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Film "Les Leçons persanes", de Vadim Perelman

Film "Les Leçons persanes", de Vadim Perelman

Un article rédigé par Valérie de Marnhac - RCF,  -  Modifié le 17 juillet 2023

Plusieurs films sortent en ce moment sur la Seconde Guerre mondiale. Après "Adieu Monsieur Haffmann" sorti la semaine dernière, on attend la semaine prochaine le premier film de Sandrine Kiberlain comme réalisatrice, "Une jeune fille qui va bien". Et aujourd’hui "Les Leçons persanes", de Vadim Perelman.
 

Affiche du film "Les leçons persanes" Affiche du film "Les leçons persanes"

On peut se poser la question : qu’a le cinéma de nouveau à dire sur cette période de l’histoire qui a déjà inspiré beaucoup de films ? Ils nous parlent du passé mais aussi de notre présent, et sont la preuve que le sujet de la montée des extrêmes nous interroge particulièrement en ce moment. Et la Shoah c’est un thème devenu tristement universel pour aborder le mystère éternel du bien et du mal.

 

Un face à face entre un déporté et son bourreau 

Il est tiré d’une nouvelle récente de Wolfgang Kohlhaase, dont la trame narrative est originale. C’est l’histoire de Gilles, qui dans le convoi qui l’emmène vers un camp de prisonniers en Allemagne, accepte de troquer son sandwich contre un livre précieux en persan ; ce qui va lui fournir un incroyable alibi pour échapper à la mort. Pour ne pas être fusillé, il va se faire passer pour persan et être épargné par le capitaine Koch qui veut apprendre le farsi à tout prix. Un peu comme dans "La Vie est belle" de Roberto Benigni, le mensonge devient un moyen de survie.

 

Une langue inventée pour se sauver

Ce qui rend le film terriblement stressant. Il invente chaque nuit des dizaines de mots qu’il enseigne le lendemain et qu’il doit mémoriser. On tremble avec lui au moindre trou de mémoire qui l’entrainera immédiatement vers la mort. Puisqu’en face de lui, le capitaine Koch est un être abject, pervers, et d’une violence rare. Entre les deux, nait d’abord une relation trouble de pouvoir et de domination, puis leurs rapports évoluent jusqu’à la chute finale assez spectaculaire. 

 

Une reconstitution parfaite des camps

Il s’est inspiré d’albums photos de soldats SS de Birkenau et de témoignages de rescapés mais ce n’est pas le point fort du film. Même si objectivement on a rarement vu au cinéma ce quotidien presque banal d’hommes et de femmes, gardiens de camps, avec leurs lots de tensions, de rivalités et de jalousies. La mise en scène manque un peu d’ampleur face à ce sujet ambitieux, et il y a quelques raccourcis scénaristiques pas toujours crédibles. 

Mais l’essentiel n’est pas là ! Il faut aller voir ce film pour ses deux très grands acteurs : Nahuel Perez Biscayart ("120 battements par minutes", "Au Revoir là-haut") qui joue ici un Reza extraordinaire, fragile physiquement mais qui a un instinct de survie qui le transcende littéralement. Et l’autre c’est Lars Eidinger, aperçu chez Olivier Assayas dans "Sils Maria" et qui trouve ici enfin un rôle à sa mesure. 

 

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Émission La chronique Cinéma © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
La Chronique Cinéma

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