Cinéma - Notre sélection de la semaine : "Close" de Lukas Dhont
Jour férié oblige, certains nouveaux films de la semaine ont fait leurs sorties hier. C’est le cas du nouveau film de Lukas Dhont, "Close", son deuxième film après “Girl” sorti en 2018.
"Close", le nouveau film de Lukas Dhont
On en attendait beaucoup après son coup de maître de 2018. Son premier film “Girl”, d’emblée sélectionné à Cannes à "Un certain regard", fut une des révélations du festival et reçut la caméra d’or qui récompense une première œuvre, toutes sélections confondues. Il y abordait la question de l’identité et du poids des normes, en racontant avec beaucoup de pudeur et de sensibilité l’histoire d’une jeune danseuse classique né dans un corps de garçon.
Ici, c'est plus doux et plus triste à la fois. On pleure beaucoup. Il garde sa veine intime et personnelle, avec une histoire d’amitié fusionnelle, à l’aube de l’adolescence, entre deux jeunes garçons, Léo et Rémi, qui rentrent au collège et vont y perdre l’innocence de leur enfance.
Lukas Dhont aborde avec beaucoup de délicatesse et d’authenticité cette période charnière entre enfance et adolescence. Il prend le temps de dépeindre cet âge où l’identité est encore en construction et où le regard des autres devient si prépondérant. "Close", ça veut dire à la fois proche ou fermé. Le film est tourné du point de vue de Léo, et aux yeux des autres collégiens, sa proximité avec Rémi les enferme dans une orientation sexuelle à laquelle ils n’ont a priori jamais pensé.
Sans trop dévoiler l’histoire, un drame survient alors et fait basculer le film dans une deuxième partie lourde et marquée par la culpabilité et les non-dits, avant une toute fin plus lumineuse.
Le premier film d'Eden Dambrine et Gustav de Waele
Pour Eden Dambrine et Gustav de Waele, c'est leur première expérience devant la caméra et ils sont d’un naturel déconcertant. Avec juste un regard, un geste, une posture, ils passent de la complicité à la méfiance ou à l’incompréhension. Le cinéma de Lukas Dhont, c’est vraiment un cinéma qui passe par le mouvement des corps. Il voulait lui-même être danseur et a finalement choisi l’écriture, mais il utilise peu de mots pour dire les sentiments. Les scènes de hockey sur glace par exemple sont là comme illustration d’un sport "viril" que Léo choisit pour ressembler aux autres garçons et faire taire les rumeurs.
Le rôle des mères tenu par des actrices confirmées
Léa Drucker, elle peut tout jouer, de la comédie au drame. Émilie Dequenne joue le rôle de la mère de Rémi et elle est poignante. On la retrouve pour la deuxième fois depuis la rentrée, après "Chronique d’une liaison passagère", et elle nous étonne à chaque fois par l’émotion qu’elle dégage. Le dernier quart d’heure du film est déchirant, quand elle arrive enfin à partager son chagrin et à le surmonter. C’est bouleversant !
Une photographie au service de la douceur du film
Il y a une vraie beauté de l’image. Dès la première scène, très naturaliste, avec une lumière chaude de fin d’été, on voit Léo et Rémi s’inventer des jeux imaginaires, des châteaux à conquérir, des ennemis à abattre. Et ce sera à nouveau le décor de la scène finale. Plusieurs scènes se passent dans les champs de fleurs des parents de Léo, qui passent des couleurs vives du printemps au brun et à l’ocre de la terre, l’hiver. L’action se déroule sur une année, le passage des saisons rythme le récit et suit les états d’âme des personnages. C’est très beau et n’oubliez pas vos mouchoirs !
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- Cinéma19 octobre 2022
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