le 21 février 2024  -  Modifié le 21 février 2024
Je pense donc j'agis La dictée, une passion à la française ?

Certains Français sont plutôt fâchés avec l’orthographe et nombreux sont ceux qui rencontrent des difficultés : 7 % de la population française sont considérés comme illettrés selon l’ANLCI. Pour lutter contre ce phénomène, des organismes mettent en place des dictées. À quoi est dû ce niveau médiocre ? Un tel dispositif peut-il faire progresser les gens en orthographe ? Une émission Je pense donc j’agis présentée par Melchior Gormand. 

Photo d'illustration © Andrea Piacquadio / Pexels Photo d'illustration © Andrea Piacquadio / Pexels

"Prenez une feuille et un stylo", ces mots peuvent rappeler des souvenirs souvent inconfortables. La dictée est un exercice connu dans nos programmes scolaires et certains cherchent à lui redorer son blason : La dictée pour tous et La dictée du Rotary sont organisées afin de sensibiliser à la langue française.

L’orthografe en déclin

Des fautes d'orthographe, nous en faisons à peu près tous, et pas qu’un peu. La preuve ? Le Projet Voltaire, organisme spécialisé dans la remise à niveau en orthographe, a identifié lors d'une étude publiée en 2021 que les Français ne maitrisent qu'en moyenne 45 % des règles d'orthographe. Dans cette société de l’écrit où nous envoyons SMS, courriels, messages et publications sur les réseaux sociaux, il peut être difficile d’écrire sans coquille. Des difficultés encore plus flagrantes dans les quartiers populaires, où l’accès à la culture n’est pas toujours simple selon Abdellah Boudour, fondateur de La Dictée pour Tous : “À Argenteuil, nous avons une bibliothèque municipale mais ce n’est pas le cas de tous les quartiers. Si on donnait davantage d’accès à la culture, cela changerait la donne." Les enfants sont aussi de moins en moins à l'aise avec l'orthographe, notamment en raison de la diversification des matières enseignées (davantage de disciplines scientifiques) ou encore des nombreuses réformes de l’orthographe qui font qu’elles manquent de proximité avec la langue orale d'aujourd’hui. 

 

Si on donnait davantage d’accès à la culture, cela changerait la donne. 

 

Des dispositifs pour corriger le niveau

La dictée du Rotary est organisée par l’association Rotary International. L’organisation mène des actions sur un grand nombre d’axes : l’un d’entre eux est l’éducation, d’où la création d’une dictée ludique, il y a 12 ans, pour lutter contre l’illettrisme. "Elle a pris une ampleur importante", se satisfait le créateur de la dictée, Jean Marzuk, "l’ensemble des districts français de Rotary l’organisent le même jour et à la même heure". Avec plus de 8000 participants dans le monde le 27 janvier 2024, la dictée du Rotary est un franc succès. Jean Marzuk explique qu’elle peut se dérouler en visioconférence comme en présentiel, ce qui fait qu’elle est très accessible pour beaucoup. “Nous voulons promouvoir la langue française et faire la prévention de l’illettrisme." L’influence du Rotary ne s’arrête pas qu’à la France, voulant aider la langue française en difficulté partout dans le monde. Il y a eu notamment plus de 400 participants pour la dictée de l’Île Maurice. 

La Dictée pour tous est née en 2013 sur la même base : lutter contre l’illettrisme, mais aussi (re)donner le goût de la langue française aux résidents des quartiers populaires. "Il est difficile d’accéder à la lecture et l’écriture dans l’environnement où ils grandissent", confesse Abdellah Boudour. "La dictée pour tous redonne confiance aux jeunes et aux moins jeunes qui veulent s’en sortir". L’événement s’est développé à Argenteuil et de plus en plus de personnes ont été intéressées par cette dictée, qui utilise des textes classiques de la langue française.

 

Je pense donc j'agis La dictée, une passion à la française ?

La dictée, un sans faute ? 

C’est un pari réussi pour Abdellah Boudour qui souhaitait réunir les personnes des quartiers populaires voulant s’améliorer mais aussi des personnes venant de milieux plus favorisés. La Dictée pour tous rassemble les participants, les cultive et améliore leur vocabulaire. "Mon but est de redonner cette confiance pour l'écriture et la lecture. Il n’y a pas de notes dans nos dictées, les personnes découvrent leur niveau à travers leur nombre de fautes." Le dispositif a déjà attiré de nombreuses personnalités, notamment l’humoriste Gad Elmaleh. Un championnat national a aussi été organisé, ce qui est un gros coup de pouce pour la motivation des participants. Pour Abdellah Boudour, ce sont les institutions qui doivent mettre en place ce type d’initiative afin de rendre accessible la culture : “Si on ne le fait pas, on se retrouvera toujours avec des disparités. C’est ce qu’on cherche à éviter avec La dictée pour tous."

 

Mon but est de redonner cette confiance pour l'écriture. 

 

La dictée du Rotary a également des retours très positifs selon Jean Marzuk : "90 % des participants se réinscrivent l’année suivante”, une évolution positive qui montre bien que ce type d’initiative crée un réel besoin et une envie de s’améliorer. Pourtant très ancienne, la dictée traditionnelle intéresse beaucoup de personnes et Jean Marzuk pense que la nostalgie engendrée y est pour quelque chose : "Ce type de dictée devient très attractif. On reprend l’épreuve de base qui est très ancienne mais nous ne jugeons personne avec des notes, c’est de l’autocorrection et c’est purement anonyme."

Traumatisme pour certains, bon souvenir pour d'autres

Les avis des Français sur l'exercice de la dictée sont variés. Pour Nicole, auditrice de RCF, la dictée était un "véritable cauchemar". Venant d'un milieu où la lecture n'était pas mise en avant, Nicole a pourtant ouvert beaucoup de livres et cela n'a rien changé à son niveau. "Ces carences en orthographe ont toujours été un handicap pour moi", regrette-t-elle. Annick, une autre auditrice, partage ce sentiment : "Certaines personnes ont l'orthographe naturelle, je n'en fais pas partie. La dictée est un souvenir épouvantable pour moi."

D'autres personnes adoraient l'exercice de la dictée à l'école et certains ont pu s'améliorer avec le temps, c'est de le cas de Marie-Thérèse : "J'étais moyenne à l'âge de 15 ans, puis j'ai travaillé deux ans dans l'écriture ce qui m'a permis d'avoir une orthographe quasi-parfaite."

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© RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Je pense donc j'agis

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