Après le Black Friday, comment changer nos modes de consommation ?
Favoriser le réemploi des objets, acheter en seconde main ou réparer au lieu de jeter, voilà des habitudes vertueuses qui paraissent peu répandues, quand 55% des Français déclarent participer au Black Friday. Cependant, le succès des ressourceries témoigne d’une réelle envie de changement de mode de consommation.
Recyclerie, ressourcerie, des tiers-lieux innovants
Les ressourceries, lieux de dépôts-ventes d’objets pour favoriser la seconde main et le réemploi des objets, fleurissent partout sur le territoire. Marion Bocahut, présidente de l’association Les Amis REcycleurs, a participé à la création de la Recyclerie. Située dans le XVIIIe arrondissement de Paris, elle propose des ateliers de réparation, une ferme urbaine et un café-cantine. Le tiers-lieu accueille plus de 300 événements éco-responsables par an, entre ateliers, rencontres et conférences. L‘objectif est de réparer au lieu de jeter, de partager au lieu d’acheter, en somme, de remettre en circuit des objets. "Il y a une surconsommation du petit électroménager. À la REcyclerie, nous les prêtons : les adhérents peuvent les emprunter pendant 48 heures comme un appareil à raclette", souligne Marion Bocahut. La mission principale consiste à promouvoir les circuits courts en accueillant les artisans locaux : "Pour Noël, nous organisons trois éco-villages pour soutenir les petits créateurs locaux. Les fêtes de fin d’année sont une bonne occasion de repenser ses modes de consommation."
Là où le Black Friday est une illustration de la surconsommation, le Green Friday promeut au contraire des alternatives peu connues, locales et plus responsables. Diane Scemama, co-fondatrice de Dream Act et de l'événement, insiste sur l’importance de sensibiliser les citoyens sur les impacts de leur consommation : "Pendant le Green Friday, nous prenons le contre-pied des promotions du Black Friday. Nos vendeurs ne proposent pas de réduction car ils fixent un prix juste. 10% de leur chiffre d'affaires est reversé à des associations contre la pollution et les déchets. Nous proposons en même temps des ateliers de réparation dans notre réseau de ressourceries en Ile-de-France".
Vinted n’est pas la panacée
L’un des grands défis pour mieux consommer : acheter moins et accepter de payer un prix juste, comme le souligne Diane Scemama : "Si 55% des Français ont déclaré vouloir participer au Black Friday, les trois quarts avaient bien conscience que ce n’est pas un moyen de faire des bonnes affaires et qu’il s’agit de fausses promotions. Cela témoigne que les gens sont de plus en plus sensibilisés. Mais ils ne sont pas des consommateurs à plein temps, il est facile de céder aux sirènes de la surconsommation et ils ont peur pour leur budget." Pourtant, il y a urgence à changer nos habitudes de consommation : "Il y a des aspects sociaux et sociétaux dont on ne parle pas assez. Par exemple, les suicides des exploitants indiens de coton qui ont du mal à se rémunérer." Et il n’y a pas besoin d’aller jusqu'au bout de la planète pour trouver des failles : "Jamais il n'y a eu autant de faillites des petites marques responsables et locales. Parmi nos partenaires, on n'a jamais vu autant de défauts." De quoi motiver les citoyens à soutenir les petits artisans pour Noël.
Vinted, une application mobile qui propose la revente de vêtements et accessoires de seconde main, ne représente pas une alternative si vertueuse. La militante nous met en garde : "Négocier un pantalon deux euros nous déshabitue de ce qu’est un prix juste. Il y a des êtres humains qui travaillent de la gaine de coton à la filature du tissu. De plus, Vinted ne change pas notre modèle de société : vouloir un objet et l’acheter sans se préoccuper de nos besoins réels n'est pas très sain. Enfin, les livraisons de colis ne sont pas neutres en carbone." En moyenne, nous possédons dans nos armoires 115 euros de vêtements non portés.
La seconde main, une filière à développer
Même de simples citoyens peuvent créer sans difficulté des lieux de recyclage des objets. Richard, un auditeur de l'émission, a été le cadre technique de deux ressourceries :"J’avais remarqué un groupe Facebook dans une petite ville où des gens donnaient des objets qu’ils ne voulaient plus. Je me suis associé avec eux pour créer une ressourcerie dans un ancien hall de fret inutilisé." Aujourd’hui, les initiatives éco-responsables ne sont pas l’apanage des métropoles. "Avant, pour trouver des objets pas cher, on pouvait se rendre uniquement à Emmaüs dans les grandes villes. Maintenant, on trouve de plus en plus de lieux de dons et de revente dans les campagnes, cela fonctionne même mieux là-bas car il y a plus d’espaces disponibles pour cela."
Les ressourceries, même dans les campagnes, permettent de conserver le patrimoine et créer des emplois. Diane Scemama l’affirme : "Les ressourceries ont un aspect local durable. Il est extrêmement simple d’en monter une. Cela crée des emplois dans les espaces ruraux, permet de recréer du lien sur les territoires et c’est également un moyen pour les communes de réhabiliter le patrimoine." Marion Bocahut ajoute que les filières de production raisonnées peuvent créer des emplois locaux et bien rémunérés : "Aujourd’hui, 70% des vêtements viennent d’Asie. Consommer des produits locaux et de qualité, qui durent dans le temps, permettra de développer l’économie de la seconde main en France." Mais il y a encore du travail : 30% des Français déclaraient vouloir participer à la fois au Black Friday et au Green Friday. Pour Diane Scemama, cette ambivalence étonnante témoigne néanmoins d'une prise de conscience qui progresse en faveur d’une consommation plus responsable.
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