Élever son enfant dans un pays étranger : un challenge
Changer de pays, c’est découvrir de nouveaux codes de société. L’éducation d’un enfant n’y échappe pas. Sommeil, alimentation, autonomie : tout est différent. Comment s’y adapter ? Faut-il s’y adapter ? Entretien avec l’anthropologue marseillaise Clotilde O’Deyé.
Lors d’un exil, au-delà de la douleur d’avoir quitté son pays, comment accompagner son enfant à s'épanouir et à vivre en société, quand tout est différent, quand les codes ne sont pas les mêmes ? Et si chaque culture avait à apprendre de l'autre en termes de parentalité ? C’est le thème d’un livre écrit par l’anthropologue marseillaise Clotilde O’Deyé : «Accompagner la parentalité en exil » aux éditions de l’EHESP.
Elle théorise le concept de parentalité située :
On éduque ses enfants, sans le savoir, dans le but qu’ils soient adaptables à la société dans laquelle ils vivent. On va leur transmettre des compétences, on va reproduire des gestes, apporter des priorités éducatives qui sont liés en fait à notre environnement de vie.
Ces parents se retrouvent donc confrontés à d’autres façon de faire liées à leur nouvel environnement. L’exemple le plus frappant est le sommeil. En Europe, la société s’attend à ce que le couple parental redevienne vite un couple et donc que l’enfant dorme seul dans sa chambre. Il faut qu’il se couche tôt car dans une société industrialisée les parents et les enfants se lèvent tôt.
Dans d’autres cultures, le principe de fusion avec l’enfant est assumé jusqu'à 6 ou 7 ans. L'enfant ne dort pas seul. Les horaires sont moins rigides. En revanche, il aura des responsabilités plus tôt dans la vie de la communauté.
Mais alors qui doit s’adapter ? Clotilde O’Deyé conseille d’engager un dialogue : « Pourquoi on fait comme ça, et vous pourquoi vous faites ça ?» et de trouver des ajustements entre bienfaits en terme de santé et valeurs culturelles.
Ce livre s’adresse d’abord aux acteurs, qui accompagnent des parents exilés, enseignants, médecins, psychologues ou bénévoles, pour leur donner des clés de compréhension et de communication. « Cela s’adresse aussi à tous les parents parce que cela permet d’explorer autrement la parentalité avec un regard anthropologique qui est peu développé » avance Clotilde O’Deyé.
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